Déjà la nuit polaire…

Par Daniel Calvé

Chronique : 9 mois en artique

Le 26 octobre dernier a vu le soleil briller de ses derniers rayons de l’année sur le Bamsebu. Il se repointera le nez en février 2020. Lentement, la lumière du jour laisse place à l’obscurité et le monde qui entoure Hilde et Sunniva leur apparaît de plus en plus petit…

Le début de la nuit polaire coïncide immanquablement avec la chute des températures. Les glaces commencent déjà à se former dans le fjord Van Keulen et les marées qui changent toutes les six heures viennent compliquer la situation. En effet, nos deux aventurières doivent s’assurer que le bateau fixé à une bouée à 20 mètres de la rive ne se retrouve pas prisonnier des glaces et que le moteur démarre malgré le gel. Heureusement, avec le froid vient aussi la neige et bientôt elles pourront se déplacer en motoneige.

L’expédition Hearts in the Ice a été réglée au quart de tour. Tous les éléments nécessaires à la survie sont en place. Hilde et Sunniva ont travaillé longtemps et sans relâche en vue de ce projet, mais elles doivent rester concentrées et travailler dur chaque jour, simplement pour survivre. Le bois, la nourriture, l’eau et la glace sont des préoccupations constantes.

Assurer quotidiennement sa survie n’est pas un mode de vie auquel nous sommes habitués en Occident mais ici, dans l’Extrême-Arctique, l’expression prend tout son sens. Il n’y a pas de plan B, personne pour les aider. D’où un sentiment de grande vulnérabilité, qui apparaît généralement lorsque nos besoins fondamentaux – eau, nourriture, abri – sont compromis.

La plupart d’entre nous sommes très privilégiés d’avoir plus qu’il n’en faut pour assurer notre survie. Il n’en est pas de même ailleurs dans le monde. L’envers de la vulnérabilité, c’est l’exaltation ressentie quand on trouve une solution, qu’un problème est résolu. Cela nous fait sentir très, très vivants. Comme lorsque le moteur démarre enfin…

… et les aurores boréales !

La nuit polaire est aussi le théâtre d’un phénomène fantasmagorique : les aurores boréales.

Le Bamsebu étant situé au 78ème parallèle, Hilde et Sunniva sont aux premières loges pour observer la valse des couleurs passant du vert au rose, au rouge et au violet.

Les aurores polaires sont une danse complexe de particules et de magnétisme entre le Soleil et la Terre. Le Soleil produit en permanence un vent solaire, constitué de particules chargées (plasma). Lorsque le vent solaire interagit avec la magnétosphère (champ magnétique terrestre), les particules chargées entrent en collision avec des atomes et des molécules de gaz dans la haute atmosphère de la Terre, produisant des aurores. De temps à autres, le Soleil génère des courants électriques si forts (orages magnétiques) qu’ils endommagent les satellites, réseaux électriques, systèmes de communication radio et GPS. Par exemple, le 13 mars 1989, un orage géomagnétique a provoqué une panne électrique qui a paralysé tout le tout le Québec pendant plus de neuf heures!

… Aurorasaurus et la science citoyenne

Hilde et Sunniva agissent en tant que citoyennes scientifiques pour le projet Aurorasaurus, sponsorisé par la NASA et la National Science Foundation (NSF) et chapeauté par Liz MacDonald, experte en météorologie spatiale.

Lancé en 2014, ce projet rassemble des centaines de citoyens scientifiques – des gens comme vous et moi – qui font la chasse aux aurores armés d’un appareil-photo pour documenter cet intrigant phénomène.

L’équipe Aurorasaurus fusionnera les observations faites au Bamsebu avec celles provenant d’autres latitudes à travers le Svalbard afin de brosser un tableau plus précis de la répartition et de la dynamique des aurores boréales.

Pascale.lortie@live.fr

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