Crise des médias : Lettre au premier ministre Legault

Par Rédaction

Monsieur Legault,

C’est avec déception, colère et un sentiment de trahison que nous avons appris que la CAQ a recommencé à acheter de la publicité sur Meta et ses plateformes comme Facebook.

En plus de s’accaparer des revenus publicitaires vitaux pour la survie de nos médias, Meta censure sans gêne ni honte toutes les nouvelles sur ses plateformes. Nous pensions que votre gouvernement était aussi outré que nous face à cette injustice. Nous pensions également que vous étiez autant préoccupé que nous par la précarité dans laquelle se trouvent les médias québécois. Nous pensions, surtout, que vous connaissiez l’importance d’avoir des sources de contenu locales, fiables et approfondies.

Visiblement, nous nous sommes trompés.

La solidarité dure six mois…

Meta n’a toujours rien signé avec le gouvernement fédéral. En fait, Meta refuse carrément de négocier. Pourquoi le ferait-il ? À peine six mois après le début de cette censure, quelles sont les conséquences pour Meta ? Aucune. Les quelques organisations qui boycottaient la plateforme, dont la CAQ, ont déjà cédé en achetant de la publicité sur Facebook !

Pendant ce temps, les mises à pied et les fermetures dans les médias se poursuivent à un rythme effarant. Par manque de moyens, il est de plus en plus difficile de maintenir des salles de presse en santé, de rejoindre les citoyens et de poursuivre notre rôle de chien de garde de la démocratie.

Et par manque de vision des gouvernements, dont le vôtre M. Legault, il est de plus en plus difficile de traverser la tempête.

« Il y a beaucoup de médias qui ont fermé. Alors dans certaines régions, j’ai un blackout presque complet si je ne fais pas de [publicités dans des] médias comme [Facebook] », affirme votre directrice générale, Brigitte Legault.

Mais justement : ces journaux ont fermé par manque de publicité ! Ces fermetures ne créent pas seulement des blackout publicitaires, mais surtout des déserts journalistiques partout au Québec. Attendez-vous que ceux qui restent crèvent à leur tour ?

La solution M. Legault, ce n’est pas d’annoncer sur Facebook. C’est de s’assurer de la pérennité des médias d’ici.

Nous ne sommes plus à l’heure de prouver l’importance et la pertinence des médias locaux. Il faut des mesures concrètes rapidement pour aider les médias dans toutes les régions du Québec. Des solutions, il y en a plusieurs pour aider à la survie des médias locaux :

  • Obliger les organismes gouvernementaux et les municipalités à consacrer un pourcentage minimum de leur budget publicitaire dans les médias locaux;
  • Donner des incitatifs fiscaux aux commerçants qui annoncent dans leur journal local;
  • Favoriser les médias québécois pour tout achat publicitaire;
  • Soutenir financièrement les hebdos dans leur virage numérique.

Dites-nous, M. Legault : qu’est-ce qui vous semble le plus indispensable ? Acheter de la pub sur Facebook pour atteindre quelques électeurs, alors que les prochaines élections ne sont qu’en 2026 ? Ou avoir des médias régionaux forts, ici et maintenant, qui informent leur communauté, qui participent à la vitalité de ses débats et de sa vie démocratique, et qui font rayonner leur région ?

Parce qu’il faut choisir. Cet argent, dépensé en publicités, devrait être investi ici, au Québec, dans nos communautés. Cet argent, donné à une multinationale étrangère, sert peut-être à vanter les bons coups de votre gouvernement. Mais fait-il avancer les intérêts du Québec ?

M. Legault, les médias ont besoin de votre soutien et de votre leadership pour traverser cette crise.

Ils ont plutôt reçu votre indifférence.

L’équipe de rédaction des journaux Accès et Le Nord dans les Laurentides

Josée Pilotte, éditrice et propriétaire

France Poirier, chef de pupitre Le Nord

Marie-Catherine Goudreau, chef de pupitre Accès

Simon Cordeau, journaliste

Luc Robert, journaliste

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