Stéfani Meunier est finaliste aux Prix littéraires du gouverneur général
Par Simon Cordeau
Le roman Une carte postale de l’océan est parmi les cinq finalistes aux Prix littéraires du gouverneur général, dans la catégorie Romans et nouvelles francophones. « Que ce soit ce livre-là, ça m’a vraiment fait plaisir, parce que ça parle de mon père. Je me disais, c’est comme si on était nominés ensemble. C’était un peu sentimental comme réaction. J’étais vraiment fière », raconte l’autrice Stéfani Meunier, résidente de Saint-Adolphe-d’Howard.
Le gagnant du prix est annoncé le mercredi 8 novembre.
Connaître son père
Dans Une carte postale de l’océan, la protagoniste est en deuil de son père. Elle trouve une photo de lui, qui date de plusieurs décennies, où il se trouve aux côtés d’amis qu’elle ne connaît pas. Elle devient obsédée par cette photo et ces personnes qui ont croisé la vie de son père.
« J’ai vu une photo et je me suis dit : ça serait peut-être intéressant qu’elle ne connaisse pas du tout ces personnes-là, et de faire une sorte d’enquête pour apprendre qui ils sont. En faisant cette enquête-là, ça changerait sa vie à elle. Comme si son père lui avait laissé un message à travers toutes ces personnes-là. Comme le passé qui a encore une influence dans le présent », raconte Mme Meunier.
L’écrivaine avait elle-même une « relation particulière » avec son père. « C’était vraiment quelqu’un de qui j’étais très proche. Comme si c’était la seule personne au monde qui me connaissait vraiment. Les autres vont connaître des petits morceaux de moi, selon ce que j’explique, ce que je dis, ce que j’écris aussi. Lui, je n’avais pas vraiment besoin de parler. »
Plusieurs éléments du roman sont autobiographiques, comme l’enfance et le père, confie Mme Meunier. Les personnages de la photo, qu’on découvre, sont cependant fictifs. Toutefois, l’autrice n’aime pas l’étiquette d’autofiction qu’on pourrait lui accoler. « L’autofiction, pour moi, on dirait que ça n’existe pas. Parce qu’on parle toujours de nous-mêmes. Pour moi, c’est de la fiction, même si je me sers de ce que je vis, de mes souvenirs ou de mon enfance. Parce que ce que je choisis, évidemment, il faut que ça serve l’histoire. »
Deuil quotidien
Pour l’écrivaine, la mort n’est jamais très loin. « C’est vraiment quelque chose qui m’a toujours obsédée. Même quand j’étais petite, très jeune, je n’avais pas hâte de vieillir. Je trouvais déjà que ça allait trop vite ! », confie-t-elle. Mais il n’y a pas que la mort : elle parle aussi de « tous les petits deuils de la vie ».
« Le fait d’écrire, personnellement ça m’aide beaucoup, parce que ça laisse une trace. » Pour Mme Meunier, c’est une façon d’exister le plus longtemps possible, puisque cesser d’exister est inconcevable, explique-t-elle. « C’est sûr que si je peux toucher juste quelques personnes, qui vont en toucher quelques autres, ça donne quand même une certaine durée qu’on n’a pas nécessairement. Une certaine portée, aussi, parce que je peux toucher des gens que je ne rencontrerai jamais. J’aime bien cette idée. »
S’enraciner
« Très jeune, j’ai toujours eu besoin d’avoir des racines, comme acheter une maison. Être dans un environnement précis, on dirait que ça me rassure », raconte l’écrivaine. Après avoir grandi à Montréal, elle choisit le village de Saint-Adolphe-d’Howard pour s’installer. « Je suis une fille de nature plus qu’une fille de ville. J’aime bien les petits villages où, justement, on crée des liens facilement. On connaît tout le monde, et tout le monde nous connaît », illustre-t-elle.
Dernièrement, elle s’est aussi acheté une petite maison dans les Caraïbes, à Roatán au Honduras. Elle souhaite éventuellement y passer la moitié de l’année. « J’haïs l’hiver. C’est beau, l’hiver. J’aime ça, à l’intérieur devant un feu de foyer, avec un verre de vin. Si ça pouvait durer seulement deux mois par année, je serais vraiment contente », confie-t-elle en riant.
Ce qui l’a amenée dans les Laurentides, ce sont plutôt les lacs. « Ça me prend de l’eau. Je me baigne, je nage. Je fais du bateau, je pêche. J’adore ça. »