Lettre à mon agresseur

Par Lpbw

À toi qui a détruit mon enfance, mon adolescence, et une partie de ma vie adulte. Je dis partie, car maintenant, je suis sur la voie de la guérison avec beaucoup d’aide. Tous les matins, je pense à ce que je suis devenue à cause de toi.

J’avais seulement 4 ans la première fois que tu m’as gardé et que tu as posé tes mains sales sur mon petit corps d’enfant. Chaque matin, chaque nuit, j’ai l’image de ton visage qui hante ma tête et mes rêves. Je te faisais confiance et toi tu m’as manipulé.

Tu as décidé de penser à ton propre plaisir et d’être égoïste sans penser aux répercussions que tout ce que tu me faisais subir aurait sur ma vie. À cause de toi, j’ai dû cacher des choses à des proches. Je me suis enfermée dans mon monde et je n’ai que survécu jusqu’à maintenant. J’avance dans la vie comme un robot. Je commence seulement à savoir ce que c’est que d’être aimée et aimer pour vrai, car j’apprends à faire un peu confiance aux gens.

Depuis mon enfance, je suis figée à l’Intérieur et j’ai de la peine qu’on ne me comprenne pas, même après tes aveux. Tu m’as brisé. Toi, qui as continué de vivre ta vie sans te soucier de ce que je vivais à cause de toi. À cause de toi. Je suis une victime d’acte criminel, j’ai vécu de la solitude, de l’abandon, de la dépression, des migraines, de l’anxiété, une faible estime de moi. Je me retrouve à 35 ans en choc post-traumatique et en thérapie. C’est juste une petite partie des effets de mes agressions.

Je n’étais plus apte à travailler, encore moins avoir des relations amoureuses depuis plusieurs années, car j’avais enfoui ça très loin. Tu as tatoué quelque chose sur moi que je ne pourrai jamais faire disparaître. Je ne sens même pas que j’appartiens à mon corps, car tu me l’as volé quand j’avais quatre ans. Il y a une grande partie de moi qui est restée une petite fille qui cherche seulement à se faire aimer. Rien ne pourra effacer et réparer le mal que tu m’as fait surtout pas tes excuses, car je continuerai d’avancer dans la vie, mais avec des boulets aux pieds.

Je ne sais pas ce que la justice va décider pour toi, mais une chose est certaine, désormais nous sommes deux à ne pas dormir.

Cette lettre, écrite par la victime, a été lue lors des représentations sur sentence par Me Simon Lapierre procureur de la Couronne dans le dossier de Gwendeline Rousson.

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