Les Nôtres : Marianne Farley, la préoccupation de la portée sociale
Par Daniel Calvé
Marianne Farley a grandi à Sainte-Adèle et étudié à l’école secondaire A.-N.-Morin. Actrice et co- productrice du film Les Nôtres, elle présente aujourd’hui un film-choc sur, entre autres, le déni d’une communauté.
Ce projet, il y a 11 ans qu’il était sur la table. « J’ai commencé à y travailler avec Jeanne Leblanc et Judith Baribeau (comédienne), les co-scénaristes. J’avais le désir de tra-vailler avec ces deux femmes extraor-dinairement talentueuses et de jouer avec Judith, une très grande amie. »
Le film comporte plusieurs thèmes, mais, pour la productrice, il s’agit surtout d’un film sur le déni d’une communauté. « C’est un film qui parle de ces gens qui ont de la difficulté à faire face à la vérité, à se regarder dans le miroir, à faire face à leurs démons intérieurs. Ça parle d’une société qui cache beaucoup. Pour moi c’est un film qui est très contemporain, qui est important aussi, parce qu’avec tout ce qui sort actuellement on se rend compte que souvent la réalité dépasse la fiction. C’est important pour Jeanne pour Judith et pour Benoit Beaulieu (co-producteur) et moi de travailler sur les films qui ont une certaine portée sociale, ce qui nous importe c’est de susciter la discussion », nous explique Marianne Farley.
Son rôle
Le film Les Nôtres relate le parcours d’une adolescente dont le lourd secret va finir par attirer l’attention de tout le village… Marianne Farley tient le rôle d’Isabelle, sa mère. « C’est une femme qui est en mode survie. Elle a perdu son mari lors d’un effondrement dans la ville de Sainte-Adeline et tente par tous les moyens possibles de tenir sa famille à bout de bras. Elle continue d’aider sa fille mais se rend compte que la relation qu’elle a avec elle est très fragilisée, aussi par le passage à l’adolescence. Je trouvais très intéressant de mettre à l’écran des femmes qui sont complexes, imparfaites. La femme n’est pas forcément la sauveuse. On dénonce un silence qui malheureusement est porté par beaucoup de ces communautés-là au Québec et partout dans le monde. Ça prend beaucoup de courage pour faire face. »
Le vie après la nomination aux oscars
« Ça va vite, ça brasse beaucoup. J’avais déjà des projets en chantiers et je pense que cette nomination a peut-être contribué à ce que j’ai du financement, que les choses bougent plus rapidement. Je sens que ça m’apporte beaucoup à plusieurs niveaux, même celui de ma propre confiance par rapport à ce que j’ai le goût de raconter. »
Ces projets parleront-ils d’enjeux de société ? « Oui toujours. C’est très important pour moi. Je suis en train de finir un court métrage sur les droits à l’avortement, une thématique très importante pour moi parce que je suis inquiète sur tout ce qui se passe en ce moment en lien avec ce mouvement de droite extrême qui prend de plus en plus d’ampleur. C’est un retour aux années trente qui fait peur! »
Le cinéma féminin a-t-il une force particulière ? « Je pense que oui. Les hommes et les femmes peuvent explorer le même thème et le point de vue féminin est diffèrent. Il n’est pas nécessairement plus doux mais c’est certain qu’on ne voit pas la vie de la même façon. Je suis convaincue que plus il va y avoir de femmes en cinéma, plus il va y avoir de voix féminines fortes, plus ça va brasser les cartes et plus notre cinéma va devenir fort. Ça va provoquer beaucoup de belles choses aussi pour les hommes en cinéma, ça va stimuler la créativité . »
Étant donné la situation actuelle en lien avec la crise du Covid-19, la Maison 4:3, compagnie de distribution du film, a mis en ligne « Les Nôtres » sur www.boutique.maison4tiers.com et sur vimeo.com/ondemand/lesnotres. Le film est également disponible à partir de cette semaine sur les autres plateformes, illico, Cogéco, Bell et Telus ainsi que sur iTunes. Profitez-en pour l’écouter!