Gilles Thibaudeau a toujours cru en sa bonne étoile de hockeyeur
Par Luc Robert
Revenu habité à Saint-Jérôme après avoir traîné son baluchon partout dans les circuits professionnels d’Amérique du Nord et d’Europe, l’ancienne vedette des Rapidos de Saint-Antoine, Gilles Thibaudeau, a vécu des moments exaltants à une époque où les petits joueurs se faisaient rares dans la LNH.
Le natif de Lorraine a joué une première saison pour les Canadiens de Sherbrooke, lors de la conquête de la Coupe Calder de 1984-85, sans toutefois revêtir l’uniforme en séries de la Ligue américaine. Il a remporté le trophée commémoratif Garry F. Longman, remis à la recrue de l’année dans la Ligue internationale, avec les Generals de Flint (52b, 45a, 97 pts en 71 pj) la même année. Il a aussi connu une saison de rêve de 96 points (39b, 57a) à Sherbrooke en 1987-88. Il a toutefois raté la finale de la Coupe Calder 1988, face à Rochester, en raison d’une blessure à l’épaule.
« En Estrie, lors de la conquête de la Coupe Calder, Pierre Creamer m’avait gardé autour de l’équipe pour prendre de l’expérience. En étant dans l’entourage, j’ai eu droit à ma bague de champion. J’ai été un régulier la saison suivante à Sherbrooke, pendant qu’à Montréal, ils remportaient une Coupe Stanley. Jean Perron m’aimait et j’ai joué deux ans à Montréal. Puis, Pat Burns s’est amené et il préférait les plombiers. J’ai commencé à changer d’adresses dans la LNH », s’est remémoré le marqueur naturel.
Après un bref séjour avec les Islanders à New York, le gaucher s’est retrouvé à Toronto.
« J’ai connu mes meilleurs moments en compagnie de Vincent Damphousse et de Daniel Marois. Mais une blessure au genou est venue tout bousiller. J’ai joué sous Doug Carpenter et Tom Watts avec les Leafs, puis ce fut l’exil européen. »
Dès 1991, il a donc mis le cap vers la Suisse, pour une fructueuse épopée de 9 années.
« Ce n’était pas évident de me faire à l’idée que ma carrière dans la LNH s’arrêtait à
28 ans. Mais j’ai trouvé un deuxième souffle à Lugano, Davos, Rapperswil-Jona et à Sierre. J’ai même pu endosser l’unifolié à la Coupe Spengler. Mon gars Nicolas a pu étudier en allemand. Mais moi, à 36 ans, j’avais mal partout et avec deux enfants, ma femme Chantal et moi sommes revenus au Québec », où il évolue une dernière campagne avec les Chiefs de Laval, dans le semi-pro, en 2000-2001.
L’épopée antonienne
Au début de sa vie adulte, Thibaudeau a effectué un passage remarqué de deux saisons dans le junior B. Avant de sauter directement de ce calibre aux Ligues internationales et américaines, il a remporté le Championnat provincial jr B avec les Rapidos de Saint-Antoine.
« On avait gagné notre petite Coupe Stanley à Mont-Joli, dans le Bas-Saint-Laurent. On avait récupéré plusieurs joueurs collégiaux AAA et de la LHJMQ. On jouait pour le fun, mais on possédait une redoutable équipe. J’arrivais du juvénile CC à Lorraine. J’ai donc sauté deux grandes étapes dans ma vie, le midget AAA et le junior majeur, avant d’atteindre les pros. J’ai eu de la veine. »
Avec les Rapidos du pilote Claude Charrette, il a notamment remporté une partie internationale contre la France, 9-7, à l’aréna Melançon, une formation dirigée par le Jérômien Serge Laprade.
« On s’entendait bien dans ce vestiaire. Marc Bohémier avait du chien; on avait de la vitesse avec les (Bob) Saint-Louis (Richard) Vermette, (Martin) Beauchamp et autres. Et quand un taupin voulait me faire un mauvais parti (i.e. Johnny Rossi d’Ahuntsic), on avait le robuste Benoît Aubin (père de Brent) pour calmer les ardeurs. Avec les Alain Bélanger, Stéphane Groulx, ainsi que les gardiens Sylvain Beauregard, Benoît Themens et Benoît Miraud, on remplissait le Centre sportif Saint-Antoine les vendredis soirs. »
Thibaudeau partage aujourd’hui son temps, à 58 ans, entre sa maison jérômienne et son chalet de Saint-Adolphe-d’Howard.