Les rencontres de tous les possibles
Par Martine-laval
Gabriel et la montagne
Gabriel et la montagne est un drame franco-brésilien inspiré de l’histoire vraie d’un ami d’enfance du réalisateur brésilien Fellipe Barbosa dont le scénario retrace de façon très documentée les soixante-dix derniers jours du tour du monde de l’étudiant brésilien Gabriel Buchmann.
Du Kenya au Malawi, le long d’un parcours qui le conduit au sommet du Kilimandjaro, souhaitant vivre au plus près des autochtones, il tente de s’affranchir de son statut de touriste. C’est alors qu’on assiste au tissage d’une grande toile d’amitié faite de rencontres improbables. Un film d’un grand humanisme.
Une réalisation ardue
À travers ce « marathon africain » que Gabriel s’était mis en tête d’accomplir au nom d’une recherche personnelle dont lui seul connaissait la provenance intérieure et la profondeur, c’est toute une chaîne humaine composée de rencontres riches et généreuses qui s’est tissée sur son passage au fil de son voyage. Afin d’honorer cet ami d’enfance qu’il avait connu plutôt timide et introverti, Fellipe Barbosa a refait le chemin deux fois plutôt qu’une afin de retracer l’aventure que Gabriel, décédé au cours de son périple, avait écrite à travers les courriels qu’il envoyait à sa famille et à son amoureuse, dans son journal de bord et photographiée dans son iPad.
C’est ainsi qu’il a d’abord parcouru sept pays d’Afrique où il a cherché de façon obsessive à marcher les mêmes chemins, habiter les mêmes lieux, et retrouver les vraies personnes avec lesquelles Gabriel avait tissé sa toile d’amitié.
« Peu à peu, j’ai compris qu’une règle s’imposait : il fallait tourner aux vrais endroits, avec les vrais personnages, explique le réalisateur en entrevue au cinéma du Carrefour du Nord après le visionnement de presse du film. Après chaque rencontre, j’avais l’impression que Gabriel avait fait le casting du film. Ils étaient tellement beaux et charismatiques et magnétiques, de beaux personnages quoi. Je faisais les essais et les répétitions avec eux et ça marchait bien. Alors, j’ai continué jusqu’au bout. Mais ça a été parfois difficile de les retrouver. »
Les personnes qui ont croisé la route de Gabriel interprètent à quatre ans d’écart leur propre rôle, utilisent les vêtements du défunt, et le réalisateur se base sur les photographies prises par celui-ci.
Fellipe, entouré pour son voyage de tournage d’une équipe de 18 personnes, a filmé les séquences tout au long d’un parcours de plus de 6000 kilomètres parcourus en camion-bus, dans quatre des sept pays d’Afrique (Ouganda, Rwanda, Burundi, Zanzibar) où Christina, l’amoureuse de Gabriel, a grandement contribué à reconstituer les scènes et étoffer le scénario. Le film est d’une grande sensibilité et d’une grande beauté photographique.
Gabriel et la montagne sera diffusé le lundi 30 octobre, 13 h, 16 h, 19 h, 21 h 45, au cinéma du Carrefour du Nord.