Mon initiation au fatbike
Par Simon Cordeau
Le fatbike, ou vélo à pneus surdimensionnés, connait une popularité fulgurante depuis une dizaine d’années. Tout un réseau de sentiers s’est développé dans la région pour pratiquer ce jeune sport. En plus de rouler sur la neige durcie et de vous faire découvrir de nouveaux paysages, le fatbike est aussi complémentaire au ski de fond ou hors-piste, permettant de jouer dehors peu importe les conditions.
J’ai donc voulu tester moi-même cette nouvelle façon de profiter de l’hiver et de bouger dans le froid. Dominique Hamel et Daniel Bergeron de Plein air Sainte-Adèle (PASA) ont accepté de m’initier. Malgré un bon exercice de cardio, des jambes fatiguées et le contraste entre avoir chaud au corps tout en ayant froid aux extrémités, les défis techniques du sport étaient moins grands qu’anticipés. Et j’ai déjà hâte de recommencer.
L’équipement
Dominique et Daniel m’ont donné rendez-vous chez Espresso Sports, à la gare de Mont-Rolland, où je pourrai louer une monture. C’est un bel avant-midi de janvier, malgré un ciel gris. Il ne fait pas trop froid et il tombe une petite neige. Ça tombe bien : Dominique m’a recommandé de m’habiller léger, et toujours avec des couches. « On va avoir chaud ! »
Mon fatbike est semblable à un vélo de montagne. Il a une selle télescopique, qu’on peut monter ou descendre grâce à un petit bouton. C’est pour l’enlever du chemin et être plus flexible et en contrôle dans les pentes et les détours rapides.
Cependant, le fatbike est plus lourd. Ses pneus surdimensionnés permettent une meilleure adhérence sur la neige et la glace. D’ailleurs, mes deux professeurs vérifient si mes pneus n’ont pas trop de pression. Celle-ci peut être ajustée selon la condition des sentiers, pour éviter de déraper, m’expliquent-ils.
Une fois que tout est ajusté, on est prêts à partir.
L’initiation
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On part sur le Parc linéaire du P’tit Train du Nord en direction sud. Dominique et Daniel m’amènent dans les sentiers de la Rolland, dans les champs derrière l’ancienne papeterie. PASA a commencé à développer ces sentiers il y a 3 ans, m’indique Daniel, justement pour ceux qui veulent s’initier au fatbike comme moi.
Les paysages sont magnifiques. On passe des collines enneigées, dans de grands espaces ouverts, à des sentiers qui serpentent entre les arbres chargés de neige. C’est un lieu unique, très différent des sentiers que je fréquente en raquette. Il faut dire que la vitesse du vélo permet aussi de parcourir plus de distance en moins de temps.
Il y a des pentes et des montées, mais elles ne sont pas trop abruptes, et les virages, pas trop serrés. C’est plus facile que le vélo de montagne, je crois La piste est plus lisse : il n’y a pas de branches, de souches ou de roches qui dépassent de la neige. Et si je tombe (ce qui arrive quelques fois), la neige me coussine.
Je dois dire : mis à part mes doigts et mes orteils gelés, j’ai beaucoup de plaisir à rouler sur la neige dans ces paysages blancs. Mes jambes travaillent et je souffle un peu, mais pas trop. Juste assez pour sentir que je fais du sport.
La condition des sentiers
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Les conditions sont idéales pour le fatbike quand la neige est dure et compacte, voire glacée. S’il est tombé une légère neige, comme lors de mon initiation, les conditions sont quand même très belles. Mais les pneus doivent être plus mous, pour créer plus d’adhérence dans la neige folle. Les pneus de Dominique et Daniel sont même cloutés, pour assurer qu’ils mordent dans la neige et la glace.
Toutefois, après une tempête de neige, il vaut mieux faire du ski. Il faut attendre plusieurs jours et damer la neige plusieurs fois avant qu’elle ne soit assez dure et compacte pour le fatbike. Mais cela fait en sorte que le fatbike et le ski sont complémentaires, m’indiquent les deux passionnés de plein air. Peu importe le temps qu’il fait et l’état de la neige, il y a un sport pour jouer dehors. De plus, ça permet de ne pas toujours faire la même chose et d’explorer de nouveaux endroits, ajoutent-ils.
À la fin de l’hiver, quand la neige commence à fondre, on peut même faire des « randonnées Cendrillon ». On part tôt le matin, quand la neige est encore gelée et dure, et on est de retour pour midi, avant que la neige ne ramollisse trop et ne défonce.
L’aventure
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Après les sentiers de la Rolland, mes professeurs insistent pour continuer un peu, en faisant un détour par la Chasseur. PASA entretient autour de 50 km de sentiers de fatbike à Sainte-Adèle, pour tous les niveaux. Ainsi, la Chasseur représente déjà un plus grand défi pour le débutant que je suis.
Dans la forêt, les descentes sont plus à pic. Je dois avouer que certains passages m’ont demandé plus de courage. J’ai senti l’adrénaline monter, en haut de la première pente avec le petit pont étroit en bas. Mais en freinant doucement (jamais brusquement !), en contrôlant ma vitesse et en regardant droit devant, tout se passe bien. Et l’adrénaline, c’est addictif !
Les descentes servent d’élan pour les montées, tout aussi abruptes. Comme pour le vélo de montagne, le fatbike est muni de très basses vitesses pour grimper les côtes doucement. Mais c’est parfois difficile de se coordonner, surtout lorsqu’il faut négocier un virage en montant.
Contrairement à la randonnée, où l’effort est minime mais constant, ici, il faut un gros effort, sans interruption, pour monter, suivi d’une courte pause lors de la descente. Ça travaille différemment mon cardio qui, selon mes accompagnateurs, mériterait d’être un peu amélioré. Mais après un moment, ce sont les jambes qui ne suivent plus !
Le retour
En revenant sur le P’tit Train du Nord, même le faux plat qui monte est devenu très exigeant sur mes jambes. Je suis vidé de mon énergie et, j’avoue, j’ai très mal aux fesses. Cependant, je suis bien heureux de m’être dépensé et dépassé. Il y a certains pentes dont je ne croyais pas atteindre le sommet sans m’arrêter. Mais Daniel me rappelle qu’en vélo, c’est toujours correct de s’arrêter et de marche à la place. L’important, toujours, c’est de rester dans le plaisir.
En tout, on a fait 8,4 km et 125 m de dénivelé en environ 2 heures. On s’arrête au petit café de la gare pour se réchauffer avec une soupe. Et je pense déjà à ma prochaine sortie de fatbike.