Escalade : Grimper pour devenir de meilleurs humains
Par Simon Cordeau
Pourquoi faire de l’escalade ? Plusieurs aspects du sport motivent Andréanne Vallières, formatrice et propriétaire de l’école d’escalade Passe-Montagne à Val-David, à grimper. Bien sûr, il y a le contact avec la nature, et l’aspect ludique. « Il faut trouver les indices [sur la paroi] qui nous permettent de progresser et de nous rendre en haut. »
Mais l’attrait de l’escalade, c’est ce qu’elle peut nous apprendre : sur nous-mêmes, sur la communication, sur les autres et sur la gestion du danger. « Ça nous amène à être des meilleurs humains. »
Liberté et confiance
Pour Andréanne, l’escalade apporte un grand sentiment de liberté. « Tu es face à toi-même tout le long de la montée sur la paroi. C’est une forme de méditation active. Si tu as des problèmes dans la semaine, souvent les gens trouvent la réponse pendant la montée », illustre la formatrice.
Aussi, l’escalade est « toujours un travail d’équipe », souligne-t-elle. « Il y a ton partenaire qui est là et que tu as choisi. Tu lui fais tellement confiance : c’est la personne qui tient la corde, qui tient ta vie. Ça prend de la confiance en soi et en l’autre. »
Il est également primordial de communiquer de façon claire et efficace. « Si l’autre ne te comprend pas, il y a des enjeux techniques. » Ces exigences nous font évoluer, soutient Andréanne.
Une communauté
Surtout, faire de l’escalade, c’est faire partie d’une communauté de gens « très investis », continue la formatrice. Et cela vient avec une responsabilité. « La plupart veulent se rassembler pour faire évoluer le sport et l’environnement. Les parois d’escalade doivent se faire développer souvent par des gens bénévoles. »
Rendre accessible au public une nouvelle paroi est un long processus qui peut prendre de trois à quatre ans « de temps bénévole » et impliquant plusieurs personnes, souligne Andréanne. Il faut trouver un endroit propice, puis inspecter la roche pour voir si elle est solide et de qualité. Ensuite, on commence les démarches auprès du propriétaire et de la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME) pour assurer le terrain. Enfin, il faut préparer la paroi « avec une brosse en métal, enlever les champignons et les blocs lousses », et aménager le site avec des toilettes et un sentier. Tout cela demande une logistique administrative et de trouver des subventions.
Mais le plus grand défi vient après, avertit la formatrice. « Souvent, on perd l’accès à des sites qui ont pris des années à ouvrir. » Des grimpeurs laissent des canettes sur le terrain (ou leurs besoins), écoutent de la musique et ne respectent pas les lieux. « Des histoires abracadabrantes, j’en ai entendues ! »
C’est pourquoi l’une des missions principales de l’école est de transmettre aux grimpeurs « une éthique en plein air ». « Il faut assurer une pérennité de la pratique et des sites », insiste Andréanne.
Apprendre les risques
Pour ceux qui souhaiteraient tenter l’expérience, l’école Passe-Montagne offre une initiation de 16 h qui « permet de voir les notions essentielles à l’autonomie à l’extérieur ». Il y a aussi un club, où on participe à 11 sorties sur des sites différentes. « Ça peut être pour les gens qui veulent recommencer, ou les parents qui ne trouvent pas le temps dans leur agenda surbooké. Avec une date au calendrier, ça les oblige », illustre la formatrice.
« On a aussi une formation à l’interne, sur la nutrition, la psychologie sportive, la géologie des sites, l’entraînement, etc. On forme les gens sur six mois », ajoute-t-elle.
L’école a aussi un camp d’escalade pour les 8 à 15 ans. « On vise l’autonomie de l’enfant à la fin et qu’il soit capable de le montrer à ses parents. Il y a un volet très didactique, et on a la volonté que l’enfant ressorte avec du contenu. »
La plus grande difficulté, à cet âge, est la notion de danger. « Ils ne le voient pas. Il faut que tu leur expliques : si tu lâches la corde, ton ami tombe. On les met en groupe de trois. » Le camp amène donc les enfants à se questionner et à se familiariser avec la notion de risque.
L’initiation à l’escalade peut même commencer plus tôt encore. « On a une tour d’escalade, sur laquelle on fait grimper des bambins de 3 ans, dans les CPE. Avec les prises de différentes couleurs, c’est plus facile à comprendre », raconte Andréanne.
Un peu d’histoire
L’histoire de l’escalade au Québec commence en 1928 à Val-David. Lors d’une randonnée en ski, l’ingénieur suisse John Brett découvre l’aiguille du mont Condor et réalise le potentiel du site. En 1932, il revient explorer les collines avec ses fils et réalise la première ascension du mont Césaire, par la voie de La Valse.
Source : Andréanne Vallières et Histoire de chez nous