Optimisme vs pessimisme : le duel infernal

Par Frédérique David

Nos vies sont désormais en équilibre entre l’optimisme dont nous avons besoin pour avancer et le pessimisme qui guide nos choix pour éviter l’impasse. C’est vrai sur le plan économique. C’est également vrai sur le plan écologique. D’ailleurs, force est d’admettre que l’un ne va plus sans l’autre.

Dans ce duel infernal qui nous guide, il nous faut désormais réfléchir à chacun de nos choix afin de ne pas trop culpabiliser lorsqu’on voyage en avion, ni sombrer dans une dépression et décider de ne plus donner naissance dans ce monde sans avenir. Il faut se préserver de l’écoanxiété qui nous guette à chaque fois que l’on se tourne vers des sources d’information crédibles en s’étourdissant de téléréalités insipides ou de niaiseries Tik-Tokiennes.

On devrait d’ailleurs remercier les Facebookiens assidus dans la publication de leurs photos de chats et de prouesses culinaires tant ils contribuent à l’équilibre mental de notre société!

La COP27 et le mur

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la fameuse COP27, risque d’alimenter notre pessimisme dans les prochains jours. Après le rapport alarmant du GIEC et les nombreuses catastrophes naturelles qui ont ponctué l’année, faites une réserve de crème glacée si vous voulez survivre aux nouvelles!

Tout d’abord, on oublie le scénario hollywoodesque avec une fin heureuse. Les annonces les plus dramatiques ne suffiront pas à changer la façon dont les dirigeants de ce monde font de la politique! D’ailleurs, le premier ministre Justin Trudeau ne participera pas à la grande messe climatique aux côtés d’une centaine de chefs d’État. Il a jugé suffisant d’envoyer le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeaut, comme si les enjeux n’étaient pas assez importants pour justifier son déplacement!

Pourtant, tout le monde sait qu’on s’en va tout droit dans un mur. Si cette affirmation peut sembler pessimiste, les réalistes de ce monde sortiront les chiffres annoncés la semaine dernière par le nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement. On y apprend que, d’ici 2030, les pays en développement auront besoin de 340 milliards de dollars chaque année pour financer les changements nécessaires pour s’adapter aux effets de la montée des mers et des conditions météorologiques extrêmes. Actuellement, les dépenses pour l’adaptation climatique sont de 20 milliards par année et l’objectif fixé est de 40 milliards de dollars d’ici 2025. On est vraiment très loin du compte et le secrétaire général de l’ONU vient de sonner l’alarme!

Les arcs-en-ciel

Ce qui nous préserve d’une pénurie de crème glacée, c’est que l’optimisme gagne encore sur le pessimisme au sein de la population en général. Le médecin et statisticien suédois Hans Rosling, mort en 2017, révélait dans son livre Factfulness que 86 % des gens savent que la température moyenne augmentera au cours des prochaines années, mais ces gens sous-estiment les répercussions de ce réchauffement sur leur vie. L’optimisme ambiant fait que tout le monde continue d’évoluer au pays des arcs-en-ciel et des licornes. Le « ça va bien aller » de la pandémie de COVID-19 s’applique à la situation climatique. La majorité de la population pense que des scientifiques vont trouver la formule magique. Ce comportement général de l’humain à se considérer comme supérieur à la nature a conduit à la crise climatique que nous traversons et fournit, paradoxalement, des arguments aux optimistes.

Aussi informés que nous pouvons l’être, nous continuons de faire des choix inconséquents, guidés par notre optimisme collectif. La vente de VUS a fait un bond record en 2020 au Québec et la consommation de viande a atteint 34,5 kg par personne en 2018, ce qui est supérieur à la moyenne canadienne. Les émissions annuelles de GES des ménages québécois atteignent 8,7 tonnes par citoyen, soit quatre fois trop, révélait l’Institut de la statistique du Québec en avril dernier.

Jusqu’où la balance continuera-t-elle de pencher vers l’optimisme? Combien de catastrophes naturelles et quels impacts sur notre santé faudra-t-il pour espérer redresser la balance avant de foncer dans le mur?

L’astrophysicien Hubert Reeves se plaît à critiquer notre cupidité et à répéter que personne ne viendra nous aider face à cette menace que nous représentons pour nous-mêmes. C’est comme si la Nature nous disait « je vous ai fait un beau cadeau et maintenant débrouillez-vous! », dit-il.

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