Le transport dispersé du Nord
Par Rédaction
Par Philippe Leclerc
Ces derniers temps, se déplacer dans notre région, que ce soit vers le sud ou le nord, devient un véritable parcours du combattant. Le trafic, déjà un défi majeur pour notre région en pleine croissance, semble avoir atteint un nouveau sommet d’intensité et de frustration.
Notre journaliste Luc Robert l’a bien mis en lumière récemment : jusqu’à la fin septembre, il faudra composer avec des travaux lourds à Saint-Jérôme, entre les sorties 39 et 43. Et pour ceux qui espéraient une accalmie, sachez que les travaux pour l’aménagement des voies réservées à Mirabel se poursuivront jusqu’en 2026 !
Alors, peut-on espérer des jours meilleurs en termes de fluidité routière et de transport collectif ? Permettez-moi d’en douter, surtout pour ceux d’entre nous qui habitent au nord de Mirabel. La situation actuelle, gérée par le Ministère des Transports, semble loin de répondre aux besoins pressants des Laurentides. En lisant l’article de Luc, une réalité frustrante m’a frappé : la mise en service des voies réservées entre Blainville et Mirabel est prévue pour 2026, mais qu’en est-il de celles qui devraient relier Saint- Jérôme, notre capitale régionale, et véritable carrefour des Basses et Moyennes Laurentides ? Rien. Absolument rien.
Saint-Jérôme, qui dessert plus de 250 000 personnes jusqu’à Mont-Tremblant, semble être laissée pour compte dans ces projets d’infrastructure. Et ce ne sont pas seulement les résidents qui en souffrent chaque jour, mais aussi les nombreux touristes et villégiateurs attirés par la beauté de notre région. Des infrastructures mieux pensées pourraient radicalement améliorer la situation, mais pour l’instant, elles sont cruellement absentes.
Ce traitement injuste de Saint-Jérôme par rapport aux autres municipalités du sud de la région est profondément troublant. Bien qu’à peine connectée à la région métropolitaine, notre capitale régionale est forcée de contribuer au service de train via l’Autorité Régionale du Transport Métropolitain, sans même avoir une voix au sein de la Communauté Métropolitaine de Montréal (CMM). Pire encore, les Jérômiens devront payer la taxe d’immatriculation additionnelle qui s’applique aux villes de la CMM, sans pouvoir participer aux décisions. C’est une situation profondément injuste : être imposé sans pouvoir s’exprimer.
La position affaiblie de Saint-Jérôme s’explique par deux facteurs politiques interdépendants. D’un côté, les municipalités des Laurentides situées entre la Rivière des Mille-Îles et Mirabel sont intégrées dans la région métropolitaine de Montréal. Elles représentent plus de 300 000 citoyens, mais face aux 2 millions d’habitants de la CMM, leur poids est relativement faible. Pour compenser, elles se sont alliées avec leurs vis-à-vis de Lanaudière, formant la Table des préfets et des élus de la Couronne Nord. Cette initiative, bien que nécessaire, oublie malheureusement d’inclure Saint- Jérôme, ce qui accentue son isolement. Ainsi, la région se divise et s’affaiblit. Pendant ce temps, à Québec, le Ministère des Transports a redécoupé ses directions régionales en suivant les frontières de la CMM, séparant ainsi nos préoccupations entre celles des zones plus urbanisées de Rosemère à Mirabel, et celles de Saint- Jérôme à Mont-Laurier. Ce découpage mal pensé crée une situation où les priorités des Basses-Laurentides sont souvent éclipsées par celles de Laval et de Montréal. Le résultat ? Une planification qui néglige une connexion logique et essentielle avec Saint-Jérôme et le nord de la région, malgré une croissance rapide.
Mirabel et Saint-Jérôme, qui pourraient naturellement s’allier pour obtenir de meilleures infrastructures pour la région, restent à distance l’une de l’autre depuis longtemps. Il suffirait de peu pour changer la donne. Une planification concertée et une volonté politique commune pourraient transformer cette dynamique du statuquo en une véritable force pour la région en matière de transports et infrastructures routières.
En fin de compte, ce découpage en deux du transport dans notre région, unique au Québec, mène à des décisions incohérentes, comme ces voies réservées qui s’arrêtent à Mirabel, laissant Saint-Jérôme, à seulement 25 kilomètres au nord, dans l’ombre. Cette situation, où des décisions cruciales sont repoussées au moins à la prochaine décennie, est profondément… déroutante.
Les Laurentides, du sud au nord, méritent mieux. Un avenir où la planification ne se contente pas de solutions temporaires, mais où une véritable vision d’ensemble guide les décisions. Un avenir où chaque citoyen, qu’il soit du sud ou du nord de la région, peut se déplacer avec dignité et efficacité. Parce qu’au final, il ne s’agit pas seulement de routes, mais de notre qualité de vie, de notre capacité à vivre et à travailler dans une région qui se développe à une vitesse fulgurante.
Je suis curieux de connaître votre avis sur cette situation. Écrivez-moi ! redaction@journalacces.ca