Persévérer
Persévérer. Verbe intransitif. Continuer de faire ce qu’on a résolu, par un acte de volonté renouvelé.
On en parle dans les médias cette semaine, car c’est la semaine des « Journées de la persévérance scolaire 2021 ». Selon le dernier sondage Léger publié le 15 février et mené pour le Réseau québécois pour la réussite éducative (RQRÉ), 70 % des parents québécois sondés estiment que leurs enfants se sentent motivés face à leur cheminement scolaire. Je ne sais pas d’où vient cet élan d’enthousiasme « arc-en-ciel », mais entre vouloir y croire et être dubitatif mon cœur balance. Surtout que dans cette même étude, les « super parents » sondés sentent qu’ils peuvent, à raison de 76 %, « motiver leurs jeunes ». Je souhaite de tout cœur que ce soit une vérité représentative, et non un travail de relations publiques.
Ensuite… C’est peut-être une anomalie, mais entendre parler de jeunes de 10 et 11 ans qui auraient présumément fait une sorte de pacte pour mettre fin à leurs jeunes jours, ça me dit que la partie n’est pas gagnée. Quand j’accompagne en conseil de gestion nombre d’organisations qui œuvrent dans les services psychosociaux, qui ne savent plus où donner de la tête tellement elles ont des demandes de parents en détresse… et de jeunes au bord du gouffre… je me dis qu’il y a toujours un important lot de parents qui se sentent carrément démunis, et combien de jeunes qui sont tannés d’entendre qu’ils « s’adaptent bien » et qu’ils sont « résilients ».
Je trouvais important de parler de persévérance scolaire « lucide » cette semaine, mais je n’avais pas trop le goût de commenter le reste de l’actualité. Je ne voulais pas tomber dans le (ô combien tentant) cynisme, ni non plus donner dans la tristesse, mais entre l’histoire des enfants de 10 et 11 ans, et le drame de Montréal-Nord, digne du film « Colors », je me dis… où sommes-nous rendus lorsque nos enfants songent à mourir si jeunes, ou lorsqu’ils se font tirer dessus en pleine rue ?
Le facteur parental
Ça ramène la lumière sur le rôle de l’adulte comme modèle auprès des jeunes, et particulièrement celui de l’influence parentale. Invariablement… Ça me ramène à mes propres parents, mon enfance, mon adolescence, et à ma « non-persévérance », du moins scolaire. Les miens ont quitté l’espace physique depuis un moment, et pourtant, ils sont omniprésents, particulièrement ces dernières semaines. Récemment c’était la fête de l’amour, et je n’ai pu m’empêcher de penser à ma mère, celle qui incarnait cette fameuse persévérance et qui m’a accompagné dans mon cheminement scolaire. Je me souviens comme si c’était hier, je la vois, tout sourire, elle qui avait l’habitude de m’offrir des tonnes de petits bonbons en forme de cœur, ceux à la cannelle, d’un rouge brillant, plutôt piquant.
Il me semble qu’en ces temps singuliers et parfois aliénants, la chaleur réconfortante d’un parent, c’est plutôt rassurant, que l’on ait 6 ou 96 ans, qu’ils soient ici-bas où dans le firmament.
Il y a de ces moments où j’aurais envie de les prendre dans mes bras, ou de me faire prendre dans les leurs. Je ne sais pas si c’est la situation sanitaire qui exacerbe la nostalgie et stimule une réflexion, mais ces derniers temps je me réveille en me demandant si je leur ai dit assez souvent merci, ou encore que je les aimais, à part en fin de vie.
Merci à eux deux de s’être inquiétés toutes ces années, et de m’avoir donné le courage de continuer lorsque je n’avais que la perspective limitée d’un ado confus, et parfois troublé. Malgré mes difficultés à persévérer, vous ne m’avez jamais abandonné. Vous aviez rapidement compris que moi, l’adolescent tantôt instable et timoré, ce dont j’avais besoin, c’était l’opportunité d’exprimer mon unicité. Je ne voulais pas me faire sermonner, ni de me faire dire que ça allait bien aller…merci de l’avoir sitôt réalisé.
Ça m’aura pris quelques décennies pour comprendre que la plus grande sagesse est de savoir que l’on ne sait pas grand-chose, que le secondaire est secondaire, et que l’écoute active et altruiste est l’assise de la bienveillance et le point de départ du dialogue.