Vente de la cabane à sucre Nantel en trois sections
Par Luc Robert
Même s’il a accepté une offre pour vendre les trois composantes de son immeuble, l’Hippolytois Patrick Morin devra patienter 180 jours avant de voir la transaction de la cabane Nantel se concrétiser.
Replacé sur le marché le 5 mars dernier sur les PAC.COM, l’emblématique établissement du chemin du Lac Bertrand a vu sa disponibilité prendre de l’ampleur, entre autres, lorsque Le Nord a publié sa photo lors d’un reportage sur les acériculteurs en difficulté. « J’ai accepté une promesse d’achat valide jusqu’au 7 novembre prochain, mais je ne suis pas encore passé chez le notaire. La propriété comprend trois secteurs, soit la maison privée, la cabane et l’érablière. J’ai fait lotisser mes lots en 2015, à la municipalité et à la MRC. Le projet permettra d’y bâtir une vingtaine de maisons résidentielles », a expliqué le sympathique homme d’affaires.
Celui qui accueillait souvent lui-même les clients dans l’enceinte de la salle à manger a été très affecté. « Les fournisseurs ne nous aident pas : on nous a chargé des pénalités, parce que notre établissement est fermé par la COVID ! Le commerce coûte cher en assurances, en propane, en électricité et en publicité inutile, puisque nous ne pouvions pas ouvrir. On nous a chargé même les permis de nourriture et de boissons. On n’opère pas et ils nous étouffent pareil. Je suis un petit commerçant, qui n’a eu droit à aucune subvention. J’ai juste pu obtenir un petit emprunt, que l’on va devoir rembourser pendant trois ans. La dernière année nous a affectés financièrement : ça équivaut plutôt à deux saisons de pertes. Ça nous a touchés dès mars 2020, au coeur de notre saison des sucres. »
Déjà éprouvé par un accident de moto en 2013 près de l’embranchement des ex-Jésuites, Patrick Morin a tout essayé pour poursuivre ses activités. « Depuis que je porte une prothèse de bois à la jambe, c’est compliqué. Avant, je déneigeais moimême la toiture de la cabane. J’avais mis la cabane sur le marché en 2013, mais c’est au printemps 2021 que je l’ai affichée intensivement. Mes filles ne pourraient même pas continuer nos opérations, avec tous les frais fixes. Et même si je la leur donnais, il y aurait le gain en capital à payer », a-t-il soulevé.
M. Morin avoue que les activités érablières n’étaient pas les plus rentables. « On avait la possibilité d’entailler 1 000 érables, assez pour fournir le dessert à la cuisine. Mais nos 200 places d’accueils se rentabilisaient lors de tenues de banquets ou de mariages. La saison des sucres, elle, s’échelonne seulement pendant huit semaines. Les réceptions et les fêtes nous aidaient. »
Patrick Morin songe à retourner à Ferme- Neuve, une fois la vente terminée. « Sur 240 cabanes à repas au Québec, 180 au maximum vont survivre. Rentabiliser ça en deux mois par année, ce n’est pas assez. C’est un groupe de financement qui se portera acquéreur. Tant mieux, car ces jours-ci, financer un restaurant est difficile. »
« Vendre me désole, surtout avec l’investissement que mon oncle Denis et mon père ont mis dans le projet au cours de plusieurs années. »