Faire amende honorable
Chronique d’un X
Au moment d’aller sous presse, les dés ne sont pas encore jetés et le vote aura lieu ce soir, lundi. Les Canadiens semblent se diriger vers un gouvernement minoritaire, mais les Québécois, eux, semble plutôt déterminés à appuyer massivement le Bloc Québécois qui devrait selon toute vraisemblance, faire un important retour en politique fédérale raflant au moins une trentaine de sièges selon les actuels pronostics. Avec la CAQ au pouvoir au provincial, on dirait une forme de « beau risque » asymétrique version 2019 !
La peur comme dernier recours
Je vous avoue, j’ai été plutôt déçu du ton de la campagne que j’ai trouvé moribonde, et vraiment crasse dans les derniers jours. Je me demande encore pourquoi les partis fédéralistes ont tous sorti l’épouvantail de la souveraineté pour faire peur aux gens et les décourager de voter pour le Bloc, au lieu de miser sur leurs propres idées. Sommes-nous en 1980 ? A moins que ce ne soit 1995… La vieille recette ne tient plus la route ; même des électeurs plutôt loyalistes de l’espace public n’ont plus peur de la notion d’indépendance, et sont même prêts à en débattre intelligemment, pourquoi alors, s’adonner à de telles bassesses lorsque les candidats sont censés représenter les Canadiens de toutes allégeances, incluant ceux qui critiquent l’actuel système ? On dirait que « We the North » s’applique seulement quand ça fait leur affaire, c’est une curieuse conception d’ouverture, surtout venant de partis qui menacent de s’ingérer dans la loi 21.
La diversité, elle n’est pas uniquement à Toronto et ne s’exprime pas seulement par la revendication du port de signes ostentatoires :
parfois elle s’exprime aussi par des idées qui ne cadrent pas toujours dans le moule à gâteau traditionnel canadien. Ne sommes-nous pas capables de parler ouvertement de fédéralisme nouveau genre et d’autonomie sans tomber dans les vieux clichés vides de réels argumentaires ?
Débats et campagne de monologues
Monologue selon Larousse : « Discours de quelqu’un qui se parle tout haut à lui-même ou qui parle seul longuement sans laisser la parole à ses interlocuteurs. » La cuvée des élections 2019 a été à mon sens, une valse de « Je » aseptisé, de laquelle la notion d’équipe a été évacuée. Ce que je retiens c’est surtout la courtisanerie partisane de bas étage de plusieurs politiciens qui ont carrément changé leur discours en français vis-à-vis leurs propos en anglais. Vous demandez-vous vraiment après ça pourquoi il y a du cynisme et qu’au final, on n’y croit plus ?
Dans un monde ou plus que jamais, il est essentiel de se parler pour mieux se comprendre, je trouve que l’on néglige souvent l’élément fondamental, celui que j’aurais aimé voir dans cette campagne : l’écoute. Souhaitons que ceux pour qui vous avez voté lundi sauront mettre de côté leurs différences et travailleront pour le bien commun, et non pour leur parti jusqu’aux prochaines élections, qui arriveront tristement plus vite que l’on pense. Je leur souhaite de relire le titre de ma présente chronique et de bien comprendre l’importance qu’il revêt : prenez acte et agissez en conséquence, car nous méritons mieux.