Procès Turcotte: «Vous étiez cardiologue, vous saviez où planter un couteau?»
Par France Poirier
Audiences. «Vous avez donné 46 coups de couteau à vos enfants et vous n’avez pas été capable de vous en donner un», a souligné Me René Verret, procureur de la Couronne en contre-interrogatoire, mercredi.
L’accusé avait auparavant mentionné avoir voulu se suicider en prenant un couteau à deux mains vers l’abdomen. Il a même dit avoir une cicatrice de quelques centimètres, mais il a craint de se manquer. Puis, il a décidé de prendre du méthanol (lave-glace), mais ne se souvient pas de la quantité.
Me Verret a souligné la mémoire sélective de l’accusé. «Vous avez une bonne mémoire, M. Turcotte, vous vous rappelez facilement des dates».
Faisant référence à la journée du 20 février 2009 alors que l’accusé répète souvent ne pas se souvenir, Turcotte a mentionné à plusieurs reprises avoir des «flashs» sur les événements du 20 février, mais ne se souvient pas de tout». Confronté à son témoignage de mai 2011, Turcotte a acquiescé lorsque Me René Verret lui a dit; «le 20 février 2009, vous étiez un homme en colère, vous étiez un homme dangereux».
Il faisait des listes
«Huit jours après votre arrestation en 2009, vous avez laissé un message à Nathalie Lemelin à l’hôpital, vous vous en souvenez?» «Oui». «Votre message a duré 2 min 40, vous étiez cohérent à ce moment. Vous avez pensé à un chèque de 353$, à donner une calculatrice à une collègue. Comment avez-vous pu penser à ça quelques jours après avoir tué vos enfants?», a souligné le procureur.
«Je voulais mourir et je ne voulais pas que mes parents aient du trouble. J’étais enfermé 24 heures sur 24, j’avais du temps pour penser et je faisais des listes pour ne rien oublier. Faire des listes me permettait d’oublier les flashs qui me revenaient», a ajouté Guy Turcotte. Il a même dit à deux reprises que ça faisait partie de son côté obsessif compulsif.
Me Verret lui a aussi parlé de la liste des objets qu’ils avaient demandés à ses parents à récupérer à la maison de Piedmont. Il a répondu qu’il ne voulait pas qu’il y ait de traces de son passage dans cette maison.
Il a d’ailleurs dit que c’est pour cette raison qu’il avait demandé de rapporter un sac de patates lorsque le procureur en a fait mention. «On s’en fout des patates, c’était juste pour enlever tout ce qui m’appartenait dans cette maison», a expliqué l’accusé.
Fait à noter, tout au long de son témoignage, Guy Turcotte n’a jamais regardé les membres du jury et le procureur de la Couronne lui en a fait la remarque. «Vous regardez droit devant vous, je vous invite à regarder les jurés dans les yeux», a souligné Me Verret. Mais l’accusé n’a pas réagi.
La ronde des témoins experts pour la défense s’est entamée mercredi après-midi avec Anne-Marie Faucher, toxicologue judiciaire.