Portraits d'Émile Nelligan par Jacques Charbonenau.

Jacques Charbonneau évolue avec les époques

Par Marie-Catherine Goudreau

Le Conseil des arts et des lettres du Québec, en collaboration avec Culture Laurentides, a remis le prix Artiste de l’année dans les Laurentides à Jacques Charbonneau. L’artiste visuel de 79 ans s’est démarqué tout au long de sa carrière en initiant notamment le mouvement Recycl’Art. Je l’ai rejoins en avant-midi, alors qu’il était dans son atelier en train de travailler. « C’est le matin que je travaille, c’est le moment où j’ai le plus d’idées. La nuit porte conseils », dit-il au bout du fil.

Isabelle Gagné vice-présidente de Culture Laurentides, Jacques Charbonneau et Véronique Fontaine directrice du soutien aux organismes de création et de production au Conseil des arts et des lettres du Québec.

Pionnier du recycl’art

L’impératrice, de Jacques Charbonneau.

Jacques Charbonneau est connu pour être l’initiateur de l’électrographie et du mouvement Recycl’art au Québec. Il travaille principalement avec des photocopieurs pour créer ses oeuvres, à partir de matériel déjà utilisé. En 1982, il crée le Centre Copie-Art, « un véritable laboratoire voué aux explorations en nouvelles technologies », lit-on dans sa biographie. Il y invite des artistes à venir découvrir ce nouveau médium.

En 2004, il fonde le Centre d’art contemporain de l’Outaouais (CACO) et organise le Festival du Recycl’Art de Montpellier. Cet événement regroupe de nombreux artistes canadiens annuellement. Plus tard, en 2020, l’artiste fonde Nature et Tradition, un organisme culturel régional dans Argenteuil. Il y dirige le Sentier des arts de la Rivière Rouge.

Si les technologies ont évolué au fil des années, Jacques Charbonneau a suivi les nouveautés sans laisser tomber son style. « Je me suis toujours laissé aller dans le courant avec les nouvelles technologies. Je cherchais à modifier mon processus de travail. J’ai toujours été multitechnique », souligne-t-il.

La découverte de Mac Miller 

Récemment, il a produit une oeuvre sur Mac Miller. Le rappeur est décédé d’une overdose en 2018, à l’âge de 26 ans. Jordanne, la fille de M. Charbonneau, a réalisé un documentaire sur la vie de cet artiste. Ensemble, ils se sont rendus dans la ville d’origine de Mac Miller à Pittsburg, où l’artiste a réalisé une série de portrait du rappeur en encre de chine.

Portraits en encre de chine de Mac Miller.

« Je ne connaissais pas du tout sa musique. Quand je travaillais sur ces créations, je mettais ses chansons et ça m’inspirait. Vous savez, à 79 ans, quand on entend du rap, souvent, on change de poste. Mais je voyais qu’il avait du potentiel. Il s’exprimait et vivait sa vie par sa musique et ses mots », explique-t-il. C’est sa fille qui l’a convaincu de l’accompagner dans la ville natale du rappeur pour exposer ses oeuvres.

Même après une carrière remplie d’accomplissements, Jacques Charbonneau est encore à la recherche de nouveautés. « Je travaille parce que la création, c’est ma passion. J’aime découvrir quelque chose de nouveau. Si c’est répétitif, je me tanne. Il me faut des projets qui m’amènent ailleurs », dit-il.

La Galerie d’Art Alphonse-Desjardins à Tremblant a d’ailleurs approché l’artiste pour une exposition à l’été 2023. Celle-ci sera à la fois à l’intérieur, dans le domaine électrographique, et à l’extérieur, avec des sculptures.

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