Parents mous et enfants durs

Par Mimi Legault

Peut-être trouverez-vous que je reviens souvent sur l’éducation des enfants et vous aurez dont raison ! C’est mon dada. D’après ce que j’observe, certains enfants, hélas, sont le centre de la famille, les parents craignent de les brimer. Erreur ! Grossière erreur ! Si l’enfant ne connaît pas de frustration, il va frapper un mur, une fois rendu à l’école.

J’aime à raconter ce cas vécu à la maternelle lorsqu’une maman avait dit à l’enseignante : ne lui dites jamais non, il ne connaît pas ce mot à la maison. Forcément, lorsque la chose s’est produite, l’enfant a fait crise après crise. Tellement, qu’il avait fallu placer son pupitre dans un coin de la classe ; physiquement, il devenait dangereux pour les autres élèves. Sa mère avait alors écrit ce mot au prof : s’il vous plaît, laissez-lui au moins choisir son coin !!!

Vous avez probablement déjà vécu cette situation au resto : Éloi, descends de la table, viens manger tes frites. Je t’avertis, je vais compter jusqu’à trois. Un-deux….m’enfin Éloi, descends de là, okay? Maman va se fâcher, il va y avoir une con-sé-quen-ce ! Lolo, s’il-te-plaît ! Alors débute une séance de négos digne des grands syndicats.

Dans notre temps, les parents tendaient la perche en mettant la religion dans les arguments, comme par exemple : quand tu te chicanes avec ta sœur Mimi, tu fais de la peine au p’tit Jésus. Devant ce faible argument, je me disais : hé ben, s’il pleure pour ça, c’est un maudit braillard !

Un jour, je suis allée chez une collègue de travail. Nommons son enfant de 3-4 ans, Zack. Il voulait les bonbons que mamie lui avait offerts. Sarah (nom fictif) lui disait à répétition : non, j’ai dit non. Moi, veux un bonbon. Il s’était mis à crier, à taper du pied. On ne s’entendait plus parler. De mon côté, je me retenais le canayen. Toujours zé-til qu’à la 10e fois, maman a craqué. Tiens, le voilà ton bonbon. Le p’tit n’était même pas surpris, savait compter cet enfant-là… Trois minutes et quart après, Zack est revenu à la charge. Veux aller dehors. Non, il commence à faire noir, pis c’est trop froid. Veux aller dehors, bon! À la 10e fois, ben oui, Sarah a abdiqué…Okay, mais seulement sur la galerie. A habillé Zack, puis est revenue en disant : de quoi parlait-on ?  Ah bon, ai-je pensé, parce qu’on parlait… Là, le petit ange est venu frapper au moins dix fois dans la fenêtre (moi aussi, je sais compter). Maman lui faisait des beaux beu-bye. Au même instant, son berger allemand a bondi dans la cuisine. C’est Arthur, m’a-t-elle dit. Mon mollet avait l’air de l’attirer. Aux pieds, Arthur. Chien-chien est revenu docilement vers sa maîtresse sans demander de biscuit, bon. Sarah ajouta toute fière : je l’ai fait dresser, il m’écoute au doigt et à l’œil. Silence. Re-silence. Sarah et moi avons eu la même pensée. Et Zack ? Pourrait-il suivre le même cours ?

Remarquez que je ne crois pas plus à une discipline stricte. Je pense surtout que plus le parent crie et moins l’enfant entend. Mais quand on est trop bonne pâte, on risque de finir dans le pétrin… (Pierre Dac). J’opte plutôt pour celle du bon sens : la communication. Je n’ai jamais envoyé l’un de mes enfants dans sa chambre. On lui demandait simplement de s’asseoir sur l’une des marches qui conduisaient à l’étage supérieur et surtout, de réfléchir. Lorsqu’il était prêt à discuter, on s’assoyait tous les deux, et on parlait de son geste. Rien pour le frustrer, mais il (ou elle) savait qui était l’autorité.

Élever un enfant, c’est à la fois épeurant et fantastique. Il illumine toute notre vie. C’est peut-être parce qu’il laisse toujours derrière lui toutes les lumières allumées…

Petite anecdote. Fiston venait de se coucher. J’entends : Mimi, veux un verre d’eau. Tu en as bu un. Mimi veux aller faire pipi. Tu l’as déjà fait. Mimi veux… Écoute-moi bien, si j’entends encore Mimi, je sens que ça n’ira pas bien. Quelques secondes passèrent : madame Legault, veux un biscuit…

Je reviens à Zack. Au moment de partir, Sarah lui dit : donne un bisou à Mimi, elle s’en va. L’enfant lui répondit : non, j’ai dit non. Peut-être que si j’avais insisté dix fois, il aurait fini par me le donner…

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