Les acteurs Éric Bernier et Véronic DiCaire, aux côtés du réalisateur Guillaume Lambert. (Photo: Simon Cordeau)

Niagara : « Pleurer et rire, pour moi, c’est la même chose »

Par Simon Cordeau

Comédie ou tragédie? Niagara, le deuxième long métrage de Guillaume Lambert, est d’abord un film sincère, où trois frères reprennent contact après la mort prématurée de leur père, et où ils tournent la page sur les difficultés passées.

« Avec Niagara, j’ai essayé de faire une carte postale qui aurait un peu jauni, pour témoigner de cette famille-là qui réapprend à communiquer », explique le réalisateur, de passage à Sainte-Adèle pour la première de son film au cinéma Pine. Niagara prend l’affiche vendredi, 16 septembre.

C’est aussi le premier rôle de François Pérusse. « Sa confiance est probablement le plus beau des cadeaux. Ça venait avec une grande responsabilité », confie Lambert. Mais le convaincre n’a pas été difficile, admet-il. Pérusse avait déjà fait la narration de son premier film, Les scènes fortuites, en 2019.

« J’étais fasciné. Même si c’est quelqu’un d’extrêmement drôle, je trouvais qu’il y avait une espèce de mélancolie dans son regard. Il y avait une gravité dans son visage que j’avais envie de filmer. »

C’est d’ailleurs sur le visage triste et résigné de Pérusse que s’ouvre Niagara. « C’est un homme au-dessus du pont de la chute Montmorency qui vient de tout perdre. Il songe à se jeter en bas, mais il apprend au même moment que son père est décédé », raconte Lambert.

L’ironie des « morts niaiseuses »

Pour construire son film, Lambert s’inspire aussi d’un fait divers où, autour de 2014, des gens étaient décédés en faisant le Ice Bucket Challenge. « Ils voulaient épater la galerie avec des trop grosses chaudières. Ils se sont cassé le cou », raconte-il. « J’aimais l’ironie de la chose. Je suis fasciné par les morts niaiseuses et sournoises. »

Ce mélange, entre humour et drame, sous-tend tout le film. Le personnage d’Alain, joué par Pérusse, incarne bien cette fusion. « Je connais beaucoup de gens qui, comme lui, font des jeux de mots pour s’en sortir socialement. C’est un personnage qui fait toujours des blagues, mais qui est triste à l’intérieur », illustre le réalisateur.

Autant les blagues viennent désamorcer les moments tragiques, autant les moments légers donnent de la gravité et de la sincérité aux scènes dramatiques. Mais pour Lambert, c’est l’expression d’une même émotion. « Je trouve ça fascinant quand il y a des gens qui rient et d’autres qui pleurent avec la même image. […] Pleurer et rire, pour moi, c’est la même chose. J’aime beaucoup faire cohabiter les deux. »

En passant de l’un à l’autre sans avertissement, Lambert aime aussi créer la surprise. « J’aime beaucoup les cassures, dans mon montage et dans la musique aussi. On tombe dans la scène à chaque fois. Il y a un effet comique, et ça maintient l’attention du spectateur. »

Solitude et nostalgie

Niagara est d’abord une histoire de famille. Les frères Alain (François Pérusse) et Léo-Louis (Éric Bernier) font un roadtrip jusqu’à Niagara Falls pour retrouver leur frère Victor Hugo (Guy Jodoin), pour les funérailles de leur père Léopold (Michel Sabourin). Dans la cinquantaine, seuls et frustrés, ils tentent de reconnecter.

« Ils ont des problèmes de communication entre eux. Mais parce qu’ils finissent par parler avec le cœur, finalement tout le monde se comprend », illustre le réalisateur.

Les personnages doivent aussi faire la paix avec leur passé. C’est pourquoi les chutes Niagara sont devenues le décor de l’histoire. « Niagara veut dire « le tonnerre des eaux ». Donc ce grondement intérieur m’a beaucoup inspiré pour la psychologie des personnages. Et ça représente beaucoup les endroits qu’on visitait en famille dans les années 1970-1980 et qui ont un peu perdu de leur lustre. »

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