(Photo : Christinne Muschi)
David Laferrière, directeur général et artistique du Théâtre Gilles-Vigneault.

Salles de spectacles : Premières à fermer, dernières à ouvrir

Par Marie-Catherine Goudreau

Les théâtres sont à nouveau parmi les premiers à fermer en raison de la pandémie, alors que les salles reprenaient tout juste leurs activités. David Laferrière, directeur général et artistique du Théâtre Gilles-Vigneault (TGV) s’est dit « très déçu » et « sous le choc » de cette nouvelle apprise le 28 septembre dernier.

Au fil des derniers mois, le TGV avait su s’adapter et avait développé des méthodes pour recevoir ses spectateurs de façon sécuritaire. La programmation de spectacles pour l’automne avait été dévoilée il y a quelques semaines et on y trouvait des artistes comme Sam Breton (Projet parallèle), Dominique Fils-Aimé, Luc De Larochellière et Andrea Lindsay, Marie-Johanne Boucher (J’t’aime encore) et bien d’autres. Tous ces spectacles ont dû être annulés alors que le théâtre se trouve dans une zone rouge (MRC de la Rivière-du-Nord), où les mesures sanitaires sont plus sévères.

En dialogue avec le gouvernement

David Laferrière, qui est aussi président de l’Association professionnelle des diffuseurs de spectacles (RIDEAU), croit qu’une pression doit être faite au gouvernement pour prouver que les théâtres sont des lieux sécuritaires qui n’ont pas fait l’objet d’éclosion.

« Nous avons tout juste passé à travers 3 semaines de spectacles gratuits et nous commencions notre programmation d’automne, souligne-t-il. Nous ne savons pas ce qui nous attend pour la suite, mais nous sommes en dialogue constant avec le gouvernement et je crois que nous sommes entendus, mais il est certain que le mois d’octobre nous servira à démontrer que nos lieux sont sécuritaires et sans risque de propagation. »

Les répercussions

« Les conséquences de cette fermeture sont larges, mais elles se font surtout ressentir par l’épuisement des équipes. D’une part, nous avons travaillé fort pour établir une nouvelle programmation, nous nous sommes réinventés comme on nous l’avait demandé, mais nous devons fermer nos portes à nouveau », déplore M. Laferrière.

Un des éléments qui inquiète le directeur du théâtre est le lien de confiance qui commençait à s’établir avec le public. Depuis la pandémie, les gens étaient en effet plus réticents à acheter des billets et l’équipe du théâtre a dû faire beaucoup de sensibilisation pour gagner la confiance des spectateurs. Toutefois, le gouvernement envoie désormais un autre message en obligeant la fermeture des salles. « Je suis très inquiet, particulièrement à savoir si les gens voudront revenir voir des spectacles si nous pouvons ouvrir éventuellement. Est-ce que les gens vont perdre cette habitude ? Est-ce qu’ils auront peur ? C’est ma plus grande préoccupation. »

Selon David Laferrière, c’est toute une chaîne économique « importante et complexe » qui est affectée, allant des artistes jusqu’au diffuseur. « Réjouissons-nous si d’autres secteurs peuvent continuer leurs activités, mais c’est certain que nous sommes déçus d’être toujours les premiers à fermer et les derniers à ouvrir, alors que des centres commerciaux peuvent continuer à opérer », soutient-il.

La suite

Bien que le théâtre Gilles-Vigneault n’est pas « en péril » et que son équipe permanente continue de travailler, l’avenir incertain inquiète le directeur. Ce dernier croit cependant qu’il est important de rester actif, par exemple en présentant des spectacles par captation. Il a notamment parlé d’un projet au mois de décembre qui pourrait se faire même si le théâtre était fermé. Il s’agirait d’une rencontre entre un groupe de musique et un orchestre qui pourrait se faire virtuellement si la situation l’oblige. « Une chose est certaine, c’est que nous n’allons pas arrêter d’être actifs ! Mais je ne crois pas que nous allons nous lancer à corps perdu dans le numérique », conclut M. Laferrière.

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