Anorak: Une microbrasserie authentique
Par Simon Cordeau
La microbrasserie Anorak, installée à Morin-Heights depuis juillet dernier, peut enfin brasser sa propre bière. D’ici deux ou trois semaines à peine, une dizaine de recettes originales seront disponibles en fût.
« Les prochaines semaines seront un sprint pour remplir les cuves de fermentation », s’enthousiasme Éric St-Martin, maître brasseur et copropriétaire d’Anorak avec Johanne Dubreuil et Anthonie Tremblay. Avec ce dernier, M. St-Martin développe ses recettes depuis quatre ans, en attendant de mettre la microbrasserie sur pied. « Elles sont prêtes. On les a testées sur le même système de brasse. Il y aura des ajustements, bien sûr. L’environnement d’une microbrasserie a toujours des différences. Mais les recettes sont déjà bien solidifiées », explique-t-il.
Le broue pub continuera tout de même d’offrir des bières invitées : Les Bières Philosophales à Mirabel et Sir John à Lachute. « Ils font des styles qu’on ne fera pas, c’est-à-dire des bières sûres pour l’un et des grosses IPA pour l’autre. Ce sont aussi des amis qui nous ont aidés, donc ça nous permet de les soutenir à notre tour », indique M. St-Martin.
Anorak, quant à elle, brassera des styles classiques.
Aussi authentiques possible
Kölsch, blanche allemande, blanche belge, brune anglaise, rousse, stout irlandaise… « On croit que la prochaine grande vague sera celle des styles classiques », explique le maître brasseur.
Il parle des bières développées en Europe et adaptées à leur région : des styles qu’il souhaite reproduire ici.
« La recette est adaptée à la minéralité de l’eau de la région où elle est brassée. La beauté, au Québec, c’est qu’on travaille avec des eaux très peu minérales à la base, donc on a seulement à en ajouter pour avoir la bonne minéralité. »
Mais M. St-Martin va plus loin pour respecter l’origine des bières qu’il brasse. « Si on brasse une blanche allemande, ça prend des malts allemands. Sinon ce n’est pas le même terroir, ni le même maltage, si on prend des malts québécois. » Même chose pour les houblons, les souches de levure utilisées, voire les techniques de brassage : tout doit être aussi fidèle que possible.
« Notre blanche allemande sera la plus authentique brassée à l’extérieur de l’Allemagne », illustre le maître brasseur.
D’où le nom d’Anorak, qui vient de l’argot britannique et qui peut être un synonyme de « geek » ou « nerd ». « Nous, on est des geeks de la bière. C’est pour ça qu’on va autant dans les détails. »
Prochains défis
Une fois que les brassins seront prêts et que les lignes de fût seront pleines, il sera ensuite possible d’acheter des canettes sur place. Et dès que la production sera suffisante, les canettes seront disponibles dans les épiceries et les magasins spécialisés.
« Le prochain défi sera de développer une bière digne de s’appeler la Morin-Heights », révèle M. St-Martin avec excitation. Celle-ci sera brassée avec l’eau de Morin-Heights, sans la modifiée, et avec des houblons et des malts d’ici.
Le maître brasseur se réjouit par ailleurs que son broue pub soit accepté par les gens du coin. « C’est facile de faire un projet et de ramasser les touristes qui passent. Mais pour que les locaux viennent, ça prend un effort. Tu dois démontrer que tu es capable de les servir. »