Les stations éphémères réapparaissent
Par Simon Cordeau
Si vous circulez sur le parc du Corridor aérobique dans les prochaines semaines, vous verrez apparaître de mystérieuses sculptures. Si vous êtes chanceux, vous croiserez peut-être même leurs créateurs à l’oeuvre. Entre Morin-Heights et Amherst, la 5e édition des Stations éphémères rend l’art accessible aux passants jusqu’au 11 octobre.
À six endroits le long du parc linéaire, les artistes laurentiens Marc-André Gendron, Aimé Carrier, Geneviève Mercure, Annie Lord, le duo Marie-Josée Lebel et Jessica Thibault, et Nathalie Morel érigeront des sculptures éphémères. Ils travailleront sur leur oeuvre jusqu’au 31 août. Le public aura ensuite jusqu’au 26 septembre pour voter pour son coup de coeur.
Philippe Laplante, agent de développement culturel et touristique à la MRC des Pays-d’en-Haut, est content de l’engouement des artistes à participer à l’événement. « La MRC des Pays-d’en-Haut et celle des Laurentides partagent un important réseau d’artistes. […] Nous avons reçu 19 candidatures. Les gens connaissent de plus en plus le projet. »
En plus d’égayer les promenades des habitués du parc linéaire, les sculptures uniques attirent aussi de nouveaux visiteurs.
« Ça permet aux gens de découvrir le Corridor aérobique. Ce n’est pas tout le monde qui le connaît », illustre M. Laplante.
Land Art
Les sculptures s’inscrivent dans le land art. Les artistes doivent utiliser le plus possible des matériaux trouvés sur place, dans la nature laurentienne, à quelques exceptions près. « Malgré la contrainte, pour eux c’est un défi », explique M. Laplante. Pour certains artistes, dont Nathalie Morel qui participe à l’événement pour une deuxième fois, il s’agit même d’une inspiration. « J’y ai vraiment pris goût. Exposer dehors, faire une oeuvre avec des matériaux naturels… Ça m’a beaucoup plu comme expérience humaine et artistique », raconte-elle.
Toutefois, ces oeuvres ne sont pas faites pour durer. Mais pour Mme Morel, l’éphémérité de l’art fait la beauté de l’expérience. « Moi, je n’aime pas que ça dure. Dans ma peinture, je démonte mes toiles et je les réassemble. Je travaille beaucoup sur le recyclage, comme la nature. Dans la nature, rien ne se perd, tout se transforme. Tout l’intérêt, c’est que la démarche est non seulement intellectuelle, mais aussi morale. On voit que, finalement, on fait partie de cette nature, et que tout a un cycle : un début, une apogée et une fin. Mais ç’a existé, et ça reste un souvenir », illustre l’artiste de Saint-Sauveur.
Rencontres
Le processus créatif est donc inspiré par la nature laurentienne, mais aussi par les rencontres et les échanges avec les passants. « Quand on monte les sculptures sur le corridor, c’est très plaisant. Les gens passent et sont un peu surpris. Une petite m’a arrêtée et m’a demandée : qu’est-ce que tu fais? Ça suscite la curiosité et ça permet de parler avec toute la famille autour, toutes les générations. Ça rend l’art accessible. Il n’y a pas de barrière, c’est direct », raconte Mme Morel.