(Photo : Martin Bruyère)
Nathalie Bélanger (Lillipop) et Jacques Comtois (Jake Matthews) font leur entrée vers l’arène.

Sport-spectacle : Jacques Comtois accroche ses bottes après 34 ans

Par Luc Robert

Le Jérômien Jacques Comtois, alias « Paranoïd Jake Matthews », a disputé le 23 juin dernier le dernier match de lutte de sa carrière, en disposant de Big Daddy D Roy au Centre Slush Puppie de Gatineau.

L’artiste de la pelle ronde aura fait justice à la grandeur de son personnage de psycopathe jusqu’à la fin.

« J’ai savouré l’atmosphère dans l’aréna. Ça ressemblait à un mini Centre Bell et l’ambiance m’a transportée. Une deuxième pelle ronde était cachée sous l’arène et ma gérante Lollipop l’a sortie pour la victoire. Ça a été une belle performance avec Big Dady et l’intensité était au rendez-vous », a souligné l’athlète de maintenant 52 ans.

Belle carrière à travers le Québec 

Avant son dernier tour de piste en Outaouais, Comtois s’est remémoré les incessants périples effectués au Québec et en Ontario, pour pratiquer son sport de prédilection.

« Je suis fier de mon parcours. Je voulais arrêter à 50 ans, mais la pandémie me laissait un goût amer, je voulais terminer ma carrière sur une bonne note. J’ai lutté devant des grandes foules, que ce soit au Centre Bell, ou encore au quartier des spectacles de Montréal, devant plus de 8 000 personnes, dans le cadre du festival Juste pour rire. J’ai bouclé la boucle avec ma prestation en Outaouais », a-t-il fait remarqué.

L’ancien amateur des Road Warriors a aussi connu l’usure du corps, comme ses idoles de jeunesse.

« Les coups reçus et les blessures ont fini par me rattraper. L’arthrose aux hanches, les entorses lombaires et les maux de dos récurrents sont terribles à endurer. Mais quand je passais le rideau et me dirigeais vers l’arène, je retrouvais vite mes moyens dans le feu de l’action : j’y mettais toute la gomme en embarquant dans mon personnage. J’étais bien rémunéré, mais je continuais juste par passion », a souligné l’employé de GLS Canada (ex-Dicom), une entreprise de livraison de colis.

Soutien de sa gérante

Au tournant des années 1999-2000, Jacques Comtois a songé une première fois à quitter le monde de la lutte. Sa conjointe Nathalie Bélanger, aussi de Saint-Jérôme, a alors décidé d’incarner le personnage de la gérante Lillipop, ce qui a aidé à lui faire retrouver le feu sacré.

« Je commençais à être tanné de lutter à toutes les fins de semaines, sans jamais prendre des vacances. Derrière tout homme, il y a une grande dame. Elle a embarqué dans le show et a aimé ça. Cela m’a donné un autre élan de 23 ans dans le milieu », a-t-il évoqué.

Celle qui s’occupe des élèves à besoins spéciaux à la CSSRDN dans la vie de tous les jours a apprivoisé son nouveau rôle.

« Mon premier match m’a marqué, tellement j’étais stressée. Je suis devenue ensuite plus à l’aise avec mon personnage, quand j’ai constaté que la foule embarquait. Qu’on le veuille ou non, c’est moins spectaculaire qu’aux États-Unis, où les bourses sont différentes. Mais ici, c’est toujours agréable quand tu vas par exemple aux cascades d’eau et que des gens te reconnaissent », s’est-elle souvenue.

De Mister rock’n roll à Flesh, jusqu’à son personnage de Jake Matthews, son conjoint Jacques Comtois aura marqué son époque.

« Quand je suis devenu Paranoïd, en criant à tue-tête et arrivant avec mon instrument (pelle ronde), ça a donné une belle entrée dans le monde des vilains. Je terminais encore mes combats avec ma prise préférée, le cross-face chicken wing, à la Bob Backlund, mais mon rôle de heel (méchant) me permettait plus de latitude pour d’autres mouvements hards (salauds), afin de terminer les affrontements. »

Un monde qui change

Celui qui a été parmi les derniers lutteurs développés par feu-Édouard Carpentier, en compagnie de Pierre-Carl Ouellette, adorait aussi combattre par équipe. Individuellement, il a connu une série de duels mémorables face à Robert Rancourt, alias Sunny War Cloud.

« Que je me batte en finale seul ou en équipe, je donnais le maximum, que ce soit à Thetford Mines, à Québec ou à Sainte-Thérèse. Je voulais divertir les gens. Ça a tellement changé depuis les années 1980, où tu envoyais des contrats signés par fax. Aujourd’hui, grâce à internet, les jeunes de la relève peuvent se faire valoir partout en vidéo. Des Québécois comme Keven (Owens) Steen et Samy Zayn (Rami Sebei) en ont profité pour percer. Il y a des très bons lutteurs chez nous », a estimé le natif de Montréal.

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