(Photo : Collection Musée du ski des Laurentides)

La belle histoire des Laurentides – Chapitre 6

Par Journal-le-nord

Dernière d’une série de six chroniques rappelant à notre souvenir à quel point le ski et les activités de plein air ont forgé l’histoire des Laurentides et en assurent l’avenir

La préservation

Le fil du temps

On dit parfois que connaitre son histoire, c’est choisir son avenir.

Ce peut être aussi de faire connaissance avec ceux qui nous entourent.

Et personne n’échappe à ce fil du temps autour duquel tout se reconstruit.

Un patrimoine distinctif qui s’estompe

Au cours des années ’40 et ’50, les Laurentides étaient parcourues par plus de 1 600 km de sentiers de ski nordique qui permettaient aux skieurs de se déplacer entre les centres de ski, hôtels et villages aisément. Ce patrimoine forgé au début du siècle dernier par ceux qui l’ont développé et la culture de partage des grands espaces qui les animait fut parfois oublié, voire même inconnu, par ceux qui leur ont succédé.

L’urbanisation rapide du territoire entre 1960 et 2000 a considérablement réduit et fragmenté cet important réseau.  L’industrie touristique et de villégiature s’est en grande partie développée puis atrophiée avec ce réseau.

Des efforts sont toutefois menés au cours des années ’70 et ’80 pour préserver l’héritage important construit par les pionniers du début du siècle.

C’est notamment le cas de la ville de Sainte-Adèle qui acquiert en 1969 les Pentes 40-80 situées au cœur du village pour y assurer la poursuite de la pratique du ski et y préserver un espace naturel accessible et apprécié.

C’est aussi le cas des berges de la rivière Doncaster jadis occupées par la Laurentian Hydro Company où le parc de la rivière Doncaster fut aménagé suite à une entente convenue en 1979 entre Hydro-Québec et la ville de Sainte-Adèle.

Diverses réserves écologiques sont aussi créées comme celles de Jackrabbit et du Centre touristique et éducatif des Laurentides.

De nombreuses initiatives individuelles de préservation émergent aussi. Dont celle de Jean-Paul (Eddy) Fortier qui, au début des années 1979, trace plus de 100 km de sentiers de ski, revitalise et donne accès aux sentiers patrimoniaux Johannsen, MOC et Whizzard.  La poussée du développement fragilise cependant ce réseau qui aura, encore une fois, du mal à résister au fil du temps.

Ces quelques gestes ont souvent demandé du courage à ceux qui les ont posés. Courage notamment politique d’investir dans l’avenir plutôt que d’économiser le présent.

Un espoir renait

Au tournant du millénaire, le caractère distinctif des Laurentides fragilisé par l’urbanisation interpelle de plus en plus les citoyens et leurs élus municipaux.

De nombreux groupes et associations se sont formés au fil des ans pour soutenir et promouvoir le développement des activités de plein air dans les Laurentides. Une prise de conscience collective émerge face à l’importance à accorder à la préservation de l’environnement, des espaces naturels et au développement durable.

En 1994, une réponse importante est donnée par le gouvernement du Québec à ces préoccupations lorsqu’il acquiert les emprises ferroviaires ancestrales du « P’tit train du nord » et du « Train de la colonisation de Montfort » (actuel « corridor aérobique »).  L’inauguration des deux grands parcs linéaires formés dans ces emprises en 1996 sert de catalyseur à un large élan de préservation du patrimoine naturel et de développement des activités de plein air des Laurentides.

L’activité sportive se diversifie

Au-delà de la pratique du ski durant l’hiver, les Laurentides émergent comme région très prisée pour la pratique du vélo au cours de la période estivale notamment grâce aux deux grands parcs linéaires.

En 2000, Michel Careau initie l’aménagement d’un réseau de plus de 30 km de sentiers de vélo de montagne sur des propriétés privées dont les propriétaires permettent l’accès de façon volontaire, le réseau MICA. Le développement du Chantecler et de plusieurs autres sites suivra. Au fil des ans, Sainte-Adèle et Val-David accueilleront des épreuves de la coupe du Québec de vélo de montagne.

Ce sport influence et stimule de manière importante le développement des lieux de plein air des Laurentides. Le besoin de revoir le partage des sentiers entre les différents utilisateurs se réaffirme à nouveau… un peu à l’image du partage des sentiers d’antan entre la raquette et le ski !

Les instances municipales s’organisent

La MRC des Pays-d’en-Haut qui crée la SOPAIR en 2014 pour assurer la conservation, la pérennité, l’accès et le développement des sentiers de plein air et espaces récréatifs sur le territoire de la MRC. En 2017, elle adopte une Politique de protection et d’accès aux sentiers.

De nombreuses actions sont aussi entreprises pour préserver les espaces naturels encore existants afin de les rendre disponibles aux amateurs d’activités de plein air en plus d’y préserver la faune et la flore qui s’y trouve.

Ces actions mènent à la création et la préservation des parcs et sentiers patrimoniaux, dont :

  • Le Parc Basler sur le site du Mont-Bellevue à Morin-Heights en 2005 ;
  • Le Parc régional Dufresne à Val-David et Val-Morin en 2006 ;
  • La Forêt Héritage à Sainte-Anne-des-Lacs en 2015 ;
  • La Réserve naturelle Alfred-Kelly à Piedmont, Prévost, Saint-Hippolyte 2016 ;
  • L’annexion du Mont Tyrol au Parc Roger Cabana à Saint-Hippolyte en 2020 ;
  • La création du Parc du Mont Loup Garou à Sainte-Adèle en 2020 ;
  • La création de la réserve écologique du Mont-Christie à Saint-Sauveur en 2021.

Pour n’en nommer que quelques-unes.

Encore une fois, le courage de ceux qui choisissent d’investir dans la préservation de notre patrimoine naturel se doit d’être salué et appuyé.

Une chronique éphémère

Cette chronique éphémère a souhaité rappeler à notre souvenir à quel point le ski et les activités de plein air ont forgé l’histoire des Laurentides et peuvent en assurer l’avenir.

Avenir qui se forge par la générosité de nos actions et par le soin que nous prenons à préserver la nature qui nous entoure au bénéfice de ceux qui nous côtois et qui nous suivrons.

Quels sont les gestes qui peuvent, voire même doivent être posés, pour assurer la pérennité de ce patrimoine naturel et culturel ?  Cette question mérite certainement d’être posée !

Cette chronique éphémère fut, à cet égard, une invitation à réfléchir et à nous amener à poursuivre les actions qui visent la pérennisation des sentiers et sites de plein air qui nous caractérisent si bien.  Et sans lesquels, « on ne devient qu’une banlieue comme les autres ».

Je termine en empruntant les mots de John Muir, cet écrivain américain né en Écosse qui a fondé le Sierra Club et à qui l’on doit notamment la préservation de la Yosemite Valley :  ” The mountains are calling and I must go” !

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