Photo : Frédérique Ménard-Aubin

Musique : Émile Proulx-Cloutier met sa main au feu

Par Rédaction

Par Joëlle Currat

L’auteur-compositeur-interprète revient sur la scène du Théâtre du Marais avec un spectacle intimiste. Même seul au piano, il y a fort à parier qu’il arrivera à nous émouvoir et nous éblouir avec sa voix et ses textes percutants.

Émile Proulx-Cloutier semble posséder tous les talents : comédien, metteur en scène, réalisateur et documentariste, on a pu le voir jouer dans de nombreux films et séries télévisées (La Bolduc, Avant le Crash). Celui qui est aussi auteur-compositeur-interprète a su créer au fil des années un univers musical bien à lui. Après trois albums salués par le public et la critique, il se produira sur la scène du Théâtre du Marais les 18 et 19 janvier. Chansons récentes et plus anciennes, contes et slams figurent au programme de ce spectacle où l’artiste se lance seul en scène avec un piano et des percussions. Entrevue.

JC : Sur votre plus récent album Ma main au feu, on a beaucoup fait l’éloge des orchestrations et des arrangements musicaux. Quels sont les défis à relever quand on se produit ensuite seul sur scène au piano ?

EP-C : Je m’autorise toutes les réinventions. Pour moi, les disques et la scène représentent deux aventures et deux médiums différents. Je mets beaucoup l’accent sur les orchestrations et les arrangements musicaux lors de l’enregistrement de mes albums. Quand je me produis sur scène, je tiens à me départir de tout cela pour revenir à l’essence même de la chanson. D’autre part, seule la scène permet d’avoir accès à des éléments qu’on ne retrouve pas ailleurs, comme la présence physique, le regard, les interventions entre les chansons et l’éclairage, entre autres. Je reprends donc le matériau de base, mélodies et textes, et je crée une nouvelle œuvre sur scène.

Vous vous produisez souvent dans de grandes salles. Quels sont les avantages de chanter dans des salles plus petites comme le Théâtre du Marais ?

C’est un lieu que j’aime beaucoup. Ce nouveau spectacle a d’ailleurs été créé à cet endroit. J’y ai passé une semaine l’automne dernier avec mon équipe à concevoir ce spectacle. En y retournant, c’est comme si je retrouvais son lieu de naissance. Peu importe la grandeur des salles, le défi lors d’un spectacle consiste à inclure tout le monde. En ce qui me concerne, je tiens à ce que chaque personne se sente proche de la scène et « entre dans la bulle », même si elles sont assises au dernier rang.

D’où vient le titre de votre plus récent album Ma main au feu ?

Pour moi, c’est une image qui renvoie à la prise de risque, au fait de se réengager dans le monde comme citoyen, comme amoureux, comme créateur. Je voulais aussi établir un lien avec la tournée précédente qui s’intitulait À mains nues.

Que ce soit sur votre plus récent album ou sur scène, on loue votre capacité à vous livrer totalement dans vos interprétations, passant souvent de la douceur à l’intensité. On peut imaginer que le fait d’être comédien vous aide à jouer les textes de vos chansons ?

C’est sûr que ma formation en théâtre m’aide à habiter la scène et à en comprendre les codes. Ceci dit, il y a un aspect du métier de comédien dont il faut faire abstraction quand on chante. Il existe une forme de pacte avec le public qui se déplace et vient nous voir. L’échange se doit d’être vrai de part et d’autre. Il est primordial que je montre mes parties vulnérables et fragiles en spectacle. C’est ce qui permet aux spectateurs de faire un voyage en eux-mêmes et de se connecter aux autres. Mon but est de faire en sorte que les gens ressortent de la salle plus vivants que lorsqu’ils y sont entrés.

Est-ce que, par ailleurs, l’auteur-compositeur-interprète influence le comédien ?

Oui, dans le domaine de l’écriture de chansons, je suis maître de ce que je dis, des histoires que je raconte. Mon registre est beaucoup plus étendu. Je peux me mettre dans la peau d’une femme, d’un enfant, de personnes dont on ne m’offrirait jamais le rôle. Cela a eu l’effet de libérer mon jeu de comédien.

Quels sont les thèmes qui vous inspirent le plus dans l’écriture de vos chansons ?

L’intime et le collectif. La réinvention de l’amour et des façons d’aimer qui embrassent nos imperfections et celles de l’autre. Je parle aussi de tout ce qui nous consume : le travail, la performance et les achats. Le fait de s’accepter tels que l’on est fait aussi partie de mes sujets de prédilection, comme celui de créer des liens même quand c’est ardu, même avec des gens qui ne sont pas d’accord avec nous.

Qu’est-ce qui vous enrage le plus dans notre société ?

Je dirais la marchandisation de la colère. Au nom du spectacle médiatique, on suscite l’affrontement, le refus d’écouter l’autre, de percevoir la complexité des autres.

Et ce qui vous met du baume au cœur ?

Ce qui m’enchante, ce sont les initiatives d’humains qui font mentir les chroniqueurs. Ce sont des actions discrètes, parfois invisibles. Pour moi, le monde tient encore debout grâce à des gens qui choisissent malgré tout de faire la bonne chose sans le crier sur les toits. Quand on prend la peine de regarder, on voit bien qui prend soin de nous, qui s’occupe des personnes âgées, des enfants et de toutes les personnes qui vivent des difficultés dans leur vie.

Quelle est maintenant votre relation avec les Laurentides ? Est-ce que vous y venez souvent ?

C’est une région où j’ai vécu mon enfance. Que ce soit l’été ou l’hiver, j’ai passé beaucoup de temps dans des chalets, sur des pistes enneigées et dans des lacs, que ce soit à Val-Morin, à Val-David ou à Saint-Sauveur, par exemple. J’ai l’impression de retourner à la maison quand j’y vais.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour 2025 ?

Je dirais suffisamment de temps pour ce qui compte. Et de ne pas le perdre avec des peccadilles. J’ai beaucoup de projets à venir et je trouve que se souhaiter la santé, ce n’est pas banal, c’est même essentiel !


À mettre à l’agenda

Quoi : Spectacle Ma main au feu

Qui : Émile Proulx-Cloutier

Où : Théâtre du Marais de Val-Morin

Quand : Les 18 et 19 janvier 2025

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