(Photo : Courtoisie)
Donald Stewart réside à Morin-Heights depuis 45 ans et nous raconte avec amour l’histoire de sa municipalité.

L’histoire de Morin-Heights, c’est la nôtre

Par Simon Cordeau

Ç’aura pris 5 ans à Donald Stewart pour documenter et nous raconter méticuleusement l’histoire de Morin-Heights, ses villages voisins, et la région des Laurentides. Lorsque j’ai reçu cet imposant ouvrage de 500 pages, je dois vous avouer que sa lecture me semblait… intimidante. Mais dès les premières pages, j’ai été captivé.

« C’est intéressant pour beaucoup de monde, l’histoire locale. C’est plus intéressant que l’histoire mondiale. On peut s’identifier plus facilement à l’histoire d’ici qu’à celle de la France ou de l’Angleterre », illustre M. Stewart. L’Histoire de Morin-Heights et des villages voisins, publié par Les éditions du Septentrion, est un véritable voyage dans le temps pour quiconque réside dans les Laurentides.

À bien des égards, l’histoire de Morin-Heights n’est pas si différente de celle des autres villages de la région, comme Saint-Sauveur, Val-David ou Shawbridge (aujourd’hui Prévost). Ses terres sont d’abord colonisées par des pionniers : des agriculteurs qui n’ont rien, mises à part la force de leurs bras et la sueur de leur front. Ils doivent défricher puis labourer leur terre pour espérer manger. En brûlant le bois coupé, ils produisent de la potasse, un engrais, pour faire quelques sous pendant les longs mois d’hiver. Mais comme ailleurs dans les Pays d’en Haut, la terre rocailleuse est pauvre et impropre à l’agriculture. Beaucoup quittent pour les terres plus prometteuses de l’Ontario ou du Manitoba.

L’arrivée du train, en 1895, change tout. Il permet à de nouvelles industries de s’implanter, comme la scierie de Joe Seale, qui sera le plus grand employeur de la municipalité pendant des décennies. Le train connecte aussi Morin-Heights au reste du monde, grâce au télégraphe qui l’accompagne et à la livraison plus facile du courrier et des colis. Surtout, il permet à la municipalité de profiter de l’industrie naissante du tourisme, qui deviendra une partie essentielle de son développement et de son économie, jusqu’à aujourd’hui.

Une histoire laurentienne

Outre l’histoire de Morin-Heights, M. Stewart consacre beaucoup de pages à ses villages voisins et au développement des Laurentides, en plus de donner des repères historiques, pour bien situer le contexte dans lequel le village se développe. « Tous les villages sont liés. Morin-Heights, Lachute, Shawbridge, Saint-Jérôme… c’est la même histoire, plus ou moins », souligne M. Stewart.

Par exemple, impossible d’expliquer le caractère bilingue de Morin-Heights sans comprendre la colonisation des Basses-Laurentides par les francophones et du comté d’Argenteuil par les anglophones. Et difficile de comprendre l’arrivée du train sans raconter l’industrialisation de Saint-Jérôme et de Lachute.

Ainsi, on découvre dans le livre une foule de détails savoureux sur les municipalités de la région. Saviez-vous que les premiers à s’installer dans le comté d’Argenteuil sont des loyalistes américains, qui fuient les États-Unis après la guerre d’indépendance? Saviez-vous que Saint-Colomban a été établi par des Irlandais catholiques? Qu’on a déjà cru que Lachute rivaliserait d’ampleur avec Montréal un jour? Que le Bonhomme carnaval a vu le jour à Sainte-Agathe, et non à Québec?

Le plus difficile, c’est d’imaginer les paysages laurentiens sans forêt, leurs arbres abattus et leurs terres défrichées pour l’agriculture. « Toutes les forêts ont repoussé maintenant. Entre Morin-Heights et Saint-Sauveur, il y a des arbres partout. Mais on a des photos qui montrent qu’il n’y avait presque pas d’arbres il y a 100 ans », s’étonne l’historien.

Lettre d’amour

Ce livre est loin d’être un froid traité d’histoire. On a plutôt l’impression que Donald Stewart nous raconte une histoire. On sent tout l’amour qu’il a pour la municipalité qu’il a adopté et où il réside depuis 45 ans.

Et même si Morin-Heights est au cœur du récit, j’en ai appris sur Prévost qui m’a vu grandir, et sur Lachute qui a vu grandir mes parents. De nombreux passages ont servi de point de départ pour échanger avec eux, partager des souvenirs familiaux et en apprendre plus sur mon patrimoine. Je recommande le livre à tout Laurentien qui souhaite en savoir plus sur son histoire.

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