(Photo : nouveaumondeproductions)
Kijâtai et Laurence en enregistrement pour le balado.

Réalité autochtone | Un balado pour informer, mobiliser et inspirer

Par Ève Ménard

Le Wampum à deux voies est un symbole d’autodétermination et de coexistence chez certaines des Premières Nations. Sur celui-ci, on retrouve une rangée représentant le navire de la Couronne, alors que la seconde rangée symbolise le canot des peuples autochtones. Les deux embarcations naviguent ainsi côte à côte, sans jamais entraver la route de l’autre.

C’est ce qui a inspiré le titre du balado Voies Parallèles, produit par Nouveau Monde Productions, une compagnie fondée en janvier 2020 par Laurence Depelteau- McEvoy, résidente des Laurentides. La jeune femme de 29 ans et sa co-animatrice, Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo, cinéaste autochtone de la nation Anishnabe, possèdent deux bagages distincts. À l’image des embarcations symbolisées par le Wampum, elles marchent ensemble, dans l’échange et la collaboration, vers la même direction, soit celle de la réconciliation et de la guérison.

La naissance d’une alliée

Tout a commencé il y a 10 ans pour Laurence. C’est à cette époque qu’elle fait la connaissance d’une guide de paix autochtone, Michelle L. Gerrior, qui est tranquillement devenue son mentor. Cette rencontre l’a complètement transformée et lui a permis de se familiariser à la culture autochtone et aux savoirs qui lui sont propres.

Puis, le décès de Joyce Echaquan a suscité un besoin de traduire ses apprentissages par une prise d’action concrète. C’est à ce moment que nait le premier projet de sa nouvelle boîte de production : le balado documentaire Voies Parallèles, réalisé en étroite collaboration avec l’Assemblée des Premières Nations Québec Labrador (APNQL).

Surpasser l’ignorance

« Au fil du temps, j’ai réalisé que ce qui nous tient dans la souffrance collective et individuelle, c’est notre ignorance », exprime la Valdavidoise. Pour Kijâtai, il n’existe aucune recette miracle pour devenir un bon allié allochtone. Ça passe surtout par la volonté, justement, de dépasser cette ignorance et de s’éduquer. Pour ce faire, il y a plusieurs outils. Elle espère que Voies Parallèles, dont le lancement officiel aura lieu en septembre prochain, en deviendra un autre.

Informer, mobiliser et inspirer : ce sont les trois objectifs principaux du projet. La série est découpée en six épisodes et en plusieurs thèmes : gouvernance, leadership éthique et autodétermination, le territoire et les langues autochtones, l’éducation, la santé et les services sociaux, la justice et l’autodétermination, la jeunesse et la sagesse.

Chaque épisode contient des segments d’entrevue avec divers intervenants, dont Melissa Mollen Dupuis, Dominique Rankin, David Suzuki et Ghislain Picard. En tant que co-animatrices, Laurence et Kijâtai mettent en contexte les interventions et discutent ensemble afin de proposer des pistes de réflexion. « C’est un balado de type journalistique avec une connotation philosophique également », résume Laurence.

Guérison

Le terme réconciliation est majoritairement utilisé dès qu’il est question de rétablir les ponts entre la société canadienne et les communautés autochtones. Au-delà du mot et des belles paroles, Kijâtai perçoit la réconciliation davantage comme « une collaboration, une responsabilisation et surtout, une guérison », autant entre les nations qu’entre allochtones et autochtones.

Laurence abonde dans le même sens. « Nous aussi, les allochtones, on a besoin de guérir individuellement et collectivement, pour des raisons différentes, mais on souffre tous du système dans lequel on est actuellement. Fondamentalement on est tous des humains et on partage tous le même territoire. On a intérêt à s’unir pour défendre notre avenir. »

Lorsque Kijâtai était allée marcher à Montréal à la mémoire de Joyce Echaquan, elle raconte avoir ressenti beaucoup de solidarité. « Je me sentais moins seule que quand j’étais adolescente. » Dans la culture autochtone, il est souvent question du principe des sept générations, au coeur duquel on attribue de l’importance à la fois aux générations passées et aux générations futures. Malgré l’immense travail qu’il reste à faire, la cinéaste de 28 ans est très reconnaissante de tout ce qui a été accompli. « Je suis honorée de ce que mes ancêtres ont fait et je veux pouvoir offrir un monde dans lequel nous n’aurons plus à nous battre continuellement dans l’avenir. » Le balado est un nouveau pas, en route vers cet objectif.

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