SLÀV, la reconnaissance méritée
Par Martine-laval
Le spectacle SLÀV, issu du projet musical de Betty Bonifassi, Chants d’esclaves, chants d’espoir qu’elle avait magnifiquement présenté au Théâtre du Marais en mars 2015 et duquel elle désirait voir naître un événement à plus grand déploiement, a finalement pris place au Théâtre Gilles-Vigneault les 22 et 23 janvier. Salle comble les deux soirs, ovation du public en finale, l’artiste a enfin pu ressentir la reconnaissance pour le travail accompli.
En créant cette œuvre qui lui a demandé des années de recherche, Betty Bonifassi n’avait qu’un désir : rendre hommage aux chants que les peuples opprimés départis de toute dignité chantaient à l’unisson pour se donner courage, dans l’espoir de recouvrer un jour leur liberté. Grâce au visuel en toile de fond à travers lequel on reconnaît la touche créative du metteur en scène Robert Lepage, le public se replongeait certes dans l’histoire qui aurait tout aussi bien pu se superposer aux scènes actuelles d’exploitation, d’esclavage et de traite humaine, homme, femme et enfant, dans un monde que l’on ose qualifié de civilisé.
«On se plaît souvent à croire à tort que l’esclavagisme est chose du passé, clamait Betty Bonifassi lors de son tour de chant d’esclaves en 2015. La réalité est qu’il y a encore de l’esclavage aujourd’hui, et plus la crise économique se creuse, plus il y en aura. C’est ça que je sens et c’est pour ça que j’ai voulu faire ce projet. Je sens qu’il y a un retour de la prise de pouvoir sur l’humain comme main-d’œuvre et non comme humain.»
SLÀV ne tenait pas tant de la performance de ses actrices-chanteuses sur scène, que de l’émotion et des messages qui s’en dégageaient. Lors de l’ovation, on a vu une Betty Bonifassi humble et vulnérable, profondément touchée par la reconnaissance qui lui était enfin témoignée, confirmant qu’elle avait bien fait de tenir bon.
