Le rôle des parents
Par Mimi Legault
Lorsqu’un lecteur (ou lectrice) me demande où je prends toutes mes idées pour écrire mes chroniques, je lui réponds en toute simplicité que je nous regarde vivre. J’observe, j’épie, je prends des notes. Puis, un jour, les eaux crèvent et j’accouche.
La pandémie m’a nourrie, veuillez me croire. Surtout les parents, ceux qui ne sont jamais ou rarement d’accord avec les décisions du gouvernement. Nooooon, mon p’tit ne portera pas de masque à l’école, ça le rend anxieux. Z’êtes sûre madame? Par hasard, je dis bien par hasard, ce ne serait pas vous qui étouffez et transmettez votre angoisse à votre jeune? On jase…
Je suis un parent et j’ai fait des gaffes avec les miens. Comme vous, j’ai appris sur le tas. J’ai également eu la chance d’avoir des parents qui avaient du bon sens. C’était doux de vivre avec des gens qui s’aimaient. Je me souviens d’une fois où ma mère m’avait dit : tâche de garder de bonnes manières, elles reviendront à la mode, un jour. Et cette liste qu’elle nous avait présentée intitulée : ce que j’aimerais parfois entendre de mes quatre enfants. Papa, maman vous êtes supers! La télé ne fonctionne pas? On s’en passera. Je reprendrais bien du brocoli. Je n’y tiens pas finalement, c’est trop cher. J’ai fait mon lit. C’est de ma faute. Cré Céleste…
Dernièrement, des parents manifestaient contre les mesures sanitaires du gouvernement avec leurs enfants. Un petit garçon suivait sa mère. Sa pancarte qu’il tenait traînait par terre. Ne venez pas me dire que c’était sa décision. Les parents auraient avantage à se souvenir que rien n’est plus contagieux que l’exemple, le mauvais comme le bon. Nul ne prêche mieux que la fourmi; et elle ne dit rien!
Lorsque j’étais ado, un père de famille qui venait d’entendre son fils dire un gros mot lui avait lancé : crisse, que je ne t’entende jamais sacrer!
Une idée comme ça, on devrait ouvrir des classes pour parents inadaptés.
Trop de parents veulent devenir l’ami(e) de leurs enfants. Erreur. La meilleure école, c’est le foyer familial. Des parents présents physiquement qui préfèrent l’écran plutôt que le dialogue, on en voit une tonne. De retour d’un voyage d’affaires de deux semaines, un père se plaignait de ce que ses trois enfants ne s’étaient pas ennuyés de lui. C’est parce que maman ne nous a pas dit que tu étais parti, avait répondu sa fillette de 6 ans. Et puis, ce n’est pas toujours évident pour eux. Cette pensée drôle qui en dit long, avant les parents avaient plusieurs enfants; aujourd’hui, ce sont les enfants qui ont plusieurs parents. Une petite fille à son amie qui vient de l’inviter à aller coucher chez elle : mon père a dit oui, ma mère, non. La nouvelle femme de papa a dit oui. Le chum de ma mère ne veut pas s’en mêler. C’est 2 à 1. Je vais aller chez toi ce soir.
On n’élève plus les enfants tant le niveau est devenu trop bas! J’ouvre ici une parenthèse pour affirmer que ce ne sont pas tous les parents que je mets dans le même sac. J’en connais de merveilleux, mais il me semble que leur nombre diminue au profit de d’autres que je trouve sans génie. C’est Tristan Bernard qui a écrit qu’il n’y avait pas d’enfants sots, il n’y a que des parents sots.
Votre enfant est beaucoup plus fort que vous ne pouvez le croire. Plus résilient aussi. Donnez-lui des ailes et des racines. Apprenez-lui à marcher seul. Plein de parents s’inquiètent de la réussite scolaire. Mais c’est quoi la véritable réussite? Il apprendra ce qu’il peut apprendre. On n’en fera pas tous des médecins, des avocats, des notaires. L’un de mes deux enfants détestait suprêmement l’école pour s’en confesser. Nous l’avons encouragé dans ce qu’il était bon. Non, pas d’université, le cégep et cela a forcé… Aujourd’hui, il travaille dans sa branche qu’il a choisie, il est heureux.
Je sais que mes propos en tant qu’ex-enseignante peuvent vous surprendre, mais si ce n’était que de moi, il n’y aurait plus jamais de bulletins. C’est assez la comparaison avec les autres! Mais comme dirait Marc Bergevin, on est encore loin de la Coupe!