Jean Carrière, s'en sortir malgré tout

Par Lpbw

Jean Carrière a écrit le récit de sa vie. Jeune homme originaire du Rwanda et de Lachute, Le journal de Ziragobora retrace les années de 1994 à 1999 alors qu’il fut livré à lui-même, ballotté d’orphelinat en orphelinat. À travers ce récit il veut surtout témoigner que l’on peut s’en sortir et partager la chance qu’il a eue dans le cauchemar de ce début de vie au Rwanda.

Il parle de la violence des relations, des décisions, des soins et des conditions de vie qu’il a subie entre 5 et 9 ans. Le livre est sorti en novembre dernier en France au Québec en Mars.

De la chance dans la malchance

Jean carrière alias Ziragobora, un nom donné dans un orphelinat voulant veut dire protégé des dieux, porte maintenant le nom de sa famille adoptive. A dix ans environ, il arrive au Canada, en 1999 , recueilli par la famille Carrière qui l’attendait suite au génocide du Rwanda.

«J’ai vécu à Lachute et je suis venu à l’école à Saint-Jérôme quand j’étais jeune. J’ai étudié à Cap Jeunesse et à l’école alternative la Fourmilière. Après, je suis allé à Montréal Ce livre relate son enfance au Rwanda et le génocide vécu par un enfant, vécu avec la naïveté et l’innocence « et ce que j’ai vu dans cette période-là, explique le jeune auteur de 25 ans. Dans l’orphelinat où ce n’était pas très «joli joli».

En même temps en grandissant je me suis aperçu de tout le travail, tout l’effort qui a été mis en moi pour m’amener au Québec. Ça a été assez laborieux comme travail. C’est la chance que j’ai eue; je me suis démarqué malgré mes malheurs pour être sauvé et pour avoir une meilleure vie et réussir!» Jean Carrière estime avoir eu beaucoup de chance malgré sa malchance «et ça valait la peine que je l’exprime.

C’est aussi une façon de remercier pour la gentillesse des gens parce que malgré tout ce qui se passe dans ce genre de conflit, il y a des gens qui sont bons qui travaillent en silence pour faire un monde meilleur.»

Et c’est précisément ce qu’il veut apporter, que malgré tout ce qu’il a vécu dans ce génocide, «il y en a qui n’ont pas pu survivre parce que c’était trop lourd à porter comme douleur », il a réussi a bien s’en sortir et «ce que je veux apporter, est que malgré les difficultés on peut vivre. Si on les surpasse, on réussit mieux. C’est pour cette raison que ça valait la peine d’écrire ce livre!»

Oublier le passé

« Jusqu’ à 10/12 ans j’ai vécu au Rwanda, ce n’est pas un pays qui me fait peur et je n’aurai pas peur d’y aller. C’est un très beau pays malgré le génocide et les massacres. L’aspect politique, je ne leconnais pas et ça ne m’intéresse pas de le comprendre. J’ai assez souffert à cause de ça. Je veux passer à autre chose et vivre. C’est ce qui est important et qui va faire la différence.» Sa famille est morte. «Dans les orphelinats, ils l’ont cherché, mais n’ont pas pu la trouver. » Jean Carrière a vu au Québec les deux films concernant le Rwanda : «ces films-là ce n’est rien à côté de la réalité, l’histoire est là, mais la réalité n’est pas toujours là ou ne corresponds pas à la réalité de ceux qui l’ont vécu.» L’important pour l’auteur est d’oublier le passé. «Présentement je suis à Montréal j’étudie. J’ai terminé mes études en comptabilité et je continue d’autres études dans le même domaine et j’ai accompli d’autres réalisations comme être pilotes d’avion. C’est un défi que je me suis donné pour me prouver que j’étais capable de réussir. J’ai réussi et j’en suis fier!»

Avoir un but, un rêve

.Tout jeune enfant, vers 5 ans, Jean Carrière a subi de graves sévices. «Avec les opérations que j’ai eues à Sainte-Justine ça a changé, mais avant c’était tout à l’intérieur, c’est brule. À l’orphelinat on m’a dit qu’on m’avait attaché mis de l’essence et mis le feu. »

Malgré tout, le message le plus important que Jean veut passer est qu’on peut s’en sortir «en ayant des buts dans la vie et un rêve; en pensant toujours en avant et non dans le passé. Toujours penser à ce que je peux améliorer, ce que je peux réussir, ce que j’ai envie de faire dans le futur et non rester dans le passé. Pour moi c’est ce qui fait en sorte que je peux vivre. Je veux réussir par me propres moyens!»

Quand il est arrivé au Québec, Jean a bénéficié d’aide psychologique. «J’ai été suivi par un psychothérapeute qui m’a aussi aidé à parle le français. Parler du Rwanda, de mon histoire, m’a aidé à me libérer tranquillement parce que j’enfouissais tout. »

Passer le message dans les écoles

Le jeune auteur a envie de faire des conférences dans les écoles pour sensibiliser les jeunes qui vivent de la violence. «J’en ai vécu et je peux dire qu’il y a pire et qu’on peut en sortir. La violence il y en a partout, on ne peut la rayer, mais donner des outils pour s’en sortir. L’intimidation, il y en a qui s’enlève la vie à cause de ça, mais à mon avis ils n’ont pas eu les outils pour s’en sortir. On dirait que ces jeunes sont prisonniers dans le silence et il faut qu’ils sortent de ce silence-là. Ils s’enferment et ne savent pas exprimer ce qu’ils ressentent.»

Entre avril et juillet 1994, quelque 800 000 hommes, femmes et enfants, principalement Tutsis, ont été massacrés au Rwanda.

Jean carrière sera à la Librairie Renaud Bray de Saint-Jérôme, le samedi 8 juin prochain, séance de signatures de 13 h à 17 h

Jean Carrière – Le journal de Ziragobora – Éditions Amalthée

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