Chronique d’une frustrée
Par Mimi Legault
Je résume la situation. Je suis dans le cabinet d’un médecin qui m’a opérée pour une tache brune sournoise sur l’une de mes jambes qui s’est révélée finalement bénigne. Elle examine ladite jambe : tout est parfait. La docteure retourne à son bureau. Encore assise sur la table d’examen, je lui fais remarquer qu’elle n’a pas regardé l’autre jambe. Elle me fixe, étonnée. J’observe seulement celle qui a été opérée, me dit-elle. Oui, que je réponds, mais ça ne prendrait que quelques secondes pour… Rien à faire. Deuxième cas. Je suis orpheline de médecin depuis trois ans. Je m’informe à quelle place mon nom se trouve sur la liste : je peux compter un autre trois ans, me répond-on. Comme j’avais 2-3 choses à faire vérifier médicalement, ne serait-ce qu’une prise de sang, je téléphone au 811, j’obtiens un rendez-vous. La dame me répète (et répète) que la visite ne devra durer que dix minutes et que je devrai parler au médecin que d’un seul problème.
Je me rends à la clinique. C’est exactement ce qui s’est produit. Dix minutes, pas plus et le médecin en question m’a bien spécifié de choisir entre les deux sujets dont je voulais lui parler. Merci, bonjour. Je tiens à affirmer ici que je n’ai aucun reproche à faire à ces deux médecins. Ils ont été professionnels, attentifs. Rien à redire. Ils n’ont fait que ce qu’on leur demandait. N’empêche. N’empêche que je suis « fru » comme disent nos ados. Savez ce que ça signifie monsieur le ministre Dubé? Aie! Ho! Monsieur Dubé, vous m’entendez? Il y a des fritures sur votre ligne? Je vais parler plus fort : ça veut dire que pour régler mes trois problèmes, je devrai refaire le processus du 811 trois fois et que trois fois, j’irai chez le médecin. Donc, une facture triple qui aurait pu être réglée en une seule visite. Je n’ai jamais été très forte en maths, mais sortez votre calculatrice. Je-suis-FRU!!!
Un autre exemple? L’une de mes collègues devait se faire opérer pour des pierres au foie. Cela a traîné de mois en mois si bien que le tout a éclaté, elle s’est réveillée à l’hôpital (de la région) avec une occlusion. Quatre jours à jeun parce que d’autres cas plus urgents passaient avant elle. Une seule salle d’opération. Une seule! Je sais monsieur Dubé, vous devez en avoir plein le dos, je le sais… Mais que voulez-vous, je suis née à « broil » et le domaine de la santé est devenu « combustible ». Fa que…
Mais revenons à nos moutons. Il faut saisir le vrai langage médical. Si le médecin vous dit : il peut s’agir de plusieurs choses. Traduction : je n’ai pas la moindre idée de ce dont vous souffrez. Ou s’il s’exprime ainsi : j’ai envie de refaire votre analyse de sang. Ça peut se traduire par : « le labo a perdu votre prélèvement ». En tout cas. Comme dirait le bedeau de l’église : il y a quelque chose qui cloche. J’espère que le fait d’avoir enfin un médecin de famille ne sera pas considéré comme un gain à la loto ou une bénédiction alors qu’en réalité, c’est un droit fondamental pour l’humain d’être pris en main par la médecine.
Je pense surtout à certains patients atteints de troubles de mémoire ou neurologistes qui, à cause de l’attente interminable, sont passés sous le radar. Mais comme disait l’un de mes oncles qui aimait la dive bouteille : « mieux vaut avoir la maladie de Parkinson que l’Alzheimer, car c’est mieux de renverser un peu sa bière que d’oublier de la boire ». Même pas drôle, me direz-vous. C’est juste pour vous dérider…
Même les enfants refusent de jouer au docteur; je les comprends, ils trouvent ça plate de passer la carte-soleil dans une machine. Pour terminer, je vais vous prodiguer quelques conseils qui ne vous coûteront pas une cenne. Primo, si vous tombez malade, buvez beaucoup d’eau et restez hors de la portée des enfants. Secundo, soyez patients!!! Tertio, souvenez-vous que le pire moment pour faire une crise cardiaque est lors d’une joute de charades en action.
En espérant, que ma chronique ne restera pas dans le formol, j’ai ce souhait: santé vous bien!