Mon cirque à moi : Miryam Bouchard immortalise le souvenir de son père
Par Journal-le-nord
Miryam Bouchard n’avait que 5 ans lorsqu’elle a commencé à suivre son père, clown professionnel, en tournée à travers le Québec et en France. Elle était surtout sa présentatrice de spectacles et vivait une vie atypique pour une petite fille de son âge, dans les coulisses de la scène. Aujourd’hui, à travers son premier long-métrage en tant que réalisatrice, « Mon cirque à moi », elle révèle une partie de cette enfance unique et de ses défis.
Il y a déjà quatre ans que Miryam avait débuté le processus d’écriture de ce film, suivi de la période de financement et du tournage. La réalisatrice a perdu son père en 2009 et souhaitait immortaliser et raconter son souvenir à travers cette réalisation. « Dans le processus du deuil, nous réalisons que nous sommes le seul détenteur de souvenirs. […] Je me suis dit que si je voulais que ma fille sache d’où on vient, qui était son grand-père, ce que nous avons vécu, il fallait que je raconte cette histoire. »
Il ne s’agit pas non plus d’un copier-coller de sa propre vie, alors qu’elle s’est plutôt inspirée de certains souvenirs ou moments marquants pour scénariser l’histoire. À l’image du personnage de Laura, joué par Jasmine Lemée, Miryam Bouchard a aussi souhaité une routine plus stable et encadrée. « Il y a quelque chose de l’enfance, du « coming of age », qui est très touchant et que j’aime beaucoup », souligne la réalisatrice.
Une sortie sans « Bluckbusters »
Le film est arrivé sur les écrans le 14 août dernier, bien que plusieurs préfèrent reporter les sorties en raison de la pandémie. Pour Miryam Bouchard, cette initiative leur a plutôt permis de profiter d’une vitrine favorable. « C’est une belle chose pour le film parce qu’il peut vivre sur plusieurs écrans en ce moment, alors qu’en temps normal, nous jouerions du coude à coude pour avoir accès à tous les écrans. »
Dévoilant un film très personnel, la réalisatrice confie que le mot « nerveuse » est beaucoup trop faible pour décrire la fébrilité qu’elle a vécue à l’idée de présenter au public ce projet sur lequel elle a travaillé pendant des années. « Je n’étais pas cachée derrière le scénario de quelqu’un d’autre ou derrière une histoire fictive. […] Le film ne m’appartenait plus, il appartenait au public et il fallait que je le laisse aller. » Heureusement, les critiques ont été très favorables, le qualifiant notamment de « touchant », « charmant », ou encore « d’un baume pour égayer les jours sombres », ce dont elle s’est réjouie.
Des coulisses à derrière la caméra
Ces quelques années passées dans les coulisses de spectacles et sur les plateaux de tournage – son père était aussi comédien – ont orienté Miryam Bouchard vers le métier qui la passionne aujourd’hui. « J’ai compris très tôt qu’être sur la scène ou devant la caméra, ce n’était pas ma zone de confort. Je préférais être dans les coulisses et regarder les acteurs ou les artisans de la scène. » Cette expérience s’est plus tard traduite dans un désir de devenir réalisatrice. « Je suis derrière la caméra et je regarde les acteurs qui sont dans la lumière. Je reproduis exactement
ce que je vivais plus jeune. »
Qu’est-ce que cette enfance unique lui a-t-elle apprise de plus précieux? « Que la magie se retrouve partout. Nous pouvons créer et vivre des moments magiques en étant bien dans le moment présent avec les gens autour de soi. »
Synopsis
Depuis la mort de sa mère, Laura suit son père Bill, clown de profession, en tournée à travers le Québec. Cette vie de nomade ne plaît pas beaucoup à l’adolescente, qui aimerait mener une existence plus conventionnelle. Grâce à l’aide de sa professeure de mathématiques, elle caresse le rêve d’entrer dans un collègue privé. Son père n’est pas d’accord avec ce choix, croyant qu’on apprend bien davantage sur la route que sur les bancs d’école. Celui qui revendique haut et fort sa liberté et sa différence devra piler sur ses principes s’il veut conserver l’affection et le respect de sa fille unique.