Coups de chaleur
Par Mimi Legault
L’été est chaud, brûlant pour certaines contrées et pays. Même qu’au moment où j’écris, la Grèce flambe et la Colombie-Britanique ne donne pas sa place. Dans le Journal de Montréal, on a pu lire qu’un jeune homme de 20 ans était tombé dans le coma après avoir souffert d’un coup de chaleur. Ça c’est le mauvais côté de l’été. À en juger les événements, on n’a pas fini d’endurer les canicules. Ces journées qui s’évaporent, nonchalantes et qui ralentissent même nos pas. Comme Foglia l’a déjà écrit : « La chaleur de l’été : cette vibration bleutée qui monte de la terre consume les hommes et les bêtes. »
J’ai vécu dans ma vie deux coups de chaleur. J’espère que l’adage du jamais deux sans trois fera exception à la règle dans mon cas. Le premier, je me trouvais dans un chalet avec la famille. Alors que le soleil était à son zénith et que nos corps dégoulinaient, j’avais choisi, plutôt que la rivière, d’aller suer mon huile de confirmation sur un chemin de terre pour faire du jogging. Pas trop trop brillant comme idée, j’en conviens. Mais bon. J’avais à ma ceinture une bouteille d’eau, ma casquette vissée sur la tête, j’étais prête.
C’était une radieuse journée, le soleil brillait par sa présence, une légère brise soufflait (il me semblait en tout cas…), les oiseaux chantaient et la tondeuse du voisin était en panne. Au bout de quinze minutes, les rayons de Galarneau plombaient sur moi. Et lorsque j’ai voulu me désaltérer, ma bouteille d’eau est demeurée solidement coincée. Pas grave, j’en boirais en revenant. Justement, lorsque je suis revenue, il était trop tard.
Nous étions le 31 août et je devais entrer en classe dès le lendemain. En entrant dans le chalet, je me suis lancée sur le premier sofa aperçu. Quelques instants plus tard, j’ai ressenti des maux de tête, des crampes aux jambes, un épuisement total. Quelqu’un a pris ma température, je faisais tout près de 40. J’ai téléphoné à ma soeur qui travaillait en milieu hospitalier. Le diagnostic est tombé, je souffrais d’un coup de chaleur.
Elle m’a dit de boire beaucoup. J’ai dû vider la moitié de la rivière… Le tout a duré une semaine. Une lonnnnngue semaine où je me traînais de peine et de misère de chez-moi à l’école et de l’école à chez-moi où je m’étendais dans une pièce fraîche et fermée. J’ai pensé mourir tellement j’avais comme un malaise généralisé sans trop savoir ce qui m’arrivait.
La deuxième fois, je faisais du patin à roues alignées avec une amie. Mêmes conditions de température que la première fois au chalet. Nous avions choisi une belle rue nouvellement asphaltée et où des maisons neuves avaient poussé comme des champignons. J’avais très chaud, mais je trouvais cela normal.
À un moment donné, j’ai commencé à voir des points noirs devant mes yeux, mes jambes se sont mises à trembler. Lorsque j’ai aperçu un vieux monsieur en train d’arroser ses fleurs avec un boyau, j’ai donné quelques coups de patin. Je me suis étendue sur son gazon et je lui ai crié : monsieur, de grâce arrosez-moi!!!
Comprenant l’urgence de la situation, il m’avait aspergée pendant plusieurs minutes, il fallait baisser ma température du corps. Le côté drôle de l’histoire, c’est que sa femme qui travaillait dans la cuisine avait vu son conjoint en train de m’arroser sans arrêt. Elle était sortie en trombe et tout en descendant en vitesse les marches, elle lui avait crié : « Farnand, viens-tu fou? »
N’empêche qu’il venait peut-être de me sauver la vie, on ne le saura jamais.
Derniers conseils : à ne pas dire pour ne pas gâcher l’été : ces champignons sont inoffensifs, je ne brûle pas, je bronze, pourquoi ne pas traverser à la nage? Voyons ce qu’il y a sous ce tronc pourri…
Vous savez quoi? Moi, j’aime toutes les saisons! En hiver, j’aime l’été et en été, j’aime l’hiver!