M. Malin : Vivre de l’art urbain
Avec le lancement de la plateforme Makadam.art la semaine dernière, l’art urbain prend de plus en plus d’importance dans les Laurentides. Rencontre avec M. Malin, artiste graffiteur originaire de Sainte-Sophie.
« J’ai commencé à faire des lettrages de graffitis en 2005. Quand j’étais jeune, je dessinais des lettres dans mes cahiers. J’ai toujours aimé ça », explique M. Malin (nom d’artiste). Ce sont les artistes de Saint-Jérôme, Zeal et Meater, qui l’ont inspiré à se lancer dans l’art urbain. Ces derniers faisaient des projets avec la Ville et ils avaient notamment réalisé une murale en arrière du Tigre Géant.
Le début des graffitis
Lorsqu’il travaillait dans une auberge à Charlevoix, M. Malin a rencontré un ami avec lequel il s’est mis à faire de vrais graffitis – pas seulement dans les cahiers. « Je n’en avais jamais fait. On a fait des dessous de pont, et j’ai eu la piqûre. On a fait ça tout l’été », dit-il. Puis, au fil du temps, il a développé son style particulier, du lettrage à des personnages, en passant par l’art abstrait, les formes géométriques et les cartoons. Depuis maintenant une dizaine d’années, M. Malin vit de son art.
« Il y a toujours plein de projets qui s’enchaînent, surtout depuis le début de la pandémie, on dirait qu’il y a un engouement », souligne l’artiste. Selon lui, il y a plus d’opportunités pour réaliser des murales, surtout à Montréal. M. Malin en réalise autant pour des entreprises privées, les villes, les festivals ou encore pour des groupes de citoyens qui veulent embellir leurs ruelles. « J’ai acquis beaucoup d’expérience. Je fais plus d’une murale par semaine. Ça me fait du bien de faire ça, de peindre », dit-il.
« J’ai toujours fait du lettrage. Pour moi, un mot est le point de départ d’une composition. Après je peux déformer les lettres qui peuvent prendre des milliards de formes différentes », explique-t-il. L’artiste perçoit ses « lettrages comme des organismes ». « Chaque lettre étant un membre d’un corps, d’un tout. »
Projets locaux
C’est d’ailleurs M. Malin qui était à la direction artistique du Makadam Jam à Prévost l’année dernière, où plusieurs artistes se sont réunis pour réaliser des murales dans le tunnel sous la route 117 à Prévost. Cette année, il participait aussi au lancement de la plateforme Makadam.art, alors qu’il a réalisé une murale en direct sur un pilier.
« J’ai fait des recherches sur ce mur, et j’ai trouvé que c’était un vestige d’un pont pour le train Thrussel qui unissait les villages du nord à Prévost. Les gens utilisaient ce train pour aller skier, mais c’était aussi pour le transport de marchandises », explique-t-il. Il a choisi d’y inscrire les mots « union » et « mort ».
« Quand je fais un mur, je m’intéresse à la matière, aux détails, aux craques, aux défauts. J’essaye de mettre tout ça à l’avant dans mes compositions. J’aime qu’il y ait différents niveaux de lecture, et utiliser des formes et des couleurs inspirés de l’environnement autour », souligne M. Malin.
Sur la murale à Prévost, l’artiste a utilisé le bleu, le vert et le jaune pour rappeler les couleurs de la nature. Il a aussi utilisé les craques et les parties vides pour former les lettres. « J’aurais pu faire quelque chose de plus abstrait, mais je voulais jumeler les choses que j’aime et en même temps rendre honneur à cette structure, qui a plus de 100 ans », soutient-il.
La place de l’art urbain en région
Selon M. Malin, l’art urbain se développe de plus en plus en région, mais il manque d’ouverture par rapport à Montréal. « Les gens ne savent peut-être pas où aller voir des murales, mais il y en a beaucoup qui sont intéressés. Avec la plateforme, ça va permettre un pont entre les artistes muralistes et les citoyens », croit M. Malin. À Saint-Jérôme, où il y a déjà quelques murales au centre-ville, l’artiste estime qu’il faudrait faire plus de place à l’art urbain.