Vous avez frappé un chevreuil? Prévenez la police!
Par Lpbw
MONT-TREMBLANT – Mardi 26 novembre, vers 16h40, rue de St-Jovite. La scène n’est malheureusement pas inhabituelle. La circulation automobile est bloquée. Des véhicules, dont un camion Dodge Ram 3500, sont immobilisés, clignotants d’urgence activés. Au milieu de la chaussée, un chevreuil gît allongé sur le côté. L’animal est blessé. Gyrophares allumés, des autopatrouilles du Service de police de Mont-Tremblant arrivent sur les lieux quelques minutes plus tard. Puis détonation. Son 9 mm de service à la main, un policier a donné le coup de grâce à la bête pour abréger ses souffrances.
Le lendemain, Kino Marcenay, le conducteur du camion impliqué dans l’incident, a répondu aux questions de Point de vue Laurentides. « Je n’ai absolument rien vu. Il faisait noir, puis soudain bang! Quelque chose a percuté ma portière. J’ai eu peur un instant d’avoir heurté un passant. C’était plutôt un chevreuil qui venait de foncer sur mon camion. »
Les dommages matériels à son véhicule pourraient totaliser au-delà de 1 000$. Il sera fixé après avoir communiqué avec sa compagnie d’assurances.
« Les collisions véhicule/chevreuil, on en compte environ 50 par année sur le territoire desservi par le Service de police de Mont-Tremblant », nous a dit l’agent Éric Cadotte, chargé des communications au SPVMT.
Il nous a ensuite décrit la procédure, confirmant qu’un policier, au même titre qu’un agent de protection de la faune, pouvait tuer un animal grièvement blessé ou malade, avant d’ajouter: « Il est très important de savoir que quand on frappe un animal de plus de 25 kg (55 lb), on doit absolument aviser les policiers, sinon – si on quitte les lieux de l’accident sans le faire – c’est considéré comme un délit de fuite… On appelle ensuite la Voirie ou le Ministère des transports – selon l’endroit où gît la bête morte – qui viendra ramasser sa carcasse. »
Un liquide extrêmement toxique
Une croyance populaire veut que la chair prélevée de la carcasse d’un cerf de Virginie ou d’un orignal tué lors d’un impact avec un véhicule automobile soit envoyée dans des hôpitaux ou des cuisines populaires. Il n’en est rien.
« C’est illégal de récupérer la viande d’un animal tué lors d’une collision ou trouvé mort sur le bord de la route », poursuit l’agent Cadotte, expliquant qu’il y avait là un risque extrêmement élevé que cette chair soit déjà contaminée par un liquide contenu dans l’estomac de la bête qui pourrait avoir été perforé ou déchiré sous l’impact de la collision. « Ce liquide est extrêmement toxique pour l’humain, selon un renseignement que nous a transmis dans le passé le Service de la protection de la faune. »
La procédure habituelle est que les carcasses d’animaux tués lors d’un accident de la route sont envoyées dans un centre d’enfouissement.
Sur un coup de feu
Le policier tremblantois termine en confiant que ce n’est jamais de gaieté de cœur qu’on achève un animal blessé. « On le fait pour abréger ses souffrances. Quand on arrive sur les lieux de l’incident, on laisse un certain laps de temps à la bête pour voir si elle sera capable de se remettre sur ses pattes ou si elle n’a aucune fracture. Il arrive que l’animal récupère et reparte dans la forêt. Disons que sur les 50 collisions annuelles d’un chevreuil avec un véhicule sur le territoire de la ville de Mont-Tremblant, 20% se terminent sur un coup de feu. »
Quant aux routes surveillées par la Sûreté du Québec, la procédure en cas d’incident impliquant un animal de la taille d’un chevreuil ou d’un orignal – on en dénombre 6 000 annuellement au Québec, estime Isabelle Gagné, des communications au Ministère des transports – est sensiblement la même. Un policier de la SQ peut dégainer son Glock de service (de calibre 9mm) pour abréger les souffrances d’une bête blessée.
« La carcasse du chevreuil – ou de l’orignal ou même d’un raton laveur – est ensuite collectée par le Ministère des transports », mentionne enfin la sergente Isabel Des Groseillers, des communications à la SQ de la MRC des Laurentides, à Sainte-Agathe.
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