Pouce vert

Par Mimi Legault

Pour ceux qui me lisent régulièrement, vous êtes bien au courant de mon ignorance et de mon horreur pour le jardinage. Chacun sait ce qui cuit dans sa marmite, moi je refuse net l’illusion du plaisir. Si l’Humain était fait pour travailler la terre, il aurait six pattes et quatre mains. Peut-être même des ailes pour survoler l’étendue de son travail. Tout ce que je vois des jardiniers quand ils ont terminé leur dur labeur, ce sont des reins en compote, le dos magané, les mains endommagées. Certains ressemblent à des crabes pris de rhumatismes. JE SAIS ! Une chance que les gens ne pensent pas tous comme moi. Si j’étais dans la classe de notre Marthe Laverdière nationale, je porterais avec raison un bonnet d’âne.

Par contre, je suis bien contente de manger des légumes et fruits frais et il faut que quelqu’un sème si on veut récolter. Il y en a qui ont le pouce vert, moi j’ai le majeur en l’air quand on parle jardin. Vous ne le croirez pas, j’ai déjà tenté de faire un jardin. Tenté… Avez-vous déjà essayé d’arracher un plant de rhubarbe ? Je l’ai fait. J’ai dû creuser jusqu’en Chine. J’avais semé de la salade. Fiston devait avoir autour de 8-9 ans. Avec ses amis, il adorait faire le tour de la maison avec son « bike », qu’il disait; rendu où se trouvaient mes feuilles vertes, bang, il dérapait, terminée la salade ! Alors, je lui avais insidieusement demandé s’il désirait faire pousser des radis. Devinez où il les a semés à la suite de ma proposition. Là où vous pensez. Je l’entends encore crier à Charles son ami : attention à mes radis !!!

Autre anecdote. Grand-maman Marie, qui demeurait à deux maisons de chez nous, possédait un immense jardin au milieu duquel poussait un gros pommier. Je devais moi aussi avoir 8-9 ans. Jean-Jean et moi aimions nous lancer mutuellement des défis. Un jour, il me dit : tu n’es pas game d’aller me chercher une pomme dans le jardin de ta grand-mère. J’avais été sévèrement avertie par mes parents de ne pas le faire à la suite d’une plainte formelle de mère-grand. Et que si je le faisais quand même, une conséquence apparaîtrait à l’horizon. Mais bon, après tout, ce n’était qu’une pomme. (Cela ne vous rappelle pas une certaine histoire dans le paradis terrestre ?) Me voilà grimpée dans l’arbre, mais mamie téléphone sur-le-champ à mon père qui arrive en trombe suivi par maman. Je me trouvais au sommet de l’arbre lorsqu’il m’ordonna de descendre immédiatement. Prise au piège, je décidai de négocier. Oui j’allais obéir, mais à une condition : pas de punition. Sinon, je restais là. Furieux, il répéta pour une dernière fois d’obtempérer. Je commençai à brasser l’arbre de toutes mes forces. Alors grand-maman Marie se mit de la partie : Mimi, arrête ça tout de suite et tu as ma parole que tu ne seras pas punie; tout cela dit sous l’œil sévère et ahuri de mes parents. Je descendis avec une belle pomme rouge destinée à Jean-Jean qui, le valeureux, avait suivi la scène derrière les lilas… Mais les choses n’en restèrent pas là. Quelques jours plus tard, maman servit à la famille mon dessert préféré : des chaussons aux pommes. Miam, miam. Mais pour moi, seule une grosse pomme trônait au milieu de mon assiette. Tu comprends Mimi, m’avait dit ma mère en souriant, ton père et moi avons pensé t’offrir une belle McIntosh, on a réalisé que tu étais prête à n’importe quoi pour en manger une… J’ai appris de cette leçon avec humilité.

Une autre histoire de jardinage. Véridique, le tout s’étant déroulé dans mon patelin. Un monsieur désirait vendre sa vieille voiture qui datait des années mille neuf cent tranquille. Pour le prix, il avait inscrit dans la vitre de la bagnole 1 500 tomates… Souvenez-vous de cette expression. Un p’tit comique alla dans son stationnement déverser 1 500 tomates. L’affaire se retrouva en cour. C’est le maraîcher qui gagna sa cause !

Même si je ne mets pas mes mains en terre, je cultive mes rêves, je sème la joie et je récolte le bonheur. Surtout, ne me lancez pas de tomates, je ne fais pas le pois

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