L’authentique Varda Étienne, assumée plus que jamais
Par Sandra Mathieu
Entrevue
Mère de trois enfants, amoureuse, journaliste, animatrice, femme d’affaires, ambassadrice et auteure, Varda Étienne a du pain sur la planche. Elle ne le cache à personne, elle partage également son quotidien avec un défi de taille : la maniaco-dépression et la bipolarité. Incursion dans l’univers d’une Maudite folle!
Avec tous les chapeaux que tu portes, l’équilibre pour toi, ça signifie quoi ?
Je compartimente chaque aspect de ma vie. Quand la caméra n’est pas allumée, je suis avant tout la mère de trois enfants. Aussi, je suis une lève-tôt, ma journée commence à 4 h, mon organisme est ainsi fait. Par contre, tout le monde sait qu’entre midi et deux, il ne faut pas me chercher, je fais la sieste! De plus, j’apprends tous les jours comme femme d’affaires, mais chaque chose en son temps. Par exemple, la fin de semaine, je ne suis pas une femme d’affaires.
Quels sont tes petits plaisirs de la vie, tes péchés mignons ?
Quand j’arrive dans une pâtisserie, je suis comme une alcoolique à la SAQ; je me gave littéralement. J’adore assister à des matchs de soccer, je raffole des sacoches Louis Vuitton, je me fais masser régulièrement et je conduis des voitures de luxe… je fais des choix dans la vie pour pouvoir me payer des petits plaisirs! Je suis également une épicurienne; j’adore cuisiner et recevoir.
Qu’évoque vieillir pour toi ?
La beauté de vieillir, c’est toute la sagesse qu’on acquiert. Je n’éprouve aucune jalousie envers les femmes plus belles et plus jeunes que moi. Je fais plus de 6 pieds avec des talons et je suis consciente que je suis très privilégiée. Quand j’étais jeune, je portais du 0-2. Aujourd’hui, j’habille du 10 et j’adore mes courbes, je me trouve magnifique. Je me sens bien, je n’ai pas de complexe et mon mari m’aime comme je suis, et c’est avec lui que je couche, donc c’est ce qui m’importe!
As-tu des souvenirs clairs des moments de ta vie qui ont forgé celle que tu es :une femme assumée et authentique qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense ?
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été comme ça. J’ai fait 10 ans de théâtre et ensuite, soit j’allais dans les communications ou soit avocate. J’ai toujours été exubérante. Plus je vieillis et moins j’ai de filtre. Quand j’ai perdu mon micro, je n’étais pas anéantie. C’est le prix à payer lorsqu’on assume ses propos et ses prises de position avec conviction.
Au fil des années sur la place publique, comment a évolué ta réaction face à la critique?
Il y a deux genres de personnes, ceux qui m’adorent et ceux qui me haïssent. Avant, ça me dérangeait, mais maintenant, je me dis qu’il faut être tellement malheureux pour se cacher derrière un écran et écrire à quelqu’un qu’on ne connaît pas et juger ses faits et gestes. La critique que je prends le plus au sérieux, c’est celle de mes enfants.
Quel est le message le plus important que tu aimerais laisser à tes enfants?
C’est l’importance du respect de soi et des autres. Quoi qu’il arrive dans la vie, il ne faut jamais accepter de se dénaturer. Il y a juste une version de nous-même et on se doit d’être authentique. Bien sûr, il y a des règles de société qu’on n’a pas le choix d’accepter, mais personne ne devrait nous dicter comment on doit penser et agir.
Peux-tu me parler de la Fondation Revivre?
Après l’accouchement de ma fille, j’ai eu un down monumental. J’ai décidé d’appeler Guy Latraverse (de la Fondation Revivre, un organisme qui soutient les personnes souffrant de maladie mentale) et il m’a dit « Je vais t’arranger ça ». Je suis reconnaissante et loyale de tout ce qu’il a fait pour moi. Pour chaque livre vendu et les produits de ma gamme de cosmétiques, je remets un montant à la Fondation Revivre. C’est une cause qui me touche de près et c’est important que la maladie mentale soit prise au sérieux et prise en charge.
Selon toi, la maladie mentale est-elle encore tabou?
On vit encore beaucoup dans une société de jugement, parce que ce n’est pas aussi visible que d’autres problèmes de santé. Moi, je suis malade mentale à vie et je l’accepte. Je reste optimiste et j’ose croise qu’on va en parler de plus en plus, avec vérité et ouverture, sans en avoir honte, car ce n’est pas un choix.
Personnellement, il y a des côtés de la maladie que j’aime. Je deviens créative et vive, j’ai tellement de guts. Quand j’ai des crises, je les laisse me traverser, je vis la souffrance en me disant et en sachant que ça va passer et que ce n’est pas la première ni la dernière fois que je pleure. J’ai développé une certaine sagesse au fil des ans.
Quels sont tes projets du moment?
Je célèbre la première année de VKosmetik. Je suis impressionnée de tout ce que ma partenaire d’affaires et moi avons réussi à accomplir en un an. En ce moment, je ne suis pas du tout dans l’écriture, mais peut-être que je le serai en juin, qui sait? Par contre, quand je m’y mets, les idées déboulent et j’écris très vite. C’est une réelle passion, entre autres parce que personne ne peut me museler dans mes écrits.