La course à pied, le piano des sports

Par Ève Ménard

-Chronique Marathon P’tit Train du Nord-

En 2008, Réjean Bourgouin et Isabelle Auger participent à la fondation de leur seconde famille, le club Les Godasses du Nord, situé à Saint-Jérôme. À l’époque, Denis Ratelle et Annie Deschênes agissent respectivement en tant que président-fondateur et vice-présidente.

À présent, Réjean et Isabelle oeuvrent comme entraîneur-chef et comme assistante-entraineur auprès de 100 à 300 coureurs, selon les années. Le couple me reçoit chaleureusement chez lui pour discuter de leur parcours respectif et commun, ainsi que des perspectives qui les habitent. Je découvre au fil de notre discussion, non seulement deux passionnés de la course, mais aussi deux amoureux de la vie qui trouvent leur bonheur dans l’épanouissement des autres.

Réjean Bourgouin et Isalbelle Auger, fondateurs des Godasses du Nord.

Du badminton au marathon

Avant d’être un coureur, Réjean est avant tout un joueur d’élite au badminton. C’est par l’entremise de ce sport qu’il débute la course dès l’âge de 12 ans, dans le but d’améliorer ses performances. Comme le dit si bien sa conjointe, « la course est le piano des sports ». En d’autres mots, l’endurance est de mise dans la majorité des activités sportives, quelle que soit leur nature.

C’est toutefois dans la vingtaine que Réjean se consacre plus sérieusement à la course à pied. Il aime particulièrement les parcours rapides de 5 ou 10 km. Vient ensuite le triathlon qu’il pratiquera pendant une quinzaine d’années. Dans les années 90, il sera même champion québécois et canadien dans son groupe d’âge. Enfin, le coureur prend part à son premier marathon vers l’âge de 50 ans. Il les enchaine par la suite pour en compléter une trentaine en l’espace de quelques années seulement.

La course comme thérapie

Pour Isabelle, l’activité physique passe d’abord par les sports d’équipe : elle pratique le soccer pendant 10 ans et le basketball pendant 6 ans. La course à pied arrivera plus tard, quelque temps après sa rencontre avec Réjean, en 2001. La course se veut avant tout thérapeutique pour Isabelle qui, à l’époque, est endeuillée par le décès de son mari, survenu un an et demi plus tôt. Tranquillement, elle prend aussi plaisir à courir. Puis, elle débute les compétitions et prend goût au succès. Le marathon demeure toutefois un extrême qui ne l’attire pas.

En 2007, un évènement hors de son contrôle viendra changer sa perspective : Isabelle souffre alors d’un cancer de l’oeil. « Par une chance inouïe de la vie, j’ai été guérie, mais j’ai perdu un oeil », précise-telle. La décision est prise : elle souhaite compléter un marathon, ce qu’elle fera avec brio en 2008 à Philadelphie. Une douzaine d’autres suivront par la suite.

Courir pour les bonnes raisons

Bien que distincts, les parcours de Réjean et d’Isabelle se rejoignent à certains endroits. Notamment, tous les deux sont tombés tour à tour dans ce qu’ils appellent « le piège de la performance ». Leur expérience personnelle a grandement influencé la philosophie de course qu’ils prônent à présent, en tant qu’entraineurs. Ils m’expliquent.

La course à pied a plusieurs bienfaits. Mais comme tout, ça se gâte lorsqu’on tombe dans les excès. À titre d’exemple, Réjean a déjà couru quatre marathons en l’espace de quatre mois seulement. Il reconnait avec le recul que c’était excessif.

Il faut aussi éviter que l’évènement prenne le dessus sur ce qui devrait avant tout motiver un coureur : la santé et le bien-être. « Le marathon, c’est quelque chose de très glamour », souligne Réjean. Le couple a d’ailleurs été témoin de plusieurs coureurs qui une fois avoir complété un marathon et atteint leur objectif, ont cessé de courir. Les deux entraineurs préfèrent de loin voir quelqu’un qui court depuis une vingtaine d’années qu’un autre qui réalise un exploit et arrête par la suite. C’est pourquoi la philosophie derrière les Godasses du Nord est centrale : « Notre but, c’est que la course à pied favorise la santé et devienne un mode de vie », affirme Réjean.

Philosophie progressive

Ainsi, contrairement à bien d’autres clubs, celui des Godasses du Nord divise ses coureurs en cinq groupes dont les calibres diffèrent. On peut donc se retrouver d’un côté avec une jeune femme qui a pour objectif de compléter le marathon de Boston, et de l’autre, un homme retraité qui rêve de débuter la course à pied. Et tout ce qui se trouve entre les deux. Réjean et Isabelle prônent un entrainement adapté à tous et chacun. Et surtout, ils respectent le rythme de progression.

Au fil des années, les Godasses du Nord sont devenues une immense fierté pour le couple installé à Saint-Jérôme. Aujourd’hui, il s’agit d’un des plus gros clubs de course à pied au Québec.

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