Poussée du Canadien: Benoît Gratton revit la chair de poule des grandes conquêtes du passé
Par Luc Robert
Membre de l’organisation de la Sainte Flanelle de 2001 à 2004, le Jérômien Benoît Gratton ressasse les sentiments de fierté et d’appartenance au Canadien, en les voyants en grande finale de la Coupe Stanley pour la première fois depuis 1993.
« Maintenant que nous sommes en zone verte, les moins de 35 ans vont comprendre ce que sont les grands regroupements pour suivre le CH en finale. En 1986, j’avais manqué l’école pour aller à la parade de la Coupe Stanley avec mon père sur (la rue) Sherbrooke. En 1993, toute mon équipe midget AAA des Régents L-L-L était allée célébrer le triomphe sur Sainte-Catherine. C’était quelque chose de porter le chandail des Capitals de Washington à mon arrivée dans la LNH, mais d’endosser le maillot bleu-blanc-rouge du Canadien une première fois en 2001, c’était autre chose: la magie, la chance, le privilège de le porter. Comme Québécois, tu ne pouvais faire autrement qu’avoir la chair de poule », a témoigné l’exnuméro 46.
Victime de diverses blessures, l’athlète de 5’10’’ et de 194 livres n’a jamais pu se faire justice avec le tricolore (12 parties), bien qu’il ait été capitaine de la filiale des Bulldogs d’Hamilton, la principale filiale du club à l’époque.
« J’ai été blessé plus souvent qu’à mon tour. Le dernier coéquipier encore actif que j’ai eu avec le Canadien, c’est Andrei Markov, qui a quitté en 2017. Je souhaite de tout coeur que le Canadien remporte enfin cette 25e Coupe Stanley. Il y a tellement d’impondérables qui ont tourné en faveur du CH. Les étoiles semblent alignées pour Montréal, mais on est si proche et si loin de la coupe à la fois. À bientôt 32 clubs dans la LNH, c’est très difficile de gagner. Quand tu atteins la grande finale, ne manque pas ton coup. Les chances d’y retourner sont rares et lointaines. »
La recette
Benoît Gratton se dit par ailleurs surpris que le modèle d’une autre époque refasse surface en séries. « Un temps, c’était la rapidité qui gagnait des Coupes Stanley. Ensuite, la jeunesse et l’offensive ont prédominé. Là, on a un mélange de gros joueurs, de rapidité, de vieux joueurs, de petits et de fougue. Ça fait 10 ans que je n’ai pas vu cette recette du passé, à partir du gardien dominant en allant vers l’avant, mais elle semble encore fonctionner. »
Innocence et naïveté
L’ancien joueur de centre apprécie l’enthousiasme qu’apportent les jeunes au moule.
« Suzuki et Caufield sont tellement rafraîchissants. Leur plaisir et leur naïveté à marquer fait du bien. Ils ne pensent pas à la pression de produire à chaque année : ils ont du fun et vivent le moment présent. C’est un rêve pour eux et ils embarquent sur la vague, sans être conscient que ça retombe vite à Montréal les années suivantes (rires). À Las Vegas, ce n’est pas la fin du monde d’être éliminé. Ici, le peuple québécois a souffert depuis 28 ans de ne pas être parmi les meilleurs clubs. »