(Photo : Isabelle Boyer)
Le vénérable Fernand Lapierre s’est fait un grand plaisir de me dédicacer son album rétro du parc Jarry, en compagnie mon fils Jonathan Robert.

Fernand Lapierre enflamme l’ambiance du parc Gaffney-Kennedy

Par Luc Robert

Le virtuose du clavier Fernand Lapierre, reconnu pour avoir animé l’atmosphère du parc Jarry et du Stade olympique de Montréal durant 20 ans, est sorti de sa retraite cet été pour venir égayer les parties de balles des Cardinaux des Laurentides.

Il s’agit d’un coup de maître du copropriétaire de la franchise de la LBMQ, Christian-Marc Gendron, qui a convaincu la légende des Expos de ressortir ses claviers.

« L’an dernier, j’étais allé voir le spectacle Pianoman 2 de Christian. On s’est parlé dans les coulisses après le spectacle et il me jasait de son implication avec les Cardinaux. Il m’a demandé si j’avais le goût de reprendre le collier. J’ai répondu oui, mais sans m’engager à long terme. Après un seul match à l’animation musicale, les gens se massaient autour de l’abri où je joue pour me témoigner leur affection. J’en ai braillé pendant trois jours : quand des fils et des petits-fils d’amateurs de balle viennent me dire que j’ai marqué leur enfance ou celle de leur parents, ça me touche énormément », a souligné celui était en devoir lorsque les Expos attiraient 2,5 millions de partisans par saison au début des années 1980.

« À 84 ans, je suis encore fou comme un balai ! » – Fernand Lapierre

Une carrière impressionnante

Son association avec les Expos aura duré de 1969 à 1989, soit tout au long du règne du propriétaire Charles Bronfman, qui a finalement vendu le club en 1990.

« Aux camps d’entraînements à West Palm Beach ou à Daytona Beach, j’animais les avant-matchs à la terrasse O’Keefe. Les gens fraternisaient et ça me faisait plaisir de partager mon répertoire musical. »

Au sommet de sa popularité au parc Jarry, M. Lapierre a publié un microsillon 33 tours, avec des airs d’ambiance de stades, accompagné par la voix du Canadien et des Expos, l’illustre Claude Mouton, un grand disparu.

« Lucien Hétu faisait de l’argent avec ses albums de Noël disponibles au Miracle Mart (rires). Je me suis dit pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ? Faire connaître les Expos en même temps que mes talents à l’orgue. Trans-Canada Musique a eu l’idée de produire notre vinyle. Ça a été la rampe de lancement de ma carrière de 18 albums. Sur le microsillon Fernand Lapierre à l’orgue au parc Jarry, je jouais Les Parapluies de Cherbourg, ou Just Walkin’ in the Rain : quoi de mieux pour un délai de pluie ? La Bolduc, et évidemment la Polka des Expos (les Expos sont là, de Marc Gélinas), ont connu du succès », a relaté celui qui avait développé une complicité au quart de tour avec le « gigueur » des estrades du parc Jarry, Claude Desjardins.

L’ère moderne

Fernand Lapierre interprétait un thème musical de circonstance pour les frappeurs présentés au bâton.

« Ça a tellement changé de nos jours. L’orgue a fait place aux claviers électroniques, aux séquences programmées. Chaque joueur possède aujourd’hui sa pièce musicale ou sa chanson de présentation pré-enregistrée. C’était moins rapide dans le temps entre chaque frappeur. On pouvait improviser quelques notes pour une fausse balle ou autre événement comique. D’ailleurs, je lève mon chapeau à Mme Diane Bibeau, organiste actuelle des Canadiens, qui a su s’adapter à tout ça. Chez les pros, tu n’as presque plus le temps de jouer ton morceau. »

Avec l’aide de son fils François, Fernand Lapierre a conquis l’internet, il y a une quinzaine d’années, en reprenant ses plus grands thèmes musicaux sportifs, au grand bonheur des nostalgiques de Nos Amours, disparus en 2004.

« Facebook et Youtube ont perpétué des tubes. Les témoignages ont afflué de partout. Ça éveille encore beaucoup de souvenirs émotifs : au parc Jarry, c’était le party familial dans les estrades. Au Stade olympique, la sécurité était plus serrée; mais remplie, il pouvait s’y trouver une belle atmosphère. J’y ai vécu des moments touchants et uniques aux deux endroits », a révélé le résident de Pointe-Calumet depuis maintenant 15 ans.

« J’ai été chanceux dans ma carrière. J’ai récemment perdu 85 livres et je suis heureux aux Cardinaux : ça me tient près des gens. »

Événement triste

De son propre aveu, Fernand Lapierre n’a par ailleurs pas noué des grandes amitiés avec plusieurs porte-couleurs des Expos, sauf lors des Caravanes hivernales.

« En saison, le voltigeur étoile des Pirates Roberto Clemente, est monté une fois à la passerelle en visite à Montréal. Ça a cliqué tout de suite entre nous. Il arrivait que nous dinions ensemble lors des visites de Pittsburgh. Ma femme et moi devions aller le visiter en janvier 1973. Il est parti le 31 décembre 1972, de son Porto Rico natal, pour livrer des denrées au Nicaragua, après un séisme majeur. Mais son avion s’est écrasé en mer. Ça a été une triste fin pour celui que j’affectionnais particulièrement. »

Pour le reste, M. Lapierre sème encore le bonheur partout où il passe.

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