MAC LAU: Une visite au musée
Par Simon Cordeau
Même si on peut admirer des oeuvres ou visiter des expositions en mode virtuel, rien n’égale la présence de l’art autour de soi lorsqu’on se rend au musée. C’est pourquoi, avec le déconfinement, une visite au MAC LAU s’impose.
Dès notre arrivée au Musée d’art contemporain des Laurentides (ou MAC LAU pour les intimes), nous sommes accueillis par des balles de laine. Certaines sont rangées dans des bacs transparents, et d’autres sont empilées, pêlemêles, multicolores, sur une grande table au centre de la pièce. Rosie Héroux en fait l’inventaire devant nous, en temps réel, avec le résultat de ses efforts écrit à la craie sur le mur derrière elle. 16 037 balles ont déjà été traitées. Parfois Rosie discute avec les visiteurs et répond à leurs questions.
Il s’agit d’un lot de laine appartenant à l’artiste Mariette Rousseau-Vermette, décédée en 2006. La résidente de Sainte-Adèle est une pionnière des arts textiles de renommée internationale, qui est pourtant méconnue dans les Laurentides. Deux de ses tapisseries sont exposées dans la même pièce, et une de ses oeuvres orne l’entrée du musée. Sur une petite télé, nous pouvons voir un documentaire avec l’artiste.
L’art prédit l’avenir
Ce projet fait partie de l’exposition permanente Quand la collection prédit l’avenir. L’idée est de rendre accessible au public le fonctionnement du musée : comment les oeuvres sont acquises, comment elles sont conservées et comment la collection évolue. Aussi, le musée réfléchit ouvertement à ses processus, en les mettant à la vue de tous et en s’inspirant des réactions du public.
Par exemple, l’inventaire des balles de laine permet aux visiteurs de découvrir Mariette Rousseau-Vermette, ses oeuvres et son processus de création. Certains visiteurs ont aussi offert au musée d’acquérir des tapisseries de l’artiste qu’ils possédaient. Et lorsque l’inventaire sera terminé, une partie de la laine servira à d’autres projets, comme la création de nouvelles oeuvres par des enfants.
Art nature
L’exposition Récits naturels occupe la salle principale du musée. La commissaire Aseman Sabet a invité plusieurs artistes à explorer l’interrelation entre la nature, son histoire et la nôtre, nos modes de pensée et nos valeurs, etc. L’oeuvre Nacre, de Celia Perrin Sidarous, mêle les codes de l’histoire naturelle, de la recherche et de la littérature scientifique à ceux de l’esthétisme et de l’art, en présentant des coquillages, des photographies, des livres et des tables-vitrines.
When It’s Fall, I Rest, de Caroline Monnet, est une sculpture en bois qui rappelle une carte topographique. En fait, il s’agit des courbes phonétiques des mots « Je me pose à l’automne » dans la langue autochtone Anishinaabemowin. L’artiste les a enregistrés auprès de Gilbert Crazy Horse Commanda, un gardien de la langue de la communauté algonquine de Kitigan Zibi, en Outaouais. L’oeuvre lie de manière émouvante les notions de territoire, d’histoire, de mémoire, d’héritage et d’identité.
D’autres oeuvres étudient les ectoplasmes ou explorent l’archéologie des baleines, mais je ne veux pas vous révéler toutes les surprises ici.
L’affect
Pendant que Jonathan Demers, directeur général et chef de la conservation, me donne une visite guidée du musée, il me rappelle que l’objectif de l’art n’est pas qu’esthétique. Il concerne d’abord l’affect : les émotions et les impressions qu’on ressent en voyant une oeuvre. « Ça peut être la beauté, oui, mais il y en a d’autres. » L’art contemporain est fait de réflexions, d’expérimentations, de recherches et de découvertes. Parfois, il ne faut pas chercher à comprendre, mais plutôt à ressentir.