Procès Turcotte:«Je les croyais tous morts»

Par France Poirier

AUDIENCES. Marguerite Fournier et son mari se sont rendus à Piedmont le 21 février 2009 parce qu’elle s’inquiétait de son fils. Lorsqu’ils sont arrivés sur les lieux, elle a constaté que tous les stores étaient fermés et qu’il n’y avait pas de réponse. Elle a cru qu’un malheur s’était produit. «Je les croyais tous morts. Il n’y avait pas de vie là, c’est ce que j’ai pensé», a souligné la dame de 70 ans lors de son témoignage mercredi au palais de justice de Saint-Jérôme.

C’est que la veille, soit le vendredi 20 février 2009, elle avait eu une conversation avec son fils qui a duré environ une heure. «Nous n’avions pas eu de nouvelles de la semaine, alors j’ai décidé de l’appeler puis la ligne s’est coupée. Il m’a rappelé une quinzaine de minutes plus tard», raconte la mère de Guy Turcotte.

Elle se souvient que la conversation était mêlée. Il est revenu plusieurs fois dans la conversation sur le voyage à Whisler qu’il avait fait avec sa petite famille et ses parents et qui ne s’était pas très bien passé en raison de la relation tendue entre la mère et la belle-fille.

«Sa voix était basse et étouffée au téléphone. Il a aussi dit à plusieurs reprises je t’aime maman et dit à papa que je l’aime ainsi que mes frères et sœurs en les nommant tous un à un». Il n’avait pas l’habitude de démontrer cette affection de cette façon. Sa voix était étouffée et j’ai pensé qu’il avait bu», explique Mme Fournier.

«Qu’est-ce qui se passe ce soir?»

Inquiète de son discours, sa mère lui a demandé qu’est-ce qui se passe ce soir? «Il a éclaté et a dit : «Isabelle a un «chum». J’ai compris l’état de désolation. Il a répété à plusieurs reprises «dans ma maison, dans mon lit. Elle m’a démoli, ça fait dix ans que je suis malheureux», a témoigné Marguerite Fournier. Elle dit avoir tenté de l’encourager à tourner le dos à ça, elle comprenait que c’était difficile, mais qu’il fallait avancer. «J’ai l’impression qu’il ne m’entendait pas, il revenait toujours sur les mêmes choses comme un gars qui est en boisson», a expliqué Mme Fournier.

La conversation s’est terminée lorsqu’il a entendu sa mère bâiller au bout du fil. «Maman, tu es fatiguée va te coucher», lui aurait-il dit. Elle était inquiète, mais comme son mari était absent, elle ne s’est pas déplacée le soir même. Lorsque son mari est arrivé à la maison vers 23 h 30, elle lui a raconté sa conversation. Celui-ci a tenté de la calmer en disant : «il est fatigué, il a probablement bu, demain ça va aller mieux». «Je craignais qu’il s’enlève la vie», a-t-elle ajouté.

Le lendemain, comme il ne répondait pas aux appels téléphoniques, les parents ont décidé de se rendre à Piedmont. «Lorsque j’ai vu les stores fermés, ç’a confirmé mes inquiétudes. Guy avait l’habitude en se levant de faire entrer la lumière, il ouvrait tous les stores, c’était sa marque. On a sonnés, cognés à la porte, mais rien. J’ai fait appel au 911. «J’ai pensé qu’il s’était suicidé. J’étais certaine qu’il n’y avait plus de vie dans la maison», a déclaré la grand-mère des victimes.

Liste de choses à récupérer

Un peu plus tôt mercredi matin, on a aussi entendu le témoignage de la propriétaire de la maison que louait Guy Turcotte à Piedmont. Louise Pesner est venue raconter qu’elle avait eu quelques contacts avec des membres de la famille Turcotte qui souhaitaient récupérer des effets de ce dernier dans la maison. C’était peu de temps après le meurtre des enfants alors que l’accusé était à l’Institut Louis-Philippe Pinel. Turcotte avait élaboré une liste de trois pages des objets à récupérer, pièce par pièce, dont trois pompes de savon, un sac de pommes de terre, deux câbles d’ordinateur, un CD de relaxation, un chaudron et un moulin à poivre. La famille est venue récupérer les biens de M. Turcotte.

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