Une policière de Mont-Tremblant blanchie en déontologie
Par Lpbw
La plainte déposée contre une policière de Mont-Tremblant accusée d’usage négligent et inconsidéré pour la sécurité d’autrui de son arme de service, a été rejetée par le Comité de déontologie policière.
Dans un jugement d’une vingtaine de pages rendu le 5 mars dernier, le comité présidé par Me Jean Provencher a statué que, lors d’une opération policière à Saint-Faustin-Lac-Carré en septembre 2009, l’agente Geneviève Paquette, membre du Service de police de la Ville de Mont-Tremblant, avait utilisé son arme de service avec prudence et discernement et "qu’en conséquence, sa conduite ne (constituait) pas un acte dérogatoire à l’article 11 du Code de déontologie des policiers du Québec".
Rappelons les faits.
Le 13 septembre 2009, un vol d’essence survient à la station Ultramar, au 1757, Route 117, à Mont-Tremblant. Le véhicule suspect – un camion (pick-up) gris – est intercepté par deux policières, les agentes Myriam Fréchette et Geneviève Paquette, à bord de l’autopatrouille 34-01.
Pare-brise défoncé
Le camion s’arrête sur l’accotement de droite, sur la 117. Au moment où les agentes s’apprêtent à sortir de leur véhicule, le camion dans lequel prennent place deux personnes recule brusquement vers l’autopatrouille, en frappe violemment le devant et grimpe sur son capot jusqu’à ce que la roue arrière gauche défonce le pare-brise vis-à-vis la place du passager (l’agente Paquette). Surprises, les deux femmes voient le pick-up repartir vers l’avant.
Bien que secouées et malgré les dommages à leur autopatrouille, les policières repartent à la recherche des fuyards. Le camion suspect s’est engagé sur une route non éclairée de Saint-Faustin, bordée par la forêt. La vitesse de la poursuite, estiment les agents, varie depuis le début de l’incident de 70 km/h à 140 km/h, selon le secteur emprunté.
À la jonction des chemins du lac Quenouilles et du lac Godon, le camion s’immobilise une deuxième fois. L’autopatrouille en fait autant. À nouveau, le camion redémarre et accélère en marche arrière. Nouvelle violente collision avec le véhicule policier. Cette fois, ce sont les deux roues-arrières du camion qui grimpent sur le capot de l’auto. Le pick-up repart vers l’avant.
Constatant que leur autopatrouille est toujours en état de rouler malgré les dommages à sa carrosserie, les deux policières reprennent leur filature. Au détour d’une courbe, elles aperçoivent le camion immobilisé, la porte du conducteur ouverte, la lumière de son habitacle allumée.
Violence inouie
Les agentes Fréchette et Paquette sortent à leur tour de leur auto immobilisée à une vingtaine de mètres derrière le pick-up. L’endroit est sinistre et non-éclairé. Elles voient des ombres dans la forêt, entendent des bruits. À plusieurs reprises, elles somment les inconnus dont elles aperçoivent les silhouettes de se rendre, les mains en l’air. Aucune réponse, sinon du mouvement dans leur direction. L’agente Paquette intime l’ordre à la forme humaine qui s’est retournée brusquement vers elle, de montrer ses mains. Aucune réponse du suspect qui est toujours en mouvement. La policière se sentant en danger appuie sur la gachette. La forme visée crie qu’elle se rend et qu’elle saigne. Le suspect est une femme, Lyne Farrell, qui a subi une blessure mineure au niveau de l’abdomen. Aucun organe n’a été touché.
Quant à l’autre individu, il refuse toujours de se rendre et menace les policières qui attendent l’arrivée de collègues du SPVMT en soutien et de la SQ qu’elles ont pris soin d’alerter durant la poursuite. Quant à la passagère du camion, elle n’était finalement pas armée. Le conducteur du véhicule suspect a réussi à s’évanouir dans la forêt et l’obscurité. Il s’agit de son ami de cœur qui sera arrêté le lendemain dans une localité des environs.
Dans le jugement rendu au début du mois de mars, le Comité a noté à l’écoute des bandes audio de même qu’en prenant connaissance des échanges intervenus entre les deux policières, "que cette opération à risque et ponctuée de deux événements d’une violence inouie avait été conduite avec contrôle et sans céder à la panique, que les policières étaient justifiées de croire que les deux suspects qui refusaient de se rendre et, par surcroît, se rapprochaient de leur position pouvaient à nouveau les agresser au point de mettre leur vie en danger."
Plus loin dans le rapport, on peut lire: "… De l’avis du Comité, dans ce contexte, la policière (Geneviève Paquette) n’avait pas à attendre une troisième fois une possible agression grave avant de prendre les mesures pour protéger sa vie."