Un Malade imaginaire moderne, mais à l’image de Molière

Par Daniel Calvé

Au Théâtre Gilles-Vigneault

Le 17 février 1673, Molière interprète pour la toute dernière fois, le personnage d’Argan dans la pièce du Malade imaginaire. Environ une heure plus tard, cette figure emblématique du théâtre s’éteignait.

347 ans plus tard, ce classique sera une fois de plus repris, cette fois sous la mise en scène de Martin Lavigne, fondateur de la Comédie humaine, et présenté au Théâtre Gilles Vigneault le 19 février prochain.

Martin Lavigne a eu envie de présenter cette pièce de manière différente. « Étant donné que Molière est mort à la 4e repré-sentation du Malade imaginaire, j’ai développé un concept qui permet aux spectateurs d’être témoins de cette dernière représentation, soit celle du 17 février 1673. Ça leur donne le privilège d’assister à cette représentation de la troupe de la comédie humaine qui va jouer le Malade imaginaire par le biais de la troupe du Roi. »

Tout est interconnecté dans cette adaptation, ce qui implique aussi que les acteurs doivent interpréter deux rôles. Pierre Chagnon interprète Molière qui interprète Argan. « C’est la continuité de la même personne. Molière, qui est très mal en point, va jouer Argan. La difficulté, c’est de jouer les deux facettes du personnage. Argan est un homme qui se croit malade alors qu’il est en très bonne santé tandis que Molière, le comédien et auteur de la pièce, est réellement malade, mais tente que ça ne paraisse pas. » L’acteur affirme qu’il s’agit d’un merveilleux défi.

Adapter un classique à l’ère moderne

La pièce originale dure 3 h 30. Le metteur a scène a choisi de couper tout ce qui était long, répétitif ou incohérent à l’époque. « J’y ai ajouté du modernisme. Ce qui fait que c’est un Malade imaginaire d’aujourd’hui, mais avec les costumes d’époque, la commedia dell’arte, la musique. J’ai tout mis ce que Molière aimait », affirme Martin Lavigne.

Pierre Chagnon, il y a une dizaine d’années, avait interprété le frère d’Argan, dans une autre reprise de la pièce. Il s’agissait cette fois-là d’une version complète et classique. Ce qui l’a intéressé de l’adaptation de Martin, c’était la différence avec ce qu’il avait déjà fait. « Ça va au punch. C’est à la fois très drôle et très touchant. », souligne-t-il.

Hommage à Molière, l’avant-gardiste

« Je termine avec un éloge vis-à-vis de Molière où on comprend ce qu’ont été ses batailles et pourquoi encore aujourd’hui, on le joue encore », soutient Martin Lavigne. En effet, quelques siècles plus tard, le Malade Imaginaire est rejoué, adapté, modifié, surtout parce que ses propos ne se démodent pas. « Tout au long de sa carrière, Molière a dénoncé le snobisme de la cour, les notaires, avocats et médecins qui abusaient des gens. Il y a encore des gens de pouvoir qui abuse du peuple. Le parallèle est très puissant », affirme le metteur en scène.

Pierre Chagnon souligne aussi qu’à l’ère du #MeToo, on réalise que Molière était un avant-gardiste en ce qui concerne la condition des femmes. « ll ne faut pas oublier que le père dans le système bourgeois, décidait qui allait courtiser sa fille. Alors que Molière, dans le Malade imaginaire, défend le choix amoureux. Il dénonce les mariages forcés. Au 17e siècle, il y avait cette incroyable modernité, ce côté visionnaire. »

Synopsis

Argan est un hypocondriaque qui absorbe toutes sortes de remèdes prescrits par de mauvais médecins, plus soucieux de lui soutirer de l’argent que de le guérir. Sa deuxième femme espère sa mort pour hériter. Sa fille, Angélique, est amoureuse de Cléante, mais Argan lui impose un médecin pour mari. (Source: TGV)

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