Jean-François Beauchemin, une réflexion à la fois
Par Ève Ménard
Jean-François Beauchemin n’a que 13 ans lorsqu’il annonce à ses parents qu’il deviendra écrivain. Malgré des études dans le domaine des lettres, ça lui prendra une quinzaine d’années avant d’en faire un métier à part entière.
Entre temps, il devient notamment réalisateur à Radio-Canada pendant 12 ans. En parallèle, il continue d’écrire. Puis, en 2004, il est atteint d’une grave maladie et passe plusieurs semaines dans le coma. Au terme de cette expérience, il quitte Radio-Canada et se consacre à temps plein à l’écriture. Aujourd’hui, il a publié plus d’une vingtaine de livres. Celui qui a habité 20 ans à Sainte- Anne-des-Lacs et qui réside maintenant à Sainte-Adèle accueille sa nomination au prix Claude Henri-Grignon avec humilité et reconnaissance.
Fascination pour les mystères de la vie
Enfant, Jean-François Beauchemin est déjà habité par une curiosité sans fin pour ce qui l’entoure. « J’avais un sens du mystère assez développé. Jeune, je posais des questions à mes parents sur la vie, la mort, la joie, la nature. Je pense que je suis nez comme ça; avec un sens de l’observation assez poussé », se rappelle-t-il. Cette curiosité transparait encore aujourd’hui dans le travail de Jean-François Beauchemin, dont le coeur de l’oeuvre porte avant tout sur l’être humain. « À mon avis, c’est le grand sujet d’intérêt. »
Dégager du sens par les mots et créer de la beauté : ce sont les objectifs qui guident l’auteur. Ce dernier perçoit l’écriture comme étant au carrefour de plusieurs disciplines artistiques : musique, peinture, danse. Il travaille son style à la manière du danseur, ajoute de la couleur comme le peintre et met du rythme tel un musicien.
Un nouveau livre en librairie dès le 15 septembre
Dès le 15 septembre, on retrouvera en librairie le plus récent livre de Jean- François Beauchemin : La source et le roseau. Dans ce 25e livre, l’auteur entremêle le souvenir de son chien à celui de ses parents, tous entrés dans la mort. « Alors que le rythme effréné de la vie prend trop souvent le dessus, La source et le roseau interroge l’âme humaine et nous invite à doucement réfléchir à notre existence et à tous ces moments marquants qui la remplissent », peut-on lire dans le communiqué de presse.
Souvent à cheval entre la fiction et la réalité, son écriture offre des réflexions sur les mystères de la vie – l’amour, les relations, la nature, la vie, la mort, la vieillesse, l’enfance – sans jamais prétendre détenir la vérité. Je ne prétends pas apporter de réponses. Ce serait prétentieux de le faire, car en réalité, je n’en sais rien. Ce qui est intéressant selon moi, c’est de chercher, d’observer et de ressentir. Avec mes livres, c’est ce que je fais. C’est un ramassis de notes que je construis habillement avec des mots », précise l’écrivain.
« Il y a une femme en moi »
Bien que Jean-François Beauchemin n’offre pas du divertissement pur, mais plutôt des réflexions à tendance philosophique, sociologique ou même psychologique, les lecteurs sont toujours au rendez-vous. L’auteur en est le premier surpris. Il note que son lectorat est très majoritairement composé de femmes.
Sans vouloir entrer dans les clichés, Jean- François Beauchemin a son hypothèse pour expliquer cette tendance : il a une femme en lui et ça transparait dans son écriture. « J’ai une sensibilité féminine très poussée. Je ne suis pas homosexuel. Je n’ai jamais eu de pulsions en ce senslà, mais il y a une femme en moi que je n’ai jamais fait taire. Au contraire, je l’ai toujours écoutée parce que je trouve que c’est le côté intéressant chez moi. »
Ainsi, Jean-François Beauchemin donne à ses personnages, qu’ils soient féminins ou masculins, un très haut degré de sensibilité. « Il y a de la beauté dans le fait que dans une même personne, il y ait à la fois un homme et une femme, un enfant et un vieillard. Moi, c’est comme ça que je me sens. Je comprends le petit enfant et je comprends le vieillard. Je comprends l’homme macho et je comprends la femme sensible. » Son écriture et les thèmes qu’ils abordent se retrouvent donc au carrefour des multiples facettes qui l’habitent, créant un résultat magnifique et nuancé.