Les Laurentides comme nouveau décor pour Denis Côté
Par Charlier Mercier
Presque l’entièreté du nouveau film de Denis Côté, Un été comme ça, a été tourné dans les Laurentides. Après la fin de son tournage le 10 septembre dernier, le réalisateur reconnu se confie sur son film et sa pratique artistique dans une entrevue exclusive.
Sur les 24 jours qu’a duré le tournage d’Un été comme ça, une vingtaine avait lieu dans les Laurentides. Le film de Denis Côté (Vic+Flo ont vu un ours, Boris sans Béatrice, Hygiène sociale) a principalement été tourné dans un manoir et sur un site de villégiature situés à Prévost, près du lac Écho. Quelques scènes ont également été tournées à Sainte-Marguerite-du-Lac- Masson, à Saint-Sauveur, à Sainte-Adèle et à Saint-Hippolyte.
Dans ce nouveau long métrage de fiction, trois jeunes femmes accablées par des troubles sexuels tentent d’« apprivoiser leurs démons intimes ».
C’est en compagnie d’amis, il y a environ trois ans, que M. Côté s’est demandé si le cinéma québécois était « pudique » et s’il était capable de nommer des films où la sexualité était explicitement le thème central. « J’ai décidé de prendre le sujet au sérieux et de lire sur le thème de la nymphomanie. Ensuite, j’ai dessiné des personnages de femmes complexes et l’idée du sexe ou de la nudité s’est un peu perdue dans la bienveillance pour ces femmes fragiles », raconte M. Côté.
Se détacher des étiquettes
Le réalisateur est reconnu pour ses oeuvres audacieuses qui sortent du cadre. « Je me perds dans ces étiquettes et le qualificatif d’expérimental me colle à la peau. Des jours ça me convient, d’autres non. »
Quel message souhaite-t-il véhiculer par son film ? « Je n’aime pas qu’on me dise quoi penser, qu’on me fasse la morale, qu’on me vende une idée ou qu’on me tienne par la main au cinéma. J’aime l’ambiguïté et je déteste les évidences. À 47 ans, je découvre que je pense tout en sons et en images. Je parle des autres et me cache pour parler de moi. C’est la seule et la plus belle porte de sortie que j’ai trouvée pour m’exprimer. Certains me suivent, d’autres non. Je ne ferai jamais de cinéma de divertissement consensuel. »
Des actrices fortes
Ce qui rend M. Côté le plus fier est la distribution, dont on remarque une forte présence féminine. « J’aime beaucoup mon groupe d’actrices. Elles ont été très courageuses », considère le réalisateur. Josée Deschênes, Larissa Corriveau, Aude Mathieu, la Française Laure Giappiconi et l’Allemande Anne Ratte-Polle incarnent les protagonistes.
Un organisme engagé
« Film Laurentides est très impliqué dans la promotion de la région. Ils savent dénicher les projets et [propose] toujours une quantité impressionnante de lieux », avance M. Côté qui dit bénéficier de leur précieux soutien, notamment pour le repérage des lieux qu’il a commencé dès mars 2019.
« Film Laurentides a été un grand facilitateur », confirme Audrey-Ann Dupuis-Pierre, productrice du film avec Sylvain Corbeil. Le groupe a notamment fait le pont entre les commerçants, les particuliers et les entreprises de la région pour les lieux de tournage et assurer une bonne communication.
Depuis 25 ans, Film Laurentides accompagnent des projets télévisuels, publicitaires et cinématographiques. L’organisme en était à sa première collaboration avec Denis Côté.
En moyenne, les tournages dans les Laurentides génèrent annuellement 5 millions en retombées économiques, touristiques et culturelles, estime Élisabeth Dumouchel, chargée de projets chez Film Laurentides.
Depuis le début de l’année, une quinzaine de longs métrages et de séries ont eu lieu dans les Laurentides, ce qui engendre plusieurs semaines de tournage sur le territoire.
M. Côté espère présenter son film en 2022, dans un festival international de cinéma.
Pour son dernier film, Hygiène sociale, paru en mars dernier, il avait remporté le prix du meilleur réalisateur dans la catégorie Encounters, laquelle récompense des films indépendants et originaux.