Tout est relatif
Par Mimi Legault
La façon dont votre enfant ou votre voisin pense n’est pas la même que la vôtre. Tout est relatif. Je vous cite quelques exemples. Lors de sa première randonnée en raquettes dans les montagnes, un de mes amis s’est égaré. Il a fini par croiser un couple qui logeait à la même auberge que lui. Mais il était trop orgueilleux pour demander de l’aide. Il a poursuivi sa route sans s’arrêter. La noirceur arrivait et il commençait à paniquer lorsque, par hasard, il retrouva son chemin. Le soir venu, devant l’âtre, le couple qu’il avait rencontré s’approcha de lui pour le remercier. Nous étions complètement perdus, dit la dame, mais, en vous voyant passer si plein d’assurance, nous avons décidé de suivre vos traces qui nous ont menés jusqu’à l’auberge.
Voyez? Si vous croyez qu’une seconde représente le même temps pour tous, parlez-en à un marathonien… Si d’un côté de la porte de la chambre de bain, la grande soeur frappe à coups de poing parce qu’elle a attrapé la tourista alors que le frère ado trône sur le bol en feuilletant une revue porno, deux minutes paraîtront une éternité pour celle qui bûche sur la porte. C’est ce qu’on appelle la relativité. Comme disait Pierre Dac, on croit souvent qu’un appartement est bas de plafond alors qu’il est haut de plancher!
Jérémie, 8 ans, voulait jouer avec son frère de 14 ans au hockey et sa gang d’amis. La mère passa par là et vit le garçon en larmes aux abords du terrain qui, repoussé par les grands, pleurait à chaudes larmes. Elle insista auprès des plus vieux et ils finirent par accepter qu’il joue. Dix minutes plus tard, la mère repasse et retrouve le gamin encore aux abords du terrain tout sourire. Tu ne joues pas, lui demande-t-elle? Mais oui, dit-il fièrement, je suis blessé!
Deux martiens atterrissent près d’un terrain de golf. Ils observent avec curiosité les efforts d’un golfeur pour sortir d’une trappe de sable. Le golfeur réussit à envoyer sa balle dans le trou. Alors le martien dit à l’autre : cette fois, il est vraiment en mauvaise posture…
Ces exemples démontrent en toute simplicité que l’on porte des lunettes de force différente. Il y avait dans notre sous-sol une peau de lynx accrochée au mur. Avec le temps, il avait perdu un de ses deux yeux de verre.
Lorsque des amis ou des visiteurs l’apercevaient, ils disaient immanquablement, il est beau ce lynx, dommage qu’il ait perdu un oeil. Jusqu’au jour où l’un de mes petits cousins déclara : wow, il est beau ton animal, il nous fait un clin d’oeil!
Un été, j’avais décidé de faire un carré de jardin. J’étais pas mal fière de moi! Mais mon fils, alors âgé d’une dizaine d’années, avec ses amis prenaient plaisir à faire le tour de la maison à vélo avec des obstacles qu’ils mettaient sur leur route et qu’ils tentaient d’éviter. Sauf que… c’est ma salade qui en prenait un coup en tournant l’un des quatre coins. J’avais beau mettre une corde, des bâtons; rien n’y faisait. Alors, un matin où j’étais à bout d’arguments, je lui dis : fiston, aimerais-tu ça faire pousser des radis? Heureusement, il accepta. Devinez où j’ai planté les fameuses semences. Drette sur le coin à côté des salades! De la cuisine, je l’entendais désormais crier : aie les gars, faites attention à mes radis!!!
Au risque de me répéter, tout est relatif! Le réaliser aide à comprendre l’autre. Une autre fois, sortie à la hâte pour jeter des déchets, j’essayai en vain de rentrer dans la maison. Peine perdue, ma petite âgée de 4 ans avait barré la porte. Je devinais à l’avance que lui demander de m’ouvrir serait chose vaine, je la connaissais bien… Alors, j’ai pris un autre chemin. Je lui ai dit : c’est vraiment dommage chérie, je crois que tu es enfermée. La porte s’est ouverte sur-le-champ!
Avec tous ces exemples, s’il vous reste un doute sur la relativité, je vous en laisse un dernier. Si un fermier vous parle de sa poule et si en même temps, un citadin vous parle de la sienne, ils ne parleront surtout pas de la même chose!