(Photo : Courtoisie Léopold Bourget)

Compostelle : un chemin pour se retrouver

Par Simon Cordeau

Léopold Bourget, résident de Piedmont, a marché plus de 1 700 km sur le chemin de Compostelle en 2015. Parti le 17 mai du Puy-en-Velay en France, il arrive à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne 55 jours plus tard, le 10 juillet. « J’ai fait des journées de 25 km, et d’autres de 40 km », raconte M. Bourget en entrevue. Sous forme de journal, il raconte son pèlerinage dans son livre Compostelle – Mon chemin, mon histoire, pour accompagner ceux qui voudraient le faire à leur tour.

Durant son parcours, il traverse la pleine nature et de petits villages médiévaux. « Ce sont des hameaux de 10-12 maisons. Je peux en croiser 6 ou 7 par jour. En général, ce sont des fermiers. Il y a toujours une petite chapelle avec un cimetière. Souvent, il y a une petite épicerie. Parce qu’ils vivent du chemin aussi. » Mais le chemin de Compostelle, malgré la préparation et l’entraînement, s’est révélé une épreuve tant physique que mentale, voire spirituelle.

La préparation

Lorsqu’il décide qu’il fera Compostelle, M. Bourget a 70 ans. « Je m’entraînais déjà depuis de nombreuses années au gym. J’ai toujours fait du sport, comme du ski de fond, de la marche en montagne, de la raquette, du vélo, du fatbike, du patin, etc. Ils sont tous bons pour de la randonnée intensive. » Avant le départ, il s’entraîne plus intensément. « Je voulais mettre les chances de mon bord. »

Pour se préparer, il monte le mont Avila, près de chez lui, avec un sac à dos d’une vingtaine de livres. « Je m’étais dit : si je suis capable de faire ça trois jours d’affilée, d’en bas jusqu’en haut et jusqu’à chez moi… Ça me donnait une trentaine de kilomètres au total. Et peu importe la température : qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse froid. Ce sont toutes des conditions qu’on peut rencontrer là-bas. »

Un chemin difficile

Une fois en Europe, toutefois, la réalité du chemin le rattrape. Les conditions sont difficiles et il faut s’adapter chaque jour. Dans une même journée, il peut monter une montagne, où la neige, le vent et le froid sont éprouvants, puis redescendre en forêt, où la chaleur est accablante. Au troisième jour, il s’effondre à genoux, en pleurs. « Un moment donné, on arrive au bout de notre endurance mentale. Il y a la fatigue, le stress du voyage. Je me retrouve en plein bois, loin de chez nous, loin de tout. Et il pleut. Il y a un trop-plein : tu éclates », confie le pèlerin.

Puis il se met à chanter, spontanément, pour trouver la force de se relever. « C’est devenu une sorte de mantra pour moi, pour me recentrer. Il ne faut pas regarder en arrière : on continue. » M. Bourget explique que les dix premiers jours sont déterminants. Ils remettent en question la volonté et la détermination du départ. Beaucoup lâchent. « Après, on commence à aimer le chemin. Ça devient notre univers. »

Ensuite, ce sont la discipline et l’endurance qui nous portent sur le reste du chemin. « Il faut aimer un peu l’aventure. Il faut s’attendre à ce qu’il y ait des imprévus », illustre le pèlerin.

Des anges sur son chemin

Même s’il marche seul, M. Bourget partage le chemin avec des milliers d’autres pèlerins. Il croise aussi d’ex-pèlerins, qui tiennent un gîte ou lui portent assistance. « On est tous des étrangers, de tous les pays du monde. Il y a une bienveillance qui se développe entre les gens. Ils font le même chemin, avec leurs difficultés. » Dans l’épreuve, les gens se rapprochent et se soutiennent, s’émerveille-t-il.

Le partage est aussi au centre de l’expérience. « C’est l’esprit du chemin, un don de soi. Ce n’est pas religieux, mais plus une prise de conscience, de soi-même et des autres », raconte le pèlerin. Parlant espagnol, il a aussi servi de traducteur, par exemple entre un pèlerin blessé et un infirmier. « J’ai trouvé ça bien de pouvoir apporter ça. »

Une rencontre avec soi

M. Bourget souligne que, avant de partir, il faut s’assurer de savoir pourquoi on veut faire le chemin de Compostelle. « Pour moi, c’est plus une démarche qu’une marche. » Il précise qu’il n’est pas particulièrement tourné vers la religion. Mais la démarche est tout de même spirituelle. C’est d’abord une rencontre avec soi-même. « Ce n’est pas nécessairement facile. On se ment très souvent à soi-même. Mais dans ces occasions-là, on ne peut mentir à personne. On est tout seul. »


Vous pouvez vous procurer l’ouvrage à l’Association des Auteurs des Laurentides (200-6 rue Principale, Saint-Sauveur), en contactant l’auteur (450-227-4335) ou en ligne (boutique.bouquinbec.ca).

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