(Photo : Lieke Bos)
Pierre Mainville participera à ses quatrièmes Jeux paralympiques.

Les escrimeurs canadiens feront cavaliers seuls à Tokyo

Par Charlier Mercier

Prévoyant marquer l’histoire paralympique canadienne au tournoi par équipes de Tokyo, les escrimeurs en fauteuil roulant Matthieu Hébert et Pierre Mainville sont tombés des nues en apprenant qu’ils ne participeront qu’aux épreuves individuelles au Japon.

Après plusieurs contorsions de l’IWASF (International Wheelchair and Amputee Sports Federation) et du Comité international paralympique (CIP), deux compétitions datant de 2018 ont été ajoutées aux critères de qualifications. Du jour au lendemain, le Canada n’était plus considéré pour être des pays sélectionnés par équipe.

La Fédération canadienne d’escrime a contesté ce classement final et a eu gain de cause, mais… à la dernière minute. C’était alors peine perdue, la sélection nationale étant complétée depuis longtemps pour les Jeux paralympiques. « Le règlement de qualification n’était pas très clair. (…) On n’accuse personne de tricher, mais c’est facile de se donner une liberté d’interprétation sur les règlements qui offrent des portes de sortie », a expliqué le directeur haute-performance d’Escrime Canada, M. Benjamin Manano.

Le Canada enverra tout de même quatre athlètes dans cette discipline à Tokyo, soit la plus importante délégation de son histoire, du mardi 24 août au dimanche 5 septembre, pour participer individuellement. En plus d’Hébert (sabre et fleuret A), Mainville (épée et sabre B) et Ryan Roussell (sabre et épée A), Ruth Sylvie Morel représentera le Canada au sabre et au fleuret féminin dans la catégorie A.

Pas impressionné

Le Colombanois Pierre Mainville n’est pas passé par quatre chemins pour partager le fond de sa pensée. « L’IWAS est une organisation de broche à foin. Je trouve ça dégueulasse. C’est une insulte : on a ri de nous. J’aurais choisi une meilleure fin de carrière. Ça ne fait pas sérieux : au lieu de faire la promotion du sport, ça me laisse un goût amer dans la bouche et ça me donne envie de dire aux plus jeunes d’aller pratiquer n’importe quel autre sport mieux régi », a-t-il tonné.

Braver les blessures

Qualifié pour ses quatrièmes Jeux paralympiques, malgré des douleurs à un coude et à un poignet, Mainville entend aider ses coéquipiers à se qualifier. « Contrairement aux Européens, on a presque pas eu de compétitions depuis 18 mois. De plus, on dirait que ça fait 5 ans que mon corps est en prolongation. Je serai dans ma bulle et je vais tout donner, mais ça sera difficile de performer. Ça va bien à date. En espérant que mes vieilles blessures ne referont pas surface. Ça devrait aller », a assuré l’athlète qui vient de souffler 48 bougies, le 9 juillet.

Un inconfort

Pierre Mainville n’a jamais été inquiété pour sa qualification, lui qui avait cumulé assez de points avant la pandémie. Cette dernière l’a toutefois fait réfléchir sur la nécessité de sa présence au Japon.

« J’étais démoralisé par rapport au virus. C’est risqué de compétitionner avec tous les aspects négatifs. Il ne semble pas y avoir trop de propagations au Village olympique et je serai finalement sur un vol pour Tokyo, le 17 août », a précisé le réticent Québécois. Mainville s’est entraîné à Montréal à l’Institut national des sports du Québec (INSQ).

« Je dois une fière chandelle à mon entraîneur jérômien, Ildemaro Sanchez. J’ai mis tous mes oeufs dans le même panier à Montréal. J’ai hâte d’être aux Jeux, mais ne pas avoir le droit d’aller à la cérémonie d’ouverture me fâche. Je veux bien croire que les cotes d’écoute sont moindres qu’aux Jeux olympiques, mais rester cloîtrer dans ma chambre entre les entraînements, c’est poche. Aucun social : ce sera chacun pour soi », a achevé celui qui est doublement vacciné.

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