Pierre Lazard a été champion du monde aux 100 mètres et 200 mètres. Il s’entraine maintenant pour un demi-marathon. (Photo : Courtoisie)

Il court pour remercier son donneur

Par Marie-Catherine Goudreau

À l’âge de 15 ans, Pierre Lazard a reçu une greffe de cœur. Cette opération majeure ne l’a pas empêché de courir toute sa vie. Au mois d’octobre, il réalisera pour la première fois un demi-marathon, un défi qu’il n’aurait jamais pensé réaliser.

« Quand j’étais enfant, j’avais déjà des aptitudes pour la course de vitesse », souligne M. Lazard, en entrevue avec le Journal. Il a été le premier enfant au Canada à recevoir une transplantation cardiaque à l’Hôpital Sainte-Justine dans les années 1980. Malgré cette opération et la médication, M. Lazard a poursuivi la course, sa passion. Il faisait principalement des sprints, comme son état ne lui permettait pas de faire des courses d’endurance.

Du sprint au demi-marathon

Rendu à l’université, M. Lazard a appris qu’il existait des Jeux mondiaux pour les personnes qui ont eu une transplantation d’organe. Il y a participé à plusieurs reprises, ainsi qu’à d’autres compétitions de niveau international. Il a d’ailleurs été plusieurs fois champion du monde aux 100 mètres et 200 mètres.

Depuis quelques années, M. Lazard a remarqué que les donneurs et leurs familles étaient délaissés. « Je pense qu’ils ne sont pas assez reconnus et valorisés. J’avais envie de faire quelque chose », raconte-il. C’est pour cette raison qu’il a décidé de courir des plus longues distances.

Quand la COVID-19 a frappé et que tous les centres de sports ont dû fermer, M. Lazard a commencé à s’entrainer à l’extérieur. « Je ne voulais pas prendre de risques de contamination, en raison de ma condition », dit-il. Il s’est donc équipé pour courir l’hiver, beau temps, mauvais temps. « Je me suis donné comme défi de courir un demi-marathon. »

La course, un moment de reconnaissance

En plus de le garder actif et en santé, la course est pour Pierre Lazard un moment de pleine conscience. « Je relève ce défi parce que ce n’est pas facile, ce n’est pas naturel pour moi. Je pense beaucoup à mon donneur quand je cours et je reconnais la chance que j’ai eue. »

« Quand tout va très bien, qu’on travaille à temps plein, on oublie cette chance. Alors quand je m’entraîne, c’est un moment d’arrêt avec moi-même. J’aime bien affronter ma douleur, mon corps, me battre avec ma tête, et avoir un état de conscience. Je le fais pour la reconnaissance, pour cette personne qui a perdu la vie », souligne M. Lazard.

Lorsqu’il a reçu sa transplantation, M. Lazard s’est engagé à prendre soin de son cœur toute sa vie, raconte-il. Il est d’ailleurs toujours en contact avec l’équipe de l’hôpital qui a fait l’opération.

Des défis constants

Pour courir de longues distances, il lui a fallu un moment d’adaptation. Après avoir reçu une transplantation, les gens subissent une grande perte de VO2max. Ils consomment donc moins d’oxygène par unité de temps lors d’un exercice.

D’ailleurs, l’entraînement n’a pas été de tout repos dans les deux dernières années pour M. Lazard. Des blessures et des problèmes de santé ont ralenti sa progression, alors qu’il souhaitait faire le demi-marathon l’année dernière.

Pour le coureur, le demi-marathon qu’il réalisera au mois d’octobre porte plusieurs significations. Mais il le fait surtout pour remercier son donneur, ainsi que tous les donneurs et leur famille. « Ça ne sera pas facile, mais je suis déterminé à le faire », conclut-il.

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