(Photo : Courtoisie )
DPillz présente sa chanson « Guérison » qui parle de son cheminement avec la fibrose kystique.

Le rappeur DPillz se sent guérir, sachant qu’il ne guérira jamais

Par Ève Ménard

Michael D. Ahern jumèle l’intervention sociale et la musique pour inspirer la jeunesse. Installé à Saint-Jérôme depuis quelques années, le rappeur, connu sous le nom de DPillz, sillonne les maisons des jeunes, les centres jeunesse et les écoles pour y répandre l’espoir.

En mai dernier, Michael sortait le monoplage Guérison. Le 20 octobre, il présentait le vidéoclip qui accompagne cette touchante chanson. Dans cette ode à l’espoir, il plonge dans son quotidien avec la fibrose kystique. Rencontre avec cet artiste d’exception qui utilise l’art et son métier d’intervenant pour faire le bien dans sa communauté.

Apprendre à vivre avec la maladie

Diagnostiqué aux alentours de sa naissance, Michael D. Ahern grandit avec la fibrose kystique, une maladie génétique qui touche surtout les systèmes respiratoire et digestif. Pour le moment, celle-ci ne peut pas être guérie. Mais grâce aux traitements, l’espérance de vie est passée de 20 à plus de 50 ans entre 1980 et 2016.

Persévérance, toxicomanie, confiance en soi : DPillz a l’habitude d’incorporer des thèmes sociaux à travers sa musique. Le morceau Guérison revêt toutefois une signification particulière. « Ça m’a pris presque 10 ans écrire cette chanson-là. C’est quelque chose que j’avais toujours voulu faire. Mais c’est une chanson très personnelle, j’attendais le bon moment », précise celui qui s’implique également avec l’organisme Vivre avec la fibrose kystique.

Depuis la sortie de la chanson, Michael est particulièrement étonné de son impact. Au départ, le rappeur ne savait pas trop comment la chanson serait reçue dans le milieu du hip-hop. « Autant par son contenu que par sa forme, ce n’est pas une chanson qu’on est habitué d’entendre ». Et pourtant, peu importe où il la chante, dans un évènement communautaire, une levée de fonds, un bar ou un festival, les gens viennent le voir, émus et touchés.

Guérison, c’est le résultat d’un cheminement vers l’acceptation de la maladie. « Je me sens guérir en sachant que je ne guérirai jamais », dit-il. « Quand j’étais plus jeune, la fibrose kystique, c’était quelque chose que j’avais de la difficulté à accepter. J’en avais presque honte. Je n’en parlais pas beaucoup », explique DPillz. Aujourd’hui, son parcours et sa réalité peuvent rejoindre autant ceux qui sont atteints de la fibrose kystique, que tout autre type de maladies. « Les symptômes, les traitements et les médicaments sont peut-être différents, mais peu importe la maladie, on peut se rejoindre dans ce qu’on vit. »

La naissance de deux passions

Adolescent, Michael Ahern écrit ses premières chansons, tout en chérissant le rêve de devenir travailleur de rue. Déjà à l’époque, la musique et l’intervention s’entremêlent. Au cégep, il complète une technique en travail social. Tranquillement, il découvre que ses stages et son travail l’inspirent dans l’écriture de ses chansons. Son métier d’intervenant nourrit sa carrière d’artiste, autant que sa carrière d’artiste nourrit son intervention.

Comme intervenant, Michael fait d’abord du travail de quartier, pour ensuite travailler dans les maisons des jeunes ou les centres jeunesse. Puis, il se dirige vers le secteur scolaire. Actuellement, il travaille à l’école Le Tremplin à Saint-Jérôme, un établissement pour les jeunes avec de graves troubles du comportement.

Le rappeur propose deux projets de conférence aux établissements scolaires ou aux centres jeunesse de la région. Sa conférence Guérison prend la forme d’une conférence-spectacle où il parle de son cheminent et de son quotidien avec la fibrose kystique et chante quelques-unes de ses chansons. Il propose également des ateliers d’écriture pour les jeunes, dans différents milieux. « Je suis toujours étonné de voir comment ils [les jeunes] me surprennent par leur écriture, leur sensibilité, leur création. Ça me permet d’avoir de belles discussions avec ces jeunes-là. Par le biais de l’écriture et de la musique, je les invite à avoir une réflexion sur ce qu’ils ont envie de faire et d’être. Je leur montre que l’écriture, c’est s’exprimer, c’est se libérer. »

L’écriture fait partie du quotidien de DPillz. Ce n’est pas toujours l’écriture de chansons, mais aussi l’écriture de réflexions, de pensées ou des listes de gratitude, qui lui permet de se recentrer, quotidiennement. En parallèle, la création d’un nouvel EP débute pour le rappeur. On devrait entendre de nouvelles chansons d’ici 2024.


La fibrose kystique, en bref

La fibrose kystique (FK) est une maladie héréditaire qui provoque des troubles fonctionnels au niveau d’un groupe de glandes appelées glandes exocrines. Les glandes exocrines produisent normalement des sécrétions claires et fluides. Chez les personnes atteintes de la FK, ces sécrétions sont épaisses et visqueuses. Les troubles provoqués par la FK se situent essentiellement au niveau de l’appareil respiratoire et de l’appareil digestif, en plus d’affecter d’autres systèmes.

Aucun traitement ne permet de guérir les personnes atteintes de la fibrose kystique. Plusieurs traitements permettent toutefois de soulager les symptômes et de prévenir un grand nombre de complications.

Sources: Vivre avec la fibrose kystique et Gouvernement du Québec.

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